Des fils à maman chez les lions de mer ! Par Rachel Mulot
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le.cricket Admin
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Sujet: Des fils à maman chez les lions de mer ! Par Rachel Mulot Mer 11 Fév - 22:41
Des fils à maman chez les lions de mer !
Aux Galapagos, un curieux phénomène est observé : les jeunes mâles lions de mer restent plus longtemps accrochés aux mamelles de leur "maman" que les jeunes femelles.
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ÉDUCATION GENRÉE. "Chez les jeunes lions de mer des Galapagos, les filles sont autonomes… et les fils paresseux !, raconte l’éthologue équatorien Paolo Piedrahita. C’est incroyable de voir des animaux de quarante kilos - de gros bébés mâles - paresser à attendre leurs mamans, tandis que leurs sœurs pêchent activement". Avec ses collègues allemands des universités de Bielefeld et de Bayreuth, le chercheur a publié un article suggérant que les comportements diffèrent selon les sexes chez les tout jeunes membres de l’espèce Zalophus wollebaeki. Et que ces derniers pourraient recevoir une éducation "genrée", la mère donnant au final plus de temps et de nourriture à ses rejetons mâles jusqu’à leur sevrage.
Lire : La théorie du genre existe-t-elle ?
Les mâles plus longtemps accrochés aux mamelles de leur mère
Les chercheurs ont suivi plusieurs mois les mouvements de 93 lions de mer juvéniles de la petite île de Caamaño au cœur de l’archipel des Galapagos (Equateur).
Entre leur 1 an et leurs deux ans, les mammifères ont été équipés de petits dispositifs enregistrant leur moindre mouvement, capables de restituer l’information en 3D, de préciser si l’animal était en milieu sec ou marin, etc.Résultat ? Les jeunes mâles restent plus longtemps accrochés aux mamelles de leur mère et s’y nourrissent plus souvent et plus abondamment que leurs sœurs. De temps en temps, ils s’aventurent en mer, mais bien moins que leurs homologues femelles. "Pourtant leurs capacités de plongée sont similaires : à un an, ils peuvent tous plonger à 10m de profondeur" soulignent les chercheurs.
Galapagos, troupeau de lions de mer
DIÈTE. Mais les mâles juvéniles répugnent à s’éloigner de la colonie, même quand leur mère est elle-même partie à la recherche de sardines. C’est autour de leurs un an et demi que les comportements diffèrent le plus : les femelles plongent à une profondeur de 6 m au moins 52 fois par jour. Soit… sept fois plus que leurs homologues mâles ! A cet âge, la majorité d’entre eux n’a même encore jamais essayé. Les curieuses s’aventurent jusqu’à 30 kilomètres des côtes tandis que leurs frères, cousins ou homologues ne s’éloignent jamais au delà de 275m du groupe. Des mesures de d’isotopes d’azote dans les nageoires de 23 juvéniles ont confirmé que la diète était différente : plus de poissons pour les femelles, plus de lait pour les mâles.
Ce nourrissage a un coût pour la mère
"Les fils demandent-ils plus ?", s’interroge l’étude. Comme souvent chez les espèces polygynes (où un mâle vit avec plusieurs femelles), le dimorphisme sexuel est prononcé chez ces otariidés dont les mâles peuvent atteindre 250 kg, tandis que les femelles s’occupant de petits pèsent entre 50 et 100 kg. De deux choses l’une. Soit la mère donne spontanément plus de nourriture aux futurs baraqués, soit ces derniers réclament plus dès leur naissance. " Il semble que le dernier cas de figure soit le plus juste souligne Paolo Piedrahita. D’autant que pour les mères, ce nourrissage a un coût : il requiert plus d’énergie et les oblige à s’éloigner pour pêcher davantage... bref, ce n’est pas sans risque pour leur survie". AVANTAGE. Toutefois, les mères pourraient tirer un avantage évolutif de ce "favoritisme" ou de leur générosité patiente avec leurs rejetons mâles, estiment les éthologues équatorien et allemands. En garantissant prioritairement la survie de leurs fils, elles élargissent potentiellement leur parentèle, c’est-à-dire le nombre de leurs petits enfants : un jeune mâle mature sexuellement (entre 4 et 5 ans) peut en effet être le père de quatre petits par an, alors qu’une femelle ne donne qu’un bébé par an. Plus un mâle sera grand, fort, taillé pour devenir un dominant dans ces sociétés de harem, plus il aura de chance de triompher de ses rivaux et de multiplier les partenaires.
D’autre part, les mères pourraient ainsi voir leur statut social conforté dans la colonie. Des études plus approfondies restent à conduire pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent ces comportements, explique Paolo Piedrahita qui espère les poursuivre bientôt sur le terrain. Beaucoup d’hypothèses sont encore à tester. Chez cette espèce dont les mâles peuvent être très agressifs, la "reconnaissance du ventre" pourrait ainsi jouer un rôle, garantissant ainsi aux mères que les dominants leur "fichent la paix" plus tard. Le prix de la tranquillité en quelque sorte.
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