Les insolites des fêtes et traditions françaises

Les insolites des fêtes et traditions françaises



Pâques, 1er Mai, Saint-Jean en attendant le retour de Noël et de la Chandeleur : autant de fêtes qui jalonnent le cours d'une année apportant avec elles leurs coutumes et traditions. Leur origine, religieuse ou laïque à première vue, se perd en fait dans un passé lointain lié aux cultes anciens. Et les traditions ne sont pas toutes identiques dans le monde et en France.



Le brin de muguet du 1er Mai : tout un symbole



Rien ne prédisposait le muguet, fleurette déjà considérée par les
Celtes comme porte-bonheur, à devenir le symbole du 1er mai, de la fête du travail et des luttes revendicatives. La plante à clochettes a toujours marqué le retour des beaux jours et en 1561, le roi Charles X décida d'en offrir à toutes les dames de la cour, établissant ainsi un usage.
Au 19e siècle, lors des premiers cortèges du 1er mai, les manifestants portaient un petit triangle rouge,
symbole de la division de la journée de travail en 3x8 (travail,
sommeil, loisirs). Plus tard, ils fleuriront leurs boutonnières d'églantines, symbole de la foi en la révolution et en 1907, lors du 1er mai, le muguet, fleur traditionnelle des bois d'Ile-de-France, apparaît. En 1936, du 'Front populaire', on a vendu des bouquets de muguet cravatés de rouge. Au fil des ans, le brin a perdu de sa connotation politique.




Mais qui cache les œufs de Pâques ?



Le dimanche de Pâques, les enfants partent à la chasse.
Œufs, lapins, poules en chocolat sont cachés (mais pas trop), et la grande joie des petits est de les découvrir. Pour certains, la coutume des œufs de Pâques se rattacherait au Carême chrétien où la consommation de viande et d'œufs était désapprouvée par l'Eglise. Une grande quantité d'œufs se trouvant donc stockée, le moyen le plus expéditif de s'en débarrasser était de les donner aux enfants. De la manière la plus ludique possible. C'est au XVIIIe siècle, en France, qu'on décida de vider un œuf frais et de le remplir de chocolat.
Certaines personnes croient que les œufs de Pâques ont des pouvoirs magiques. Ils croient qu'en enterrant les œufs de Pâques peints à la main au pied d'une vigne, cela la fera pousser plus rapidement. D'autres pensent que si l'œuf reste enterré pendant 100 ans, le jaune se transformera en diamant.



Le 'Lapin de Pâques' ou...



Mais qui donc a déposé les friandises ? Que les œufs de Pâques soient apportés par une poule, ce serait logique. Mais pourquoi par un lapin ou un lièvre, ou encore des cloches ? Le lapin de Pâques, qui fut d'abord un lièvre, doit son origine à une ancienne culture germanique.
Le lapin étant très prolifique, il est devenu un symbole païen de la fécondité et de l'abondance. La tradition a ensuite été exportée aux États-Unis par des immigrants allemands au XVIIIe siècle. Les enfants fabriquaient un nid qu'ils mettaient dans le jardin en espérant que le lapin de Pâques le remplirait d'œufs durant la nuit.
Autre particularité : ce lapin parle, il est intelligent et se tient debout sur deux pattes. Dénommé 'Easter Bunny' en anglais, il est le modèle qui a servi au personnage de dessin animé 'Bugs Bunny'.



Que vont faire les cloches à Rome ?



En France, la tradition veut que les cloches sonnent chaque jour de l'année pour inviter les fidèles à assister à la messe. Sauf dans la semaine précédant Pâques, où elles sont silencieuses du jeudi au samedi soir. Elles en profitent pour partir à Rome se faire bénir et rapportent des œufs de toutes sortes aux enfants sages ! En traversant la France, elles perdent œufs, poules, poussins et lapins en chocolat à la plus grande joie des enfants. Dans les pays où la tradition protestante ne reconnaît pas la primauté de Rome, il était difficile d'accorder aux cloches un tel privilège, le lapin a donc fait parfaitement l'affaire.



La tradition des habits neufs de Pâques



A l'origine, une des premières raisons qu'avaient les gens de porter de nouveaux vêtements à Pâques était qu'ils en avaient assez des vêtements portés depuis le début de l'hiver. Les couleurs vives remplaçaient les couleurs ternes de l'hiver. Certains croyaient que porter un nouveau vêtement la journée de Pâques leur porterait chance tout au long de l'année.




Le 'Mai' dans l'Est de la France : un charivari facétieux



La tradition du 'Mai' est encore pratiquée dans plusieurs villages de France, principalement dans l'Est. Dans la nuit du 30 avril au 1 mai, les garçons font le tour du village pour un grand chambardement. Tout ce qui est transportable est susceptible de changer de place. Et le lendemain, les objets les plus divers ont été déplacés. A chacun d'aller rechercher son pot de fleur, son portique, ses volets, son portail, etc.
La tradition du 'Mai' consiste aussi à accrocher une branche en haut de la descente d'eau des maisons où habitent des filles à marier. Un code subtil s'y attache : le cerisier pour les filles jugées 'légères', le charme aux demoiselles charmantes, et le sapin aux bêcheuses. Cette tradition sert aussi de défouloir, envers les personnes grincheuses. Celles-ci retrouvent un dépotoir hétéroclite devant chez elle au matin et dans la
nuit, elles ont eu droit à un 'concert' de chansons et braillements.




Les feux de la Saint Jean pour célébrer l'arrivée de l'été



La Saint Jean n'a rien de très chrétien. Il s'agit de célébrer une survivance du culte solaire.
Le 21 juin, le soleil se trouve au zénith et reste visible le plus
longtemps : l'été est arrivé. Ce solstice est alors fêté en allumant de grands feux, symbole purificateur du soleil. Le rite du feu de joie a été christianisé au Ve siècle. Les flammes ont une signification expiatrice : il n'est pas rare d'y brûler des mannequins de paille, symboles du mal.




Les 'allumoirs' dans le Nord quand les jours raccourcissent



Quand vient la fin de l'été, le Nord de la France se prépare à marquer le retour des soirées à la lumière des lampes.
Roubaix et Tourcoing fêtent les 'allumoirs' dès la fin septembre, à grand renfort de cortèges et de lanternes. Traditionnellement, les enfants creusaient des betteraves et des citrouilles (comme pour Halloween). Puis le cortège parcourt les rues, tambours et fifres en tête. Et le périple s'achève, selon l'usage, autour d'un plat de haricots et de saucisses.
Dans les Flandres, il faut attendre le 10 novembre et la Saint-Martin pour sortir les betteraves sculptées et éclairées. La tradition rapporte que l'évêque n'avait qu'un âne pour toute monture. L'animal ayant disparu, les habitants et leurs enfants se mirent à sa recherche, brandissant torches et lanternes. Pour les remercier d'avoir retrouvé son âne, Saint Martin offre des 'folards' (petites brioches) et des bonbons aux enfants qui perpétuent la tradition.



Les 13 desserts du réveillon méditerranéen



La Provence et le Languedoc appliquent encore le principe des 13 desserts servis simultanément le soir du réveillon de Noël. On peut y voir, soit la marque de la générosité méditerranéenne légendaire, soit une gourmandise surdimensionnée. En effet, le plat n'était, à l'origine, composé que de 12 pains et d'une grosse miche marquée d'une croix symbolisant Jésus entouré de ses 12 apôtres, lors de la Cène. Elle regroupe aussi différents symboles, comme :

- celui de quatre ordres religieux mendiants
- la coutume de rompre la pompe à l'huile (un pain spécial). Si on la coupe on est ruiné dans l'année,
- les fruits d'Afrique font référence aux Rois Mages,
- les nougats, blanc et noir, représenteraient le bien et le mal.

La tradition veut que le repas fini, tout soit laissé en place, y compris les miettes qui parsèment la table. Ces restes sont sensés servir de nourriture aux esprits qui rôdent dans la maison et aux défunts de la famille.




Chandeleur : des crêpes ou des navettes ?



La Chandeleur : encore une fête païenne en l'honneur du dieu Pan christianisée en célébration à la lumière des chandelles de la présentation de Jésus au temple. Pourquoi des crêpes à cette occasion ? La croyance était que, si l'on ne faisait pas de crêpes
le jour de la chandeleur, le blé serait carié pour l'année. Autre
coutume à respecter : faire sauter la première crêpe avec la main droite tout en tenant une pièce (d'or) dans la main gauche. Si tous ces rites étaient respectés, la famille était assurée d'avoir de l'argent toute l'année.
La chanson dit d'ailleurs 'Si tu sais bien tenir la poêle, à toi
l'argent en quantité. Mais garde à la mauvaise étoile, si tu mets la crêpe à coté'.
En Provence, à la Chandeleur, les navettes concurrencent les crêpes : biscuits en forme de barque, elles représentent, selon les différentes hypothèses, l'esquif qui transporta une statue de la Vierge jusqu'à Marseille ou l'embarcation qui conduisit les Saintes Maries en Camargue.




Le poisson d'avril vient de loin



Le 1er avril est, de longue date, synonyme de farce. C'était le 'jour des fous', symbolisé par la carte du tarot, où tout ou presque était permis. Mais que vient faire le poisson d'avril ? En 1564, le début de l'année est déplacé du 1er avril au 1er janvier.
L'habitude des petits cadeaux ne se perd pas pour autant. Le 1er avril étant généralement en période de carême, le poisson était le présent le plus fréquent. Lorsque les blagues se développèrent, l'un des pièges les plus courants était l'offrande de faux poissons. Une occasion aussi de se moquer d'un benêt en lui offrant un poisson à une époque de l'année, celle du frai où la pêche était interdite.


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