À quoi doit-on la première glaciation sur Terre ?
La première glaciation a eu lieu voilà 2,5 milliards d'années, mais
depuis le Quarternaire, le climat oscille continuellement, alternant
période glaciaire et interglaciaire. L'image est une vue d'artiste du
dernier grand maximum glaciaire.Pourquoi une glaciation – la première – est-elle survenue il y a 2,3 milliards d’années ? La Terre recevait moins d'énergie du Soleil mais l’atmosphère, riche en gaz à effet de serre,
devait la maintenir suffisamment chaude pour que la glace reste. L’un des principaux facteurs ayant contribué à l'extension de la couverture de glace serait l’expansion de la croûte continentale, qui joue un rôle essentiel dans le cycle du carbone.La
Terre s’est formée voilà 4,6 milliards d’années, mais la première
glaciation a eu lieu 2,3 milliards d’années plus tard. À l’origine pourtant, la planète ne recevait du
Soleil encore jeune que 75 % du rayonnement solaire actuel, c'est-à-dire 1.000 W/m
2 contre 1.368 W/m
2 aujourd’hui. Le faible ensoleillement était probablement compensé par une atmosphère primitive chargée en
dioxyde de carbone, qui renforçait ainsi l’
effet de serre. On ne sait pas précisément pourquoi la première glaciation est intervenue à cette période, mais elle serait de nature géologique et étroitement liée à la
tectonique des plaques.
En
Australie, une équipe de recherche anglo-française a découvert des grains de
quartz renfermant de petites bulles d’eau qui pourraient bien fournir des indices sur ce qui a causé le premier
âge glaciaire. Les roches ont emprisonné l’eau il y a 3,5 milliards d’années, leur composition peut donc donner quelques informations sur la
composition de l’atmosphère archéenne. Les chercheurs se sont en particulier intéressés au rapport de concentration de deux
isotopes de l’argon. Celui-ci leur a permis de déterminer qu’à cette époque géologique, la
croûte continentale était déjà bien établie, représentant la moitié de la surface de la croûte actuelle.
Les grains de quartz découverts par l'équipe anglo-française
proviennent de la région de Pilbara, en Australie occidentale. Cette région abrite le parc national de Karijini (ici en photo) qui est le deuxième plus grand parc de la partie occidentale du pays.La
croûte continentale joue un rôle majeur dans le climat. La position des continents modifie l’
albédo de la planète, et donc la quantité de rayonnement solaire reçu sur Terre. En outre, la croûte intervient dans le
cycle du carbone. Le
dioxyde de carbone de l’atmosphère est dissous et acheminé jusqu’à la surface terrestre par les
pluies acides.
Le gaz dissous réagit et se retrouve piégé dans les roches carbonatés, comme le
calcaire. Donc, si 3,5 milliards d’années auparavant, la croûte continentale occupait déjà 50 % de la couverture actuelle, on peut envisager qu’elle ait joué un grand rôle dans le
stockage du gaz carbonique.
Les secrets de l’argon sur l’histoire de la TerrePubliée dans
Nature, l’étude est basée sur le rapport de concentration entre les isotopes
40Ar et
36Ar de l’argon que renfermaient ces fameuses gouttes d’eau. Les isotopes de
ce gaz rare sont de bons traceurs des échanges entre la croûte
continentale et l’atmosphère. L’isotope
36Ar est un élément primaire, et a été dégazé en masse du
manteau très tôt dans l’
histoire de la Terre.
En revanche, l’isotope
40Ar était en concentration négligeable durant la
période d’accrétion, il est produit par la désintégration du potassium (K). À l’heure actuelle, le
40Ar est l’isotope d’argon le plus abondant, et le rapport
40Ar/
36Ar est de 298,6. Dans les bulles d’eau découvertes dans le quartz, ce rapport était de 143 ± 24.
Une telle différence ne peut s’expliquer que par une
émission graduelle de l’isotope
40Ar des roches ou du
magma de la croûte vers l’atmosphère, et constitue par là un excellent marqueur d’évolution de la croûte terrestre.
« Les signes de l'évolution de la Terre dans un passé aussi lointain sont extrêmement rares, seuls des fragments de roches très altérés et modifiés ont été découverts. Trouver un échantillon d’argon atmosphérique est remarquable et représente une percée dans la compréhension des conditions environnementales sur la Terre avant l'apparition de la vie », commentait
Ray Burgess, l’un des membres de l’équipe.
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