Gaz de schiste : La polémique à nouveau relancéeLa ministre de l'Écologie Delphine Batho et l'ex-président d'EADS se sont vivement opposés au sujet des gaz de schiste.
Un mois à peine après que François Hollande, durant l’inauguration de la Conférence environnementale, ait martelé son opposition à la remise en cause de la
loi sur l’interdiction de la fracturation hydraulique… Organisée quelques jours plus tard, la Journée nationale d’action contre les
gaz de schiste, sujet brûlant dans l’opinion publique française, a montré que les écologistes et les associations de
protection de l’environnement dans leur ensemble restaient sur leurs gardes. Et pour cause : de nombreuses demandes de permis restent
« dans les tuyaux », pour reprendre l’expression de l’eurodéputée et présidente de
Cap21 Corinne Lepage, par ailleurs bien placée pour rendre compte des pressions
considérables qui existent sur le plan communautaire et qui nous a accordé une longue interview la semaine dernière.
Les pétroliers n’ont pas désarmé, loin de là, tandis que la présidente du MEDEF (Mouvement des entreprises de France)
Laurence Parisot, pour citer l’une des
« pro-gaz de schiste » les plus affirmées du moment, n’a de cesse d’appeler à franchir le
Rubicon. Ses arguments ne sont pas différents de ceux brandis par
Total et consorts : exploiter les hydrocarbures de roche-mère réduirait substantiellement notre déficit commercial et, outre l’indépendance énergétique si chère à tous les pouvoirs publics, amènerait de nombreuses créations d’emplois encore moins négligeables en cette période de crise économique majeure.
Telle est aussi la vision de l’ancien président d’EADSLouis
Gallois,
devenu Commissaire général à l’Investissement en juin dernier et qui s’est vu confier la rédaction d’un rapport sur la compétitivité, grande préoccupation actuelle du gouvernement.« La France a deux richesses phares, le nucléaire et les gaz de schiste »C’est dans ce cadre qu’il a été reçu par la ministre de l’Écologie
Delphine Batho, qui en « subalterne » disciplinée – les mauvaises langues ou plutôt les observateurs les plus attentifs diront que tel n’est pas le cas de tous ses collègues – semble bien décidée à défendre la position officielle de Paris. On rappellera pour mémoire que son homologue du Redressement productif
Arnaud Montebourg, lui, avait sous-entendu au début de l’été une possible réouverture du dossier des
gaz de schiste dès lors qu’une méthode d’extraction « propre » serait mise au point. Soutenu à l’époque par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, il en avait ensuite remis une couche dans les heures qui ont suivi la clôture de la Conférence environnementale…
Pour l’heure, il est impossible d’exploiter les hydrocarbures non-conventionnels sans dommages écologiques majeurs. Augmentation considérable des rejets de CO
2 (dioxyde de carbone),
pollution des nappes phréatiques, stimulation de l’activité sismique : les environnementalistes aussi ont des arguments à faire valoir.
Le rapport de
M. Gallois plaide cependant pour que la
France emboîte le pas des
États-Unis et de la
Pologne. D’après nos confrères de
Paris-Match, l’ancien dirigeant aurait de surcroît lancé à la locataire de l’Hôtel de Roquelaure :
« La France a deux richesses phares, le nucléaire et les gaz de schiste. Il est hors de question de faire l’impasse. » Des propos que Mme Parisot n’a pas manqué de reprendre sur son compte Twitter.Des propos qui ont peut-être aussi fait sourire M. Montebourg, mais dont il faut souhaiter qu’ils n’altèrent pas encore plus une solidarité gouvernementale déjà très douteuse en la matière…
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