En mer Noire, le rapana venosa (ou rapane veiné), originaire du pacifique occidental, a dévasté des populations entières de mollusques. Cet escargot de mer invasif, qui menace les eaux côtières européennes a toutefois donné un coup de pouce à l’économie locale. Sa population, régulée grâce à la coopération scientifique, peut permettre d’envisager un avenir plus durable pour la région.
La pêche qui façonne l’économie et la culture de cette région, a connu de grands changements ces dernières années. Le rapane recouvre désormais des pans entiers du fond de mer du littoral bulgare, au large du village de Krapets. L’espèce, qui dévore les mollusques filtrant l’eau a d’abord alerté les scientifiques. Mais ce nouveau mollusque a permis aux pêcheurs locaux de s’assurer des revenus conséquents pendant une courte saison de capture.
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« Le prix qu’ils peuvent obtenir pour les bulots de rapane est assez bon, environ un lev 50 par kilogramme »assure Nelko Yordanov, directeur du FLAG, le groupe d’action chargé d’aider les exploitations locales à se développer durablement, soutenu par l’Union européenne. « Avec une météo clémente, un plongeur moyen peut collecter entre 500 et 600 kilogrammes par jour » ajoute-t-il.
Le rapana venosa, principale espèce commercialisée Le rapana venosa s’est répandu dans toute la mer Noire, soutenu par la hausse des températures, la faible salinité et l’absence de prédateurs locaux. Pêché à un niveau proche de la limite durable, il attire les petits bateaux qui représentent plus de 90% de la flotte de la mer Noire, mais aussi les navires industriels. La croissance explosive des populations de rapane de la mer Noire au cours des dernières décennies a donné naissance à un marché de capture et de transformation de plusieurs millions d’euros. Chaque année, la Bulgarie et la Roumanie, ainsi que d’autres pays riverains, exportent des centaines de tonnes de viande de rapane congelée – principalement vers la Corée du Sud et le Japon. Assurer une gestion durable Pour assurer une gestion durable des populations entre les pays, la Commission générale des pêches de la Méditerranée (CGPM) a lancé une enquête internationale inédite sur les mollusques de la mer Noire.
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« D’une part, c’est une espèce envahissante, mais d’autre part, c’est une ressource économique. Nous pensons donc qu’elle devrait être gérée conjointement par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée et par les pays de la mer Noire, sur la base d’une approche holistique » explique Elista Petrova, directrice de l’institut de ressources halieutiques de Varna, en Bulgarie.
Le projet BlackSea4Fish du CGPM financé par l’UE, coordonne les études de scientifiques bulgares, roumains, turcs, géorgiens, russes et ukrainiens.
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« Pour la première fois dans l’histoire de la recherche halieutique en mer Noire, six partenaires des pays riverains se sont réunis, ont utilisé des équipements standardisés, ont remorqué à la même vitesse pendant la même durée, ont collecté et traité les échantillons de la même manière, ont analysé les données et produit les résultats de la même manière. Nous savons donc maintenant d’où proviennent les données, comment le rapane a été réparti, où se trouvent les gros et les juvéniles » explique Hüseyin Ozbilgin, coordinateur du projet.
La gestion scientifique des stocks devrait permettre de maintenir les populations de rapane et de protéger le tissu économique local. La Bulgarie, qui compte une multitude d’usine de transformation de rapane, exporte essentiellement vers l’Asie. Le mollusque permet de garantir des emplois pour une partie de la population peu diplômée, comme le confie Lyubov Georgieva, propriétaire de l’usine Elekta, à Varna. 130 employés, principalement des femmes, y sont embauchés. Développement d’un secteur peu connu en mer Noire L’économie bleue de la mer Noire est confrontée à de nombreux défis : faible nombre de stocks commerciaux, environnement et climat compliqués, captures illégales et excessives. Mais la Commission générale des pêches y voit une occasion de favoriser une croissance économique durable dans le domaine des cultures marines.
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« L’industrie de l’aquaculture a été abordée avec un certain scepticisme dans les années passées, mais aujourd’hui, deux centres de démonstration de l’aquaculture ont déjà été établis autour de la mer Noire – un en Roumanie, un en Turquie et bientôt un autre en Bulgarie » explique Konstantin Petrov, coordinateur sous-régional de la CGPM. « Ils pourraient donner aux pêcheurs la possibilité de diversifier leurs activités et d’accroître leur chiffre d’affaires ».
En Roumanie, où la pisciculture est développée, la culture des mollusques s’est heurtée jusqu’à présent à de nombreux obstacles – de l’insuffisance de la réglementation au manque de connaissances. Cette situation est en train de changer grâce au travail du Centre de démonstration en aquaculture (ADC) de Constanta.
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« Depuis 2020, les eaux roumaines de la mer Noire sont classifiées microbiologiquement » indique Victor Niţă, directeur exécutif du centre. « Nous essayons de faire le pont entre les autorités, les investisseurs et les scientifiques – pour travailler ensemble, pour être sur la même longueur d’onde, car la sécurité publique est une question très importante » souligne-t-il.
Après avoir confirmé que les eaux roumaines sont conformes aux normes européennes en matière d’aquaculture, le centre conseille et forme les entrepreneurs qui souhaitent lancer leur activité. Il y a beaucoup à apprendre, comme par exemple, vérifier que les moules ne contiennent pas de bactéries pathogènes.
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« Il est très important que les agriculteurs soient conscients de l’importance de ces analyses – les moules destinées à la consommation doivent être correctement contrôlées et régulièrement vérifiées dans un laboratoire » rappelle Aurelia Țoțoiu, pathologiste, chercheuse en écologie et biologie marine.
Développement du secteur de l’hôtellerie Matei Datcu, pêcheur roumain, nous emmène sur le site de sa nouvelle ferme mytilicole près d’un lieu touristique où il possède un restaurant de fruits de mer. Il espère qu’avec le soutien du Centre de démonstration en aquaculture, l’élevage marin contribuera à diversifier son activité : dans quelques mois, ces cordes seront recouvertes de moules prêtes à être récoltées.
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« Je fais cela à petite échelle, juste pour approvisionner mon propre restaurant pour commencer. Si à l’avenir je développe cette activité, je pourrai vendre les moules ailleurs » espère-t-il.
Des dizaines d’entreprises situées de l’autre côté de la frontière, en Bulgarie, présentent des arguments commerciaux convaincants en faveur de l’aquaculture en mer Noire. Les moules de culture sont la spécialité de Dalboka, un restaurant de bord de mer créé par l’un des pionniers de l’aquaculture bulgare, Veselin Prokopiev.
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« Par le passé, la Bulgarie considérait rarement la mer Noire comme une source d’alimentation » se souvient-t-il. « Mais aujourd’hui, je peux affirmer avec fermeté que l’intérêt du public pour les fruits de mer est énorme ».
Les habitants de la mer Noire n’ont pas l’habitude de manger des fruits de mer, mais leur popularité ne cesse de croître. Chaque année, le restaurant de Veselin sert à lui seul 650 tonnes de moules, qui proviennent toutes de la ferme marine située à quelques centaines de mètres. Les nouvelles industries des produits de la mer qui se développent autour des crustacés et de l’aquaculture peuvent promouvoir l’utilisation durable des ressources de la mer Noire et dynamiser les économies côtières, qui en ont besoin.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & Euronews
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Un escargot de mer invasif permet de développer l’économie bleue de la mer Noire ! (vidéo) By Jack35