La semaine dernière, toujours aussi beau de dignité, le Petit Prince fêtait son anniversaire. Né le 6 avril 1943 sous les traits de crayon et la plume de Saint Exupéry, ce conte reste le temple de la conscience de l’Humanité. Et l’ouvrage le plus vendu après la Bible…
Résultat, plus de 134 millions d’exemplaires circulant, depuis, sur la planète en 220 langues entre les mains de mères, de pères, d’enfants et de tout un tas d’êtres humains qui ont encore une âme. Beaucoup sans doute ont lu, lu et relu cette histoire. Car il faut voyager plusieurs fois avec le Petit Prince, généreux et philosophe, pour saisir toute la finesse de son message de paix et d’amour.
De Lettre à un otage au Petit Prince, des titres lourds de sens
Ainsi, par ce week-end gris d’avril 2013, il m’a émue à nouveau, ce petit prince, ce grand monsieur… Pas étonnant, son auteur Antoine de Saint-Exupéry en était un. Pendant ses études, il avait certes plus brillé en science qu’en littérature. Mais c’est bien ce savant aviateur devenu journaliste et romancier qui a écrit la vie du petit prince et l’a illustrée de tendres aquarelles.
Quel lecteur croirait, transporté par cette œuvre aérienne et éternelle, que les ailes de son personnage ont poussé dans le chaos de la seconde guerre mondiale ? Le petit prince est né à New York, lorsque Saint-Exupéry se faisait l’une des voix de la résistance et l’une de ses plumes jusque dans ses romans. Le pilote surnommé Pique La Lune (pour son côté rêveur et son profil) en avait déjà publié plusieurs à caractère autobiographiques : Courrier Sud, Pilote de guerre, Vol de nuit, Terre des Hommes, Citadelle, Lettre à un otage…
Récompensé par plusieurs prix littéraires, dans ses récits imprégnés de la barbarie et de l’absurdité de la guerre, la rage au ventre de récupérer une liberté volée, l’homme évoque ses voyages, ses émotions, ses doutes, ses expériences, ses blessures, ses idéaux. On perd sa trace lors d’une mission au-dessus de la Méditerranée le 31 juillet 1944. On la retrouve au large de Marseille en 1998, près de l’île de Riou. Lorsqu’il tire son chalut, un pêcheur remonte de la mer un trésor, la gourmette de l’aviateur abattu en plein vol !
En 2000, Luc Vanrell, plongeur découvreur d’épaves et responsable scientifique de la grotte Cosquer, trouve cette fois les restes de son avion. Il en parlait dans le numéro 2 de Plongeur.com (à télécharger ici, pour lire son témoignage et les 121 pages aux sujets, titres, encadrés choisis et illustrés à la Saint-Exupéry par un poète moderne de la conception éditoriale). Aujourd’hui, le message de l’humaniste n’a pas pris une ride : du papier à l’Internet, son cri pour la paix raisonne avec la même intensité, la même justesse, la même sagesse.
Quelques extraits du livre :
« J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara il y a 6 ans.
Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparais à essayer de réussir tout seul une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour 8 jours. Le premier soir, je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait : « S’il vous plaît… dessine-moi un mouton»
« Ce qui embellit le désert, dit le petit prince, c’est qu’il cache un puits quelque part… »
« - Hem ! Hem ! Dit le roi, je crois bien que sur ma planète, il y a quelque part un vieux rat. Je l’entends la nuit. Tu pourras juger ce vieux rat. Tu le condamneras à mort de temps en temps. Ainsi, sa vie dépendra de ta justice. Mais tu le gracieras chaque fois pour l’économiser. Il n’y en a qu’un.
- Moi, répondit le petit prince, je n’aime pas condamner à mort, et je crois bien que je m’en vais. - Non, dit le roi… » « - Et à quoi cela te sert-il de posséder les étoiles ? [le petit prince] - ça me sert à être riche. [le businessman] - Et à quoi cela te sert-il d’être riche ? - A acheter d’autres étoiles, si quelqu’un en trouve… - Comment peut-on posséder les étoiles ? - A qui sont-elles ? Riposta, grincheux, le businessman. - Je ne sais pas. A personne. - Alors, elles sont à moi, car j’y ai pensé le premier. - ça suffit ? - Bien sûr. Quand tu trouves un diamant qui n’est à personne, il est à toi. Quand tu trouves une île qui n’est à personne, elle est à toi. Quand tu as une idée le premier, tu la fais breveter, elle est à toi. Et moi, je possède les étoiles puisque jamais personne avant moi n’a songé à les posséder. - ça, c’est vrai dit le petit prince. Et qu’en fais-tu ? - Je les gère. Je les compte et je les recompte, dit le businessman. C’est difficile mais je suis un homme sérieux !
Le petit prince n’était pas satisfait encore.
- Moi, si je possède un foulard, je puis le mettre autour de mon cou et l’emporter. Moi, si je possède une fleur, je puis cueillir ma fleur et l’emporter. Mais tu ne peux pas cueillir les étoiles ! - Non, mais je puis les placer en banque. - Qu’est-ce que ça veut dire ? - ça veut dire que j’écris sur un petit papier le nombre de mes étoiles. Et puis j’enferme à clef ce papier-là dans un tiroir. - Et c’est tout ? - ça suffit ! - C’est amusant, pensa le petit prince. C’est assez poétique. Mais ce n’est pas très sérieux.
Le petit prince avait sur les choses sérieuses des idées très différentes des idées des grandes personnes. - Moi, dit-il encore, je possède une fleur que j’arrose tous les jours. Je possède trois volcans que je ramone toutes les semaines. Car je ramone aussi celui qui est éteint. On ne sait jamais. C’est utile à mes volcans et c’est utile à ma fleur que je les possède. Mais tu n’es pas utile aux étoiles…
Le businessman ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre… »
« Le renard revint à son idée.
- Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaitrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois là-bas les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé… … - Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. - L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir. - C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante… »
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Le message intemporel du Petit Prince Par Caroline Lepage