L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature a publié un rapport volumineux sur la santé des récifs coralliens des Caraïbes. Basé sur des données recueillies auprès de 35 000 enquêtes couvrant 42 années, il constitue l’étude la plus complète sur les récifs jamais publiée.
Le site Nancyroc.com a publié la mauvaise nouvelle récemment : la majorité des restes des récifs coralliens caribéens pourraient disparaître d’ici 20 ans. Il ne reste que plus qu’un sixième des récifs coralliens d’origine dans les Caraïbes et en deux décennies les récifs restants seront évincés.
La bonne nouvelle c’est qu’il peut y avoir une réponse très simple à ce drame:ne pas tuer les poissons- perroquets. L’étude a révélé que ces herbivores contribuent de façon disproportionnée à la santé de leurs récifs d’accueil en se nourrissant des algues qui étouffent le corail.
L’UICN a cité la population de poissons-perroquets en déclin, ainsi que d’autres mangeurs d’algues tels que les oursins, comme le principal motif de l’effondrement des récifs tropicaux et, ceci, bien avant les effets négatifs du changement climatique. Toutefois, cela pourrait changer au cours des prochaines décennies.
« Même si nous pouvions faire disparaître les changements climatiques demain, ces récifs continueraient leur déclin», a affirmé dans un communiqué ,Jeremy Jackson, auteur principal du rapport et conseiller principal de l’UICN sur les récifs coralliens. « Nous devons immédiatement régler le problème de pâturage pour les récifs afin d’avoir une chance qu’ils survivent aux changements climatiques ».
La dangereuse inaction humaine
Dans tous les cas, les nouvelles données offrent une lueur d’espoir. Parce qu’il est peu probable qu’on puisse arrêter les changements climatiques dans les deux prochaines décennies, comparativement, protéger ces récifs avec des poissons-perroquets et des oursins devrait être une partie de plaisir.
Pourtant, il y a une réponse cynique instinctive à cette logique. Elle se reflète dans le titre du chapitre de l’étude de l’UICN sur la façon dont les dommages des récifs peuvent tout simplement être inversés : ‘’ Possible mais rien ne se fera ’’lit-on sur le site Redditor Angeldust01 . « Du moins pour l’instant. Cela coûte de l’argent et n’apportera pas des bénéfices », poursuit le commentaire.
Bien sûr, il s’agit de Reddit, un des plus grands bastions du défaitisme aveugle sur l’Internet et il doit être pris avec un grain de sel. Mais le commentaire résume bien l’attitude de nombreuses personnes face à l’assaut quotidien de mauvaises nouvelles concernant l’environnement. Peut-être est-ce pourquoi il a été classé comme le meilleur commentaire, malgré des réponses plus optimistes plus bas.
En effet, le fait qu’il peut y avoir une réponse simple à ce problème de conservation particulière rend la chose encore plus atroce. Que faire si les humains ne peuvent même pas avoir la volonté de protéger une espèce et donc de perdre tout un écosystème, qui comprend près d’un dixième des récifs coralliens de la planète ? Cela ressemble à quelque chose que nous ne sommes pas capables de faire. Et pourtant…
Les militants de l’océan doivent être pleinement conscients de la réticence du public à être optimiste quant à la conservation et ils l’ont souvent interpellé spécifiquement sur le sujet. Par exemple, Ayana Johnson, l’un des auteurs du rapport de l’UICN 90, résume les conclusions sur NatGeo.com.
« Cela peut sembler désespéré, mais loin de là! » écrit-elle, pour conclure plus loin, « Il faut espérer que 2014 continue d’être une année d’actions solides pour la conservation des océans. » Le terme ‘’espoir” est devenu un mot d’appui nécessaire aux articles favorables à la conservation. Et le hashtag # OceanOptimism est recommandé par Johnson pour une couverture continue de l’histoire sur les réseaux sociaux.
Espérer un changement
Optimisme et pessimisme sont des réponses valables au rapport de l’UICN et l’avenir des récifs validera sans doute chaque réaction dans une certaine mesure. Heureusement, Johnson a déjà remporté un grand succès sur l’île de Barbuda, qui est sur le point d’interdire la capture des poissons-perroquets et autres brouteurs d’algues et consacrera un tiers de ses eaux côtières pour les réserves marines.« C’est le genre de gestion agressive qui doit être reproduite à l’échelle régionale si nous voulons augmenter la résilience des récifs des Caraïbes», a déclaré Johnson dans le communiqué de presse de l’UICN.
Certains pays des Caraïbes agissent déjà en ce sens…même si c’est pour attirer davantage de touristes. En République Dominicaine, il existe plusieurs programmes pour la protection des récifs coralliens dans les zones touristiques, notamment à Punta Cana. Des pépinières ont été établies pour protéger les coraux et développer des activités de formation et d’éducation pour la communauté, afin de conscientiser les habitants et visiteurs de la nécessité de protéger ces organismes, responsables de la création des plages. Voir notre article à ce sujet.
Par contre, dans le pays voisin, Haïti, la biodiversité est une richesse méprisée. Pire : le milieu marin reflète la catastrophe écologique que subit ce pays depuis des décennies. Aujourd’hui, seules quelques colonies bien établies ont été inventoriées à proximité des îles des Arcadins. Pour le reste, il s’agit essentiellement de colonies stressées ou nécrosées (recouvertes d’une épaisse chape sédimentaire) peu fréquentées par les poissons, révèle la revue Études Caribéennes.Quant aux rares poissons perroquets qu’il y avait principalement dans le Sud d’Haïti, ils sont pêchés et mangés par les artisans-pêcheurs qui, ne disposant que de matériels rudimentaires, épuisent la ressource côtière au détriment de la ressource hauturière.
Depuis 1994, la France a implanté, en Guadeloupe, le centre d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées et la Vie Sauvage (RAC/SPAW). La prise en compte de la protection et de la valorisation des récifs coralliens par la Coopération française a été orientée vers le développement d’aires gérées ou protégées. L’approche retenue consiste à sélectionner un site par pays (le critère étant la qualité de ses récifs coralliens) et de développer une concertation entre les autorités nationales et les populations locales, dans l’optique de négocier un plan de gestion viable à long terme. Le projet a pour objectif de mettre en place une aire protégée marine dans une zone représentative des écosystèmes coralliens. A moyen terme, un réseau d’espaces protégés en écosystèmes coralliens sur l’ensemble des petites Antilles devrait avoir un impact sur la conservation de ces milieux fragiles.
Récifs Coralliens en Péril (Revisité)
Sous la direction de l'Institut des Ressources Mondiales (World Resources Institute - WRI), une vaste collaboration entre de grands instituts de recherche et organisations de conservation a permis de réaliser une étude cartographique mondiale des menaces qui pèsent sur les récifs coralliens de la planète. Ce rapport, intitulé Reefs at Risk Revisited (Récifs Coralliens en Péril -- Revisité), dresse le bilan détaillé des pressions que l'homme exerce sur les récifs coralliens et de leurs effets sur l'état des récifs, et établit des projections sur l'impact socio-économique associé au sein des populations côtières. Narration par Céline Cousteau.
Ceci ne constitue que quelques exemples. Espérons donc que la protection des récifs coralliens sera reproduite à grande échelle.
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Caraïbes : Sauver les récifs coralliens ! ( +vidéo) Par Nancy Roc