Les rennes du père Noël sont menacés par le climat
Si les rennes ne sont pas inscrits sur la liste des espèces en danger de l’UICN, ils pourraient rapidement l’être. Vivant au-delà du cercle arctique, ces animaux sont particulièrement dépendants de la qualité de leur habitat, soumis aujourd’hui à un réchauffement climatique trop rapide pour eux. Une faible diversité génétique menace quelques sous-espèces d’Amérique du Nord.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le caribou est la version québécoise du renne (Rangifer tarandus), cervidé des régions arctiques de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique du Nord. Certaines sous-espèces ont une diversité si faible qu'elles seraient incapables de s'adapter au changement climatique.
Noël approche et en cette période, les
projecteurs sont rivés sur les
rennes, sans qui le père Noël ne peut délivrer ses présents. L’animal n’est pourtant plus beaucoup utilisé en
Laponie pour les traîneaux. Les
motoneiges ayant pris le relais, il est élevé pour sa viande et sa fourrure.
Le renne, ou
le caribou pour les Canadiens, se trouve aussi en
Amérique du Nord, au
Groenland et en
Eurasie.
L’IUCN ne le considère pas comme menacé d
’extinction. Pourtant, comme beaucoup d’
espèces du Grand Nord, les populations de caribous dépendent grandement de la stabilité climatique. Certaines sous-espèces sont donc directement menacées par le réchauffement actuel.
À partir de données
ADN de différentes populations de rennes (Rangifer tarandus), une équipe américaine a retracé l’évolution
génétique de l’animal au cours des 21.000 dernières années. Durant la dernière
période glaciaire, des troupeaux se sont dissociés et ont migré au sud du
cercle arctique, où à l’abri au pied de
glaciers, c’est-à-dire dans des régions viables et stables. Différentes sous-espèces ont donc peu à peu vu le jour, et elles se sont différenciées sur le plan génétique mais aussi d’un point de vue comportemental. Mais voilà 21.000 ans, la
Terre s’est rapprochée du
Soleil, et
l’hémisphère nord a commencé à se déglacer.
Les rennes d’Eurasie ont alors pu rejoindre
l’Amérique du Nord.
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Rudolphe est le renne au nez rouge, neuvième du traîneau du père Noël. La lumière produite par ses naseaux guide le groupe durant la distribution des cadeaux.La diversité génétique mise à rude épreuveL’étude, dont les résultats sont publiés dans la revue
Nature Climate Change, rapporte que la diversité génétique actuelle des rennes est géographiquement structurée par deux lignées principales. L'une est originaire du nord-est de l’Amérique et y reste confinée, tandis que l'autre, provenant d
’Eurasie, s’est étendue jusqu'à l’ouest de
l’Amérique. La lignée américano-eurasienne a conservé une diversité génétique qui renforce la stabilité de l’espèce. Pour l’autre lignée, elle est beaucoup plus restreinte, ce qui menace sérieusement les groupes.
Avec le réchauffement de
l’océan Arctique, certaines sous-espèces, comme le renne des
bois par exemple, voient leur territoire se restreindre. Ce sous-groupe se nourrit de lichens, dont la qualité dépend majoritairement du
climat. D’après l’équipe du chercheur
Glenn Yannic, les populations d’Amérique du Nord pourraient avoir à migrer plus au Nord dans les prochaines décennies, en raison du
réchauffement climatique. Les espèces les plus septentrionales, de faible diversité génétique, auraient peu de chance de s’adapter à un tel changement, celles du nord-est du continent pourraient bien perdre jusqu’à 89 % de leur patrie actuelle.
« Le renne des bois est déjà une espèce menacée dans le sud du Canada et aux États-Unis, confirme Marco Musiani, co-auteur de l’article. Le réchauffement actuel favorise la disparition de leur habitat dans ces régions. Le caribou a besoin d’un environnement riche en lichens et ce type d'habitats est en train de disparaître. » En biologie, le problème est bien connu. Lorsqu’une population perd sa
diversité génétique, elle perd la capacité de s’adapter aux changements climatiques. Comme lors de l’installation du dernier âge glaciaire, il est probable que le réchauffement climatique actuel sépare davantage les populations et menace la stabilité de l’espèce.
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