Des robots océanographes traquent des baleines en dangerPar Quentin Mauguit, Futura-Sciences
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Certains gliders, ces robots océanographiques autonomes, pourraient assumer une nouvelle fonction au sein de nos océans : localiser les baleines mises à mal par le trafic
maritime. Une équipe de la WHOI a en effet développé et testé un nouveaudispositif embarqué pouvant analyser des chants de cétacés, identifier l’espèce impliquée et transmettre les informations récoltées en moins de deux heures.Les États-Unis multiplient leurs efforts depuis 2009 pour préserver au mieux
la baleine de Biscaye,
Eubalaena glacialis. Plusieurs d’entre elles seraient chaque année
victimes de collisions parfois mortelles avec des navires. Pour limiter les risques, la
National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a notamment décidé de modifier certaines routes maritimes et de créer des zones de navigation réglementées dynamiques. Il est depuis demandé aux embarcations y circulant de ralentir volontairement lorsque la présence de baleines est avérée.
La détection de ces
mammifères marins repose principalement sur deux méthodes : la surveillance acoustique et l’observation visuelle. La première nécessite la pose de bouées ancrées, donc fixes, pourvues de récepteurs acoustiques. Seuls quelques
sites en sont équipés. La deuxième solution présente aussi un gros inconvénient : elle est coûteuse, puisqu’elle nécessite l’utilisation de navires ou d’
avions et de personnels. Elle dépend en plus fortement des conditions météorologiques en mer.
Sous la direction de
Mark Baumgartner et
Dave Fratantoni, des ingénieurs, des physiciens et des biologistes de la
Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI) viennent de développer une nouvelle méthode s’affranchissant de tous
ces problèmes. Elle repose sur l’utilisation de gliders, des petits
robots océanographiques préalablement équipés d’un hydrophone et d’un
logiciel de
reconnaissance vocale. Des tests menés dans le golfe du Maine (États-Unis) se sont montrés concluants puisque neuf baleines ont automatiquement été détectées en trois semaines.
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Une signature vocale spécifique caractérisée automatiquement.
Les
gliders ressemblent à des torpilles dépourvues de système de propulsion. Ils se déplacent grâce à des variations cycliques de leur flottabilité, via un ballast. Lorsque la flottabilité diminue, les robots amorcent un
mouvement de descente. C’est à ce stade qu’interviennent deux petites ailes qui vont provoquer l’apparition d’une force de portance.
Les gliders se mettent donc à planer plutôt qu’à couler. Une
augmentation de leur flottabilité les fait ensuite remonter. Au final, ils se déplacent sous l’eau en suivant une trajectoire en dents de scie, en totale autonomie et durant parfois plusieurs semaines.
Les engins autonomes améliorés par la WHOI embarquent en plus un dispositif DMON, c’est-à-dire un système de surveillance acoustique
numérique présentant la
taille d’un iPhone. Il permet d’acquérir des signaux sonores, d’en établir des spectrogrammes puis de les analyser pour en dresser une
signature vocale. Le résultat est alors comparé avec une
base de données renfermant actuellement des informations sur le
rorqual boréal, le
rorqual commun, la
baleine à bosse et la
baleine de Biscaye (d’autres espèces pourront être ajoutées par la suite). Un système de communication par satellite Iridium a également été installé au sein des gliders.
Surveillance des baleines en temps réel... ou presque Les gliders testés ont été mis à l’eau le 12 novembre 2012 par le navire
Gulf Challenger. Ils ont alors librement sillonné une zone géographique définie en remontant à la surface toutes les deux heures pour acquérir un point
GPS et
transmettre leurs données. Ces outils permettent donc de réaliser une surveillance à grande
échelle presque en temps réel, ce qui est un avantage considérable. En effet, les navires risquent moins d’entrer en collision avec des
mammifères marins s'ils sont rapidement informés de leur présence.
Les gliders ont été récupérés le 4 décembre 2012 par le navire
Endeavor. Grâce aux données fournies, des prélèvements de
plancton et des mesures physicochimiques ont été réalisés là où les
cétacés ont été détectés. Les informations récoltées pourront se révéler précieuses pour comprendre les habitudes de vie de ces
mysticètes.
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