À l'écoute : le chant du rorqual enregistré par un sismomètre[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le rorqual commun peut atteindre jusqu'à 27 m en Antarctique mais il
mesure en moyenne 20 m. Victime de la surpêche, ce cétacé a été mis sous
la protection de la Commission baleinière internationale en 1966, mais le moratoire sur la prise commerciale a tardé à venir, puisqu'il a été établi seulement en 1982. Difficile d’étudier le comportement des rorqualscommuns, ces cétacés gigantesques qui ont une fâcheuse tendance à entrer en collision avec nos navires. S’il est impossible de les suivre à la trace par bateau, les sismomètres sous-marins semblent être une bonne alternative pour les géolocaliser et analyser leur comportement.Le rorqual commun est le deuxième plus gros animal au monde. On peut le trouver dans toutes les mers du globe, pourtant c’est l’un des
cétacés les plus méconnus de l’Homme. Par sa taille, et probablement en raison des
courants marins, dans certaines zones du monde, le risque qu’il entre en collision avec des bateaux navigant à grande vitesse est important. L’
espèce est classée par l’
IUCN(
Union internationale pour la conservation de la nature) comme menacée d’extinction. Dans ce contexte, comprendre le comportement migratoire et la nage de ces géants des mers devient impératif pour sa sauvegarde.
Repérer, suivre et étudier le comportement du
rorqual commun en continu relève du défi. L’Homme n’est pas adapté au milieu océanique, et les moyens techniques sont limités. Mais, des
océanographes de l’université de Washington à Seattle ont eu l’idée de se servir de
sismomètres sous-marins placés au fond des océans, utilisés pour étudier le
chant des baleines. Le chant des rorquals ne ressemble en rien au
chant des baleines à bosse, il n’est pas mélodieux. Or, ces cétacés émettent un son long et puissant, de
l’ordre de 17 à 35 Hz. Cette fréquence recouvre la fréquence enregistrée par les sismomètres.
Au cas ou le son du rorqual ne serait pas "audible" voir ici : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
À l’origine, les
capteurs sismiques ont été placés au niveau de la
dorsale Juan de Fuca, à près de deux kilomètres des côtes de Seattle, une zone sismiquement active et donc à surveiller. Voilà dix ans que les sismomètres sont installés, et ce sont les premiers à avoir fourni des enregistrements continus de l’
activité sismique sous-marine. Or, comme les rorquals émettent à la même fréquence, ces capteurs sismiques ont régulièrement enregistré le bruit de ces cétacés.
« Au cours des mois d'hiver, nous avons constaté un grand nombre de tremblements de terre, mais nous avons aussi enregistré énormément de sons de rorquals communs », déclarait l’océanographe
William Wilcock de
l’université de Washington.Près de 300.000 enregistrements de sons émis par des rorqualsC’est seulement en 2008 que
William Wilcock a obtenu des financements de l
’Office of Naval Research pour étudier les sons des rorquals enregistrés et jusqu’alors jamais traités. Les chants de ces rorquals ont été collectés par huit sismomètres différents. L’équipe d’océanographes a dès lors développé une méthode de traitement automatique des données, qui leur a permis d’analyser près de 300.000 chants. Grâce à ces enregistrements, les
scientifiques ont été capables de trianguler les signaux, et de
déterminer la position du rorqual dont le chant est enregistré. L
’analyse des sons de ces cétacés donne ainsi des indices sur leur
mouvement et leur mode de communication associé.
L’équipe a publié trois articles scientifiques dans la revue
Journal of the Acoustical Society of America. À partir des enregistrements, le doctorant
Dax Soule a été en mesure de reconstruire 154 chemins différents de rorquals, migrant vers le sud, en hiver et au printemps de l’année 2003. Il a réussi à dissocier trois catégories de groupes de vocalises de ces cétacés. Par ailleurs, un groupe a été identifié voyageant vers le nord, tôt dans l’automne. L’équipe suggère que ce groupe pourrait bien être de jeunes mâles qui
n’ont pas d’intérêt à migrer au sud pour la saison de reproduction.
Parce que l
’amplitude des sons émis par le
rorqual commun est constante, le sismomètre est un moyen efficace pour les repérer. En outre, le réseau de surveillance de l’activité sismique, le long des côtes est du Pacifique, se développe de façon conséquente. On peut s’attendre donc au développement de l’analyse des modes de communication du
rorqual commun.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]