SpaceX, qui a terminé l’assemblage du prototype du futur système de transport spatial Starship, a profité de l’occasion pour faire le point sur l’état d’avancement de ce programme hors norme. Elon Musk avait donné rendez-vous samedi au pied du prototype MK1.
Souvenez-vous : le 28 septembre 2008, SpaceX réussissait le premier lancement d’un satellite par une société privée et entrait dans l’histoire de l’astronautique. Ce jour-là, un Falcon 1 mettait en orbite RatSat, un satellite inactif de 165 kilogrammes utilisé comme simulateur de masse lors du quatrième vol de ce lanceur, après trois échecs. Onze ans plus tard, SpaceX est devenu un acteur majeur de l’accès à l’espace et a révolutionné le transport spatial comme aucune autre entreprise privée ou publique ne l’avait fait dans des délais aussi courts. SpaceX a été créé en 2002 ! Samedi soir, sur son site de Boca Chica, au Texas, qui fait office de centre d’essai et bientôt de base spatiale, Elon Musk a fait le show, comme à son habitude et pour le plus grand bonheur de ses fans. Il a célébré cet anniversaire mais aussi la fin de l’assemblage du MK1, l’un des deux prototypes du Starship (le deuxième est en construction en Floride). Pour l’occasion, un étage récupérable du Falcon 9 avait été mis à côté afin de se faire une idée de la différence de taille entre les deux lanceurs. Ce MK1 devrait réaliser un premier vol d’essai dans quelques semaines et un vol orbital d’ici seulement six mois. Elon Musk a également annoncé que, si tous ces essais se déroulent bien, un « premier vol habité est prévu dans le courant de l’année 2021 » et que le vol habité autour de la Lune du japonais Yusaku Maezawa et sa bande d’artistes est « toujours prévu pour 2023 ». Évoquant le Starship, Musk a précisé que ce futur véhicule spatial « était le meilleur moyen pour coloniser Mars » et qu’il prévoit toujours une mission cargo vers Mars d’ici 2022, et une mission avec équipage en 2024 avec des dizaines de personnes à bord et plusieurs tonnes de matériel. Le pari audacieux de SpaceX Dévoilé lors du Congrès de l’Union astronautique internationale qui s’est tenu à Mexico en 2016, le Starship s’appelait alors l’Interplanetary Transport System, également connu sous le nom de Mars Colonial Transporter quand il était encore à l’état d’étude. Par la suite, ce véhicule changera de nom à deux reprises. Il sera renommé en BFR, que certains ont traduit par « Big Falcon Rocket », et d’autres par « Big Fucking Rocket ». En novembre 2018, Musk le débaptise une nouvelle fois (la dernière ?) et le rebaptise Starship. À chaque nouveau nom, le projet est remanié et subit un lifting qui concerne l’architecture du véhicule au niveau de la taille, de la performance et du nombre de moteurs notamment. Dans sa dernière version, Starship désignerait le véhicule de transport spatial et l’étage supérieur du lanceur. L’étage principal de la fusée, c’est-à-dire le booster nécessaire pour échapper à l’attraction terrestre, s’appellera « Super Heavy ». Dans sa version habitée, il sera capable de transporter une centaine de passagers à destination de Mars — ou d’horizons encore plus lointains — en étant capable d’atterrir en rétro-propulsion. Ce futur véhicule, haut de 118 mètres, sera construit en acier inoxydable et inox, un choix intéressant pour sa réutilisabilité mais qui n’est pas nouveau. Les premiers étages des lanceurs Ariane 1, 2, 3 et 4 étaient également construits avec ces deux matériaux. L’étage supérieur utilisera six moteurs Raptor tandis que l’étage principal en compterait jusqu’à 37. Le nombre de moteurs utilisé dépendra de la mission, ce qui signifie qu’il pourra varier d’un vol à un autre. D’après Elon Musk, chaque mission nécessiterait probablement au moins 24 moteurs. Le Raptor est un moteur très ambitieux dans sa conception et bien plus compliqué pour SpaceX à mettre au point que le moteur Merlin qu’utilisent avec succès les lanceurs Falcon 9 et Falcon Heavy. Il faut savoir que le Merlin est un moteur pré-développé par la Nasa, dérivé du X-43. Pour répondre à ses besoins, SpaceX l’a fait évoluer très progressivement avec une dizaine de versions différentes. À la différence du Merlin, qui fonctionne avec un mélange de kérosène et d’oxygène liquides, le Raptor utilise de l’oxygène et du méthane liquides, un mélange d’ergols dont la combustion n’est pas complètement maîtrisée. Si, dans l’ensemble, ce système de transport spatial est techniquement crédible, quelques points durs persistent. Ils concernent essentiellement la récupération des deux étages, notamment l’étage supérieur annoncé comme très « challenging », tout comme le choix d’une coiffe qui s’ouvre et se referme. Concernant le bouclier thermique, perforé de petits trous, il s’agit d’un choix technologique inédit pour un équipement de retour d’orbite. Cela dit, là où le bât blesse, c’est son utilité. Bien qu’il soit annoncé comme le futur système de transport spatial à tout faire de SpaceX qui, selon Elon Musk, pourrait réduire le coût des vols spatiaux de 100 à 1.000 fois en étant pleinement réutilisable, ce n’est évidemment pas tous les jours que SpaceX va signer des contrats commerciaux pour lancer 100 tonnes en orbite basse. À cela s’ajoute que, si demain, il existe un marché de cette nature, il ne fait guère de doute que New Glenn mais aussi ArianeGroup se positionneront. Certes, ce lanceur est censé remplacer la gamme des lanceurs Falcon, les capsules Dragon de transport d’astronautes et de ravitaillement ainsi que du transport terrestre de point à point en volant dans l’espace. Mais il n’est pas certain que cela suffise à le rentabiliser. C’est pourquoi SpaceX pousse la Nasa à se servir de son Starship en lieu et place du SLS. À suivre donc.
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Elon Musk fait l’éloge de Starship et promet la Lune et Mars (vidéo) By Jack35