En dehors de leur zone de confort, Lauren, Tom, Laurel et Anton ont appréhendé leur voyage autrement. Un road-trip qu'ils ne sont pas près d'oublier. Un paisible trip de cinq jours initié au pied des montagnes Uinta et Wasatch dans l’Utah s’est transformé en une véritable aventure hors de leur zone de confort pour deux athlètes de la team Eider et leurs compagnes. D’abord publiée dans notre quatrième volume papier, cette aventure supportée par Eider est aujourd’hui disponible en ligne, accompagnée des clichés du photographe Stef Candé.
Lauren et Anton avaient déjà profité de ce spot en or plusieurs fois auparavant, mais jamais dans ces conditions. Bien que Moab, connue pour être la Mecque du VTT aux États-Unis, propose un éventail très large de sites de camping d’un bout à l’autre du périmètre de la ville, il s’avère parfois difficile de trouver un endroit qui offre l’isolement souhaité quand on s’est lancé dans ce genre d’aventure, en plein milieu du désert. C’est du côté de Mill Canyon, un spot très peu connu du grand public et tenu jusque-là secret par les connaisseurs de la bande, que le groupe allait finalement établir son camp de base pour les deux prochains jours.
Derrière la zone déboisée où ils allaient installer les tentes et les réchauds se trouvait le lit d’une rivière asséchée, encerclé d’un assemblage confus d’arbustes désertiques. À l’insu de Tom et Laurel, l’autre couple du voyage, Lauren et Anton esquivèrent les broussailles et suivirent une piste en friche sur une bonne vingtaine de mètres, jusqu’à un amphithéâtre naturel. Le genre de découverte de gosse qui vous laisse sans voix, les yeux écarquillés. En cette soirée pluvieuse, le groupe de quatre nouveaux amis s’est donc retrouvé ainsi : autour d’un feu de camp minutieusement disposé en contrebas de l’amphithéâtre, seul spot sec des alentours. Alors qu’ils partageaient leurs histoires passées et tous les rêves qu’ils se voyaient réaliser, Tom, éternel optimiste, nota que même si la pluie était venue s’installer tel un bémol sur leur partition initiale, leur foyer de fortune était finalement tout ce dont ils pouvaient rêver.
Ce n’était pas la première fois cette semaine qu’ils étaient heureux de se retrouver en dehors de leur zone de confort, de leurs rôles habituels, des lieux qu’ils connaissaient. Le voyage en lui-même, un paisible trip de cinq jours initié au pied des montagnes Uinta et Wasatch dans l’Utah, où les feuilles vibrantes de l’automne explosaient de mille couleurs, ne ressemblait en rien à ce que ces skieurs et cyclistes chevronnés avaient vécu dans le passé. Laurel voyageait rarement avec d’autres couples, préférant l’aventure en solitaire ou avec son mari, Tom. La dynamique de groupe dans laquelle elle se retrouvait ici faisait donc office de territoire inconnu. Habituée à être l’organisatrice du voyage, Lauren avait quant à elle du mal à prendre un peu de recul pour laisser les autres mener la marche. D’autant plus qu’elle retrouvait son mari Anton, tout juste revenu de quatre mois de travail pour l’entreprise familiale au Chili. Tom et Anton étaient de bons amis qui avaient partagé de nombreux voyages de ski au fil des années, mais n’avaient jamais profité ensemble des joies de l’aventure estivale. Ils n’avaient jamais eu l’opportunité d’emmener leurs femmes avec eux non plus, elles qui avaient pourtant entendu tant d’histoires à propos du fameux “ami de leur mari”. Réunis, ils étaient donc submergés par une très large panoplie d’émotions nouvelles, de la plus troublante à la plus exquise.
Un peu à l’écart des sentiers battus, les montagnes Uinta sont souvent éclipsées par la chaîne Wasatch voisine, que la plupart des voyageurs en quête d’aventure visitent pour ses pistes de ski et de VTT de classe mondiale. Avec ses pics de 3 300 à 4 100 mètres d’altitude et ses nombreux lacs alpins, Uinta avait pourtant servi de point de départ idéal pour leur voyage : un décor à couper le souffle et pas un chat à des kilomètres à la ronde. Ils avaient fait d’une grange magnifiquement rénovée leur camp de base. Une bâtisse près de laquelle passait un ruisseau et qui disposait d’un grand jardin en contrebas, avec un foyer toujours en activité pour profiter des fraîches soirées en extérieur. Douillet et relaxant, l’intérieur spacieux avait rendu les réveils à l’aube beaucoup plus faciles qu’ils ne le seraient plus tard dans la semaine. En bas de la rue se trouvait Samak Smokeshop, l’une de ces boutiques de montagne charismatiques où vous pouvez faire le plein de café, de bœuf séché fait-maison et autres bières fraîches, mais aussi choisir le canoë qui vous accompagnera pour le reste de la journée.
Citation :
En bas de la rue se trouvait Samak Smokeshop, l’une de ces boutiques de montagne charismatiques où vous pouvez faire le plein de café, de bœuf séché fait-maison et autres bières fraîches, mais aussi choisir le canoë qui vous accompagnera pour le reste de la journée.
En d’autres circonstances, aucun d’entre eux ne se serait levé avant l’aube pour installer des canoës sur le toit de sa Jeep, rouler trente minutes jusqu’à un col de montagne somptueux alors que les premières lueurs du soleil commencent à percer, et finalement s’aventurer sur un lac bordé de pins dans ces embarcations vacillantes. Et pourtant c’est exactement ce qu’ils avaient fait ce jour-là, eux-mêmes en admiration totale de l’état de grâce, à la fois apaisant et surréaliste, dans lequel ils avaient fini par se trouver. L’eau froide, reflétant tel un miroir de cristal la forêt et les gigantesques pics environnants. L’écho de leurs voix alors qu’ils applaudissaient Cima, le chien de Lauren et Anton qui avait refusé d’être abandonné sur la rive. Et cette lumière ! Une fine couche de nuages avaient fait barrage aux puissants rayons du soleil, permettant à ce que les photographes appellent la “golden hour” de résister un peu plus longtemps que d’habitude. C’était comme si les planètes avaient décidé de s’aligner pour monter devant leurs yeux cette scène incroyable, dont ils n’avaient eu qu’à profiter ensemble.
Le jour suivant, le groupe s’était retrouvé dans un environnement plus familier, descendant à vélo des kilomètres de piste à travers le réseau parfaitement conservé de Park City. Si rider n’avait rien de nouveau pour eux, ce spot l’était, et il avait répondu à chacune de leurs attentes. La couche de peupliers et d’érables qui recouvrait la pente, toute en couleurs, laissait un spectacle enflammé derrière eux. Et la mentalité du groupe n’avait fait qu’enrichir l’expérience, chacun d’eux contribuant à réchauffer l’ambiance en traduisant son enthousiasme par des vocalises, des cris et autres hurlements. Ça avait été une expérience totalement nouvelle pour Laurel sur le plan personnel, elle qui n’avait alors jamais ridé en groupe. Pour Tom, cela n’avait fait que conforter ce qu’il considérait déjà comme étant le plus important : “Toujours aller de l’avant, et prendre ses amis avec soi.”
Citation :
“Toujours aller de l’avant, et prendre ses amis avec soi.”
Maintenant qu’ils étaient assis là, autour du feu, ces excursions pleines d’insouciance semblaient n’être que de lointains souvenirs. Ils regardaient la pluie tomber, jetant des coups d’œil réguliers aux radars de leurs téléphones, pour savoir si la tempête prévoyait de s’arrêter. Il semblait que non. En fait, la situation n’allait qu’empirer pendant la nuit. Mais à la différence du matin, lorsqu’ils tentaient en vain de sauver entre chaque averse ce qu’ils pouvaient de leur voyage, l’ambiance était désormais à l’acceptation et même à l’appréciation de leur état. Peut-être était-ce dû à la joie contagieuse d’être ensemble, au fait que le voyage touchait bientôt à sa fin, ou tout simplement parce qu’ils avaient enfin décidé de se rendre. Quelle qu’en fut la raison, ils échangeaient tous les quatre de grands éclats de rire sans penser une seconde à ce qui pourrait bien venir après.
Après une nuit sans une minute de sommeil ou presque, à cause de la résurgence de la tempête, d’un ciel plein d’éclairs et de vents de 80 à 100 kilomètres heure qui se servaient de leurs tentes comme de sacs de frappe, le groupe de campeurs épuisés plia une nouvelle fois bagage avant l’aube, avec l’espoir de joindre Deadhorse Point avant le lever du jour. La pluie s’était arrêtée, mais il n’y avait pas une étoile visible à l’horizon. S’ils ne s’étaient pas sentis tous autant responsables l’un de l’autre, ils auraient sans doute opté pour une nuit un peu plus longue, emmitouflés dans leurs sacs de couchage. Mais là était toute la beauté de l’aventure entre amis : partager de nouvelles expériences, des connaissances et des perspectives sur l’avenir, et découvrir tous ces lieux tenus secrets au commun des mortels. Tout cela ne fait qu’enrichir nos vies. L’encouragement, physique comme mental, nous rend plus forts. Et c’est cette satanée pression de groupe, celle qui nous pousse à nous lever à une heure si indécente de la journée, qui nous offre aussi l’opportunité d’avoir le souffle coupé devant l’immensité à peine croyable d’un canyon, comme le groupe avait pu en faire l’expérience ce matin-là. Les nuages avaient disparu. La douce lueur du matin dessinait des ombres légères sur les kilomètres de roche rouge qui les entouraient. Un fort sentiment de gratitude résonnait d’un bout à l’autre de leur corps pendant qu’ils contemplaient la vue en silence, leur rappelant une fois de plus… Le monde est un si bel endroit. Et en compagnie des bonnes personnes, il n’en est que plus divin. “Toujours aller de l’avant, et prendre ses amis avec soi.”
Cet article a été rédigé en partenariat avec Eider. Retrouvez ci-dessous une vidéo du voyage
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5 jours de road-trip au milieu du désert de l’Utah !