Des papillons monarques suivis à la trace ! [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le doctorant Tyler Flockart a sillonné les Etats-Unis pour reconstituer l’itinéraire individuel suivi par quelques papillons monarques. Une première. La migration des monarques est un des grands mystères de la nature. Comment fait ce papillon pour migrer du
Mexique vers le nord des
Etats-Unis et le
Canada au printemps en quatre générations tandis que la cinquième retrouve sans aucune hésitation les quartiers d’hiver très localisés de l’espèce à l’automne ?
Ce papillon hiverne en effet sous la forme de grosses grappes comportant des milliers d'individus, accrochées aux branches de sapins de
l’Etat du Michoacan au
Mexique. En Avril, la dernière génération de l’année précédente remonte vers le
Texas, la deuxième atteint le nord des
Etats-Unis et grimpe jusqu’au
Québec. D’août à septembre, la troisième et la quatrième reviennent sur les mêmes lieux de ponte dans
le Midwest, en plein cœur des
Etats-Unis. Et la cinquième génération revient aux forêts d’origine. "Quand on voit arriver un monarque ici en Ontario, on ne sait pas d’où il vient" Ralph Norris. Université de Guelph Si les premières générations vivent deux mois, la cinquième survit sept mois dans une sorte d’hibernation. Autre étrangeté : la chenille du monarque ne se nourrit que sur des asclépiades, des herbacées vivaces, dont la sève gorgée d’alcaloïdes la rend toxique pour les oiseaux.
Ce cycle est grossièrement connu:
«mais quand on voit arriver un monarque ici en Ontario en juin ou juillet, on ne sait pas d’où il vient » précise cependant
Ralph Norris, professeur de biologie à
l’Université de Guelph (Canada). D’où l’idée de reconstituer l’itinéraire de quelques dizaines d’individus.
Partir à la chasse aux papillonsC’est cette tâche titanesque que vient de réaliser
Tyler Flockart et ses collègues. La méthode ? La sève des asclépiades a une composition chimique qui varie selon les régions. C’est cette «signature» avalée par les chenilles et transmises à l’état de trace dans les ailes des papillons qui a été recherchée grâce à des marqueurs chimiques.
Il a fallu cependant aller chercher les individus dans la nature. C’est ainsi que Tyler Flockart a passé son printemps et son été 2011 à suivre la migration, capturant plus de 800 monarques dont le lieu de naissance a pu être déterminé. Parti du sud du Texas, l’étudiant a parcouru 35 000 kilomètres en voiture à travers 17 Etats américains et deux provinces canadiennes. Non non, on est pas jaloux du tout !Une population qui se réduit à un rythme alarmant De son road trip,
Flockart revient avec des observations intéressantes.
Le Midwest est non seulement la région de naissance de la cinquième génération, mais c’est aussi celle où la reproduction de la seconde génération voit une explosion du nombre d’individus, permettant à l’espèce de se disséminer jusqu’au Canada. Or, cette région est de plus en plus massivement semée en maïs et soja OGM, réduisant à peau de chagrin les zones naturelles où poussent les asclépiades.
Faute de sa nourriture favorite, l’espèce est aujourd’hui en régression et les biologistes plaident désormais pour la préservation de zones essentiellement réservées aux monarques. L’hiver dernier,
les observateurs de l’espèce ont enregistré au Mexique la plus faible concentration de monarques jamais vue.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]