Mort d’un adolescent à La Réunion : la crise "bouledogue" ! Par Sylvie Rouat
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dunemars1 Admin
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Sujet: Mort d’un adolescent à La Réunion : la crise "bouledogue" ! Par Sylvie Rouat Mer 15 Avr - 20:52
Mort d’un adolescent à La Réunion : la crise "bouledogue" !
Un adolescent a été tué par un requin-bouledogue à La Réunion. Que savons-nous de ce requin responsable de la quasi-totalité des attaques mortelles depuis 2011 sur l'île ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le requin bouledogue Carcharhinus leucas
Un adolescent de 13 ans est mort le 12 avril 2015 à La Réunion après l’attaque d’un requin-bouledogue de 2,50 mètres. C’est le septième décès sur l’île depuis 2011. Le jeune Elio Canestri, l’un des espoirs du surf réunionnais, s’était mis à l’eau avec six autres jeunes surfeurs tôt le matin, à la pointe des Aigrettes (commune de Saint-Paul). Une zone interdite à la baignade depuis que l’arrêté préfectoral interdisant la baignade et toutes les activités nautiques en dehors du lagon et des zones surveillées a été reconduit pour un an le 15 février 2015. TURBIDES. Les adolescents se sont mis à l'eau sans surveillance, alors même que les responsables de la Ligue réunionnaise de surf avait déconseillé à quiconque de surfer ce week-end. De fait, le pôle Espoir de la Ligue de surf devait reprendre son entraînement ce week-end, après un an et demi d’attente. Mais vendredi 10 avril, au vu des conditions météorologiques, les responsables de la Ligue avaient pris la décision de repousser cette reprise au mercredi suivant. Ce matin-là, donc, la mer était agitée, les eaux turbides : un environnement idéal pour le requin bouledogue, responsable de quasiment toutes les attaques mortelles ces dernières années. À tel point que la crise "Requins" que subit l’île des Mascareignes est peu à peu devenue la crise "bouledogue".
POUPONNIÈRE ? Les scientifiques connaissent mal ce requin. Le programme Charc (Connaissances de l'écologie et de l'HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de la Réunion), qui a rendu ses conclusions en février 2015, a permis de comprendre que, s’il n’est pas inféodé aux côtes réunionnaises, il vient probablement s’y accoupler. "On a retrouvé sur les requins prélevés des traces de reproduction, d’accouplement, explique Marc Soria, chercheur à l’IRD et responsable du programme. Nous avons observé un cycle biologique qui s’est reproduit sur 3 ans". "Les pêcheurs savent bien qu’il y a des juvéniles de bouledogue nés à la Réunion, notamment du côté d’Etang Salé", insiste David Guyomard, halieute au comité des pêches de La Réunion. Mais si la Réunion s'avère être réellement une pouponnière de requins, il faudrait alors interdire ses eaux de mars à juin, période de reproduction. Un décision pas facile à prendre dans une île où l'économie locale repose essentiellement sur le tourisme. Pourquoi compte-t-on davantage d’attaques de requins ces dernières années ? Sans doute parce que les activités humaines (rejets de déchets à la mer notamment) les attirent. Mais pas seulement. Pour David Guyomard, les eaux réunionnaises comptent aujourd'hui beaucoup plus de requins qu’il y a une dizaine d’années. La faute des pêcheurs, reconnaît-il lui-même. "Depuis la fin des années 1990, la pêche de plaisance et la pêche professionnelle ont décimé toutes les autres espèces de requins de récifs privant ainsi les bébés bouledogues de prédateurs". Pour autant, le programme Charc n’a pas permis d’évaluer la population de ces requins. D’autant qu’elle ne se cantonne pas aux eaux côtières. BIZARRE. Manqueraient-ils de proies ? Les requins-bouledogues confondent en effet les surfeurs avec des tortues ou des otaries (voir visuel ci-dessous, crédit Surf prévention blog). Mais s'ils ne mangent pas les humains, les blessures provoquées par les mâchoires d’un bouledogue de plus de deux mètres de long peuvent être mortelles. "Des requins qui ont suffisamment à manger n’exploreraient pas la côte sur des centaines de kilomètres comme c'est le cas aujourd'hui, remarque Marc Soria. Je ne peux pas dire s’ils sont ou non en détresse alimentaire. Mais dans les contenus stomacaux des requins-tigres et bouledogues, nous avons seulement trouvé des espèces de roche et des petits poissons. Bizarre, car nous nous attendions à retrouver de plus gros poissons. Est-ce normal ou se rabattraient-ils sur des individus plus accessibles ?"
Face à une situation hors de contrôle, la population réunionnaise réclame des mesures fortes. La région a ainsi dégagé un financement de 10 millions d'euros pour des mesures de sécurisation des côtes. Le 1er avril a été ainsi lancé le programme Cap Requins 2, piloté par David Guyomard. "C’est un programme assumé de régulation ciblée près des côtes. Il s’agit de pêcher les gros requins bouledogues et tigres pour que les autres espèces recolonisent les espace côtiers, afin de retrouver un nouvel équilibre". Des lignes de pêche appâtées (drum line ou palangre de surface) ont été installées sur la côte ouest, dans les secteurs de Saint-Paul, Trois-Bassins et Saint-Leu. Les requins de plus de 2 mètres seront tués, tandis que les plus jeunes et plus petits seront marqués et relâchés pour être suivis par les stations d’écoute du programme Charc. Le prélèvement est une absurdité sur une population ouverte, qui voyage sur de longues distances" - Jean-Bernard Galvès, porte-parole d'un collectif d'associations de protection de la nature
Requin bouledogue ile de la reunion BOURBON FISHING CLUB
pêche d'un gros bouledogue au large de boucan canot PS: tous les requins pêchés sont relâché apres une séance photo....
"Nous n’avons pas d’objectif chiffré, explique l’halieute. Mais on a affaire à une population de requins en pleine forme. Il faut faire la différence entre les requins côtiers et les requins pélagiques dont les populations ont été exterminées et pour lesquelles il est légitime d’être inquiet". Le chercheur reconnaît cependant qu’il est difficile d’évaluer si ces pêches de régulation vont diminuer le risque. "Le prélèvement est une absurdité sur une population ouverte, qui voyage sur de longues distanceset qui est, de surcroît, une espèce quasi menacée, commente Jean-Bernard Galvès, porte-parole d'un collectif d'une dizaine d'associations de protection de la nature. De plus, en appâtant près des côtes, on risque de mettre la vie des gens en danger", prévient-il. "C’est une mesure politique, ajoute Marc Soria. La Réunion vit une crise irrationnelle, une psychose qui ne se règle pas avec de la science". Peut-être pas avec de la science, certes, mais surtout avec des précautions. Telle est l’opinion de la ligue réunionnaise de surf qui est en train de finaliser le dispositif de surveillance pour la remise à l’eau du pôle espoir (26 surfeurs) mercredi 15 avril : soit 12 vigies immergées (des apnéistes) qui surveillent et peuvent avoir un effet répulsif, des équipes sur l’eau et des caméras déployées pour surveiller la colonne d’eau. À la moindre alerte, tout le monde doit sortir de l’eau. Hors de ce dispositif, la préfecture a rappelé l'interdiction totale des activités nautiques dans une bande de 300 m de largeur.
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Mort d’un adolescent à La Réunion : la crise "bouledogue" ! Par Sylvie Rouat