Pour sauver les coraux, il faudrait planter des arbres[size=16]Les récifs coralliens sont particulièrement sensibles à l’acidification des océans, et donc plus largement au changement climatique. Mais actuellement, c’est la déforestation qui les met directement à mal. Le lien de cause à effet n’est pas évident pour tous, pourtant il s’agit d’une préoccupation majeure dans la conservation des récifs.[/size][Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les récifs de Madagascar subissent plusieurs types de dégradations d’origine anthropique et naturelle. Dans les zones peuplées, sont principalement en cause la pêche intensive, la sédimentation induite par une forte déforestation, l’extraction de coraux et les pollutions diverses. Les dégradations naturelles, dues au passage de cyclones par exemple, sont aussi très importantes. Enfin le changement climatique engendre le blanchissement des coraux.L’île de Madagascar a perdu 90 % de sa couverture forestière originelle en 2.000 ans d’activités humaines. Malgré cela, elle reste une
terre riche en
biodiversité. Ainsi, depuis le début du XXI
e siècle, plus de
600 nouvelles espèces y ont été recensées. Bien que Madagascar soit l’objet d’une haute surveillance environnementale, le problème de la
déforestation n’est pas considéré comme urgent à résoudre sur l’île rouge.
Les inquiétudes à l’égard de
l’érosion des sols et à l’augmentation des
sédiments dans les rivières sont pourtant croissantes. À
Madagascar comme en
Australie, les forêts régulent la quantité de sédiments drainés dans les rivières, et donc à terme dans les
océans. En raison d’une
déforestation intense qui fait
rage depuis des décennies, les côtes de l’île sont de plus en plus submergées de sédiments. Les
récifs coralliens voisins des embouchures des rivières en sont affectés
.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les quatre bassins versants étudiés sont représentés en nuances de vert sur la carte, et les récifs coralliens en rose. Les photos a et b montrent les dégâts occasionnés par la déforestation, et les photos c et d l'état actuel de sédimentation des récifs.
La déforestation plus grave que le changement climatiqueDans ce contexte, une équipe de recherche, menée par le biologiste
Joseph Maina, s’est intéressée à l’évolution des effets de la déforestation face au
changement climatique. Apportés par les rivières, les sédiments agissent dans l’océan comme un écran : la
turbidité de l’eau réduit l’apport de
lumière et bloque le processus de
photosynthèse du
phytoplancton. Les coraux sont alors moins nourris.
Préserver les forêts protégera les récifs coralliens et d’après cette nouvelle étude, dont les résultats sont publiés dans les
Nature Communications, cela deviendra un impératif à l’avenir en raison du changement climatique.
En effet, cette étude montre que d’ici 2090, la température moyenne de
l’air sur l’île de
Madagascar devrait augmenter et le régime de précipitation considérablement diminuer. La combinaison de ces deux facteurs, entraînera la réduction des
débits des rivières et devrait donc la réduire la charge de sédiments dans les océans. Mais il apparaît que l’érosion des sols et la déforestation contrebalanceront cette
rétroaction positive du changement climatique.
Des modèles climatiques dédiés à l’île de MadagascarL’équipe s’est focalisée sur quatre
bassins versants, qui se situent au sud-ouest, à l’ouest, au nord-ouest et au nord-est de l’île. Ces derniers montrent déjà des signes évidents de surcharges sédimentaires, et sont suivis quotidiennement. Pour étudier l’évolution du débit fluvial des bassins pour les décennies à venir, les chercheurs ont utilisé deux modèles développés pour
l’île de Madagascar : STREAM et N-SPECT.
Ces modèles se basent sur les données actuelles de courantométrie et d’utilisation des sols pour modéliser son évolution, suivant le scénario considéré. L’équipe a soumis trois types de scénarios climatiques prévoyant des
émissions de CO2 dans
l’atmosphère de l’ordre de
550, 700 et 850 ppm pour 2100. Les modèles confrontent par ailleurs différentes évolutions de l’utilisation des terres.
Reboiser est un impératif« Maîtriser l’affluence des sédiments dans les récifs coralliens est l'une des principales recommandations pour aider les coraux à survivre au réchauffement des océans et aux épisodes de blanchissement futurs, commente Joseph Maina. Nos résultats montrent clairement que la gestion de l'utilisation des terres est l'action politique la plus importante pour prévenir d'autres dommages et préserver l'écosystème récifal. » Si les coraux sont de toute façon grandement menacés par la pollution,
l’acidification des océans et plus largement le changement climatique, il n’en reste pas moins que le reboisement est impératif pour leur conservation. Il faut l’envisager comme un outil de protection qui retarderait le déclin des
massifs de corail.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]