Les récifs coralliens isolés de l’Homme surmontent mieux le blanchissement [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le système récifal de Scott repose en bordure du plateau continental australien, sur un socle situé entre 400 m et 500 m de profondeur. Il se compose de trois récifs ressemblant à des atolls.Après un épisode de blanchissement, les récifs coralliens isolés récupèrent mieux qu’on ne le pensait jusqu’alors, à deux conditions. Premièrement, l’eau qui les abrite doit
être de bonne qualité. Deuxièmement, des poissons herbivores doivent être présents en nombre. Bref, il ne faut aucun impact anthropique sur le milieu. Le système récifal de Scott, en Australie, en est la preuve. Les temps sont durs pour les
coraux constructeurs de récifs (soit
845 espèces), puisqu’un tiers d’entre eux serait sur le déclin. L’Homme n’est pas étranger à ce problème. En effet, plusieurs de ses activités (ou leurs conséquences), comme la pollution, la
pêche à la dynamite ou la surexploitation de quelques espèces animales, mettent les
écosystèmes coralliens à mal.
Au-delà d’un certain seuil, ces
facteurs de stress poussent même les coraux à se débarrasser de leurs
zooxanthelles (des
algues unicellulaires), ce qui les fait blanchir puis, dans le pire des cas, mourir.
Des facteurs environnementaux peuvent également provoquer des épisodes massifs de blanchissement. Ainsi, environ 16 % des récifs de la planète ont été détruits en 1998 suite à une
élévation de la température des eaux de surface des océans.
Selon divers spécialistes, un récif touché par ce type d’événement doit, s’il veut récupérer et survivre, recevoir des
larves provenant de sites sains. C’est précisément ce point qui a suscité des craintes chez
James Gilmour de l'université d'
Australie occidentale.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les poissons-perroquets sont herbivores, puisqu'ils consomment des algues, mais certains apprécient en plus manger des polypes (colonies d’individus constituant les coraux).Certains récifs touchés par la catastrophe étant isolés, il leur est donc difficile de recevoir des larves : soit en raison de leur éloignement par rapport à un site épargné, soit parce que les courants océaniques ne s’y prêtent pas.
Sont-ils donc
voués à disparaître à moyen ou long terme ? Pour le savoir,
James Gilmour et plusieurs de ses collaborateurs se sont intéressés au
système récifal de Scott. Il se situe en
mer de Timor, 250 km au large du nord-ouest de l
’Australie. Ce site a vu disparaître 70 % à 90 % de ses coraux en 1998, ce qui a laissé présager le pire à l’époque. Ces inquiétudes étaient infondées selon l'article paru dans
Science, car
les récifs de Scott se portent maintenant à merveille.
La situation était pourtant désespérée. Pour preuve, le nombre de larves recensées sur place a chuté de 94 % les six premières années qui ont suivi le blanchissement, entre 1998 et 2004. Alors, comment expliquer que, malgré tout, le taux de recouvrement des récifs soit passé de 9 % à 44 % en douze ans, ce qui représente une
croissance anormalement élevée ?
Pas d’Homme, donc de l’eau de qualité et des poissons herbivoresSuite à son isolement,
le système récifal de Scott peut se targuer d’avoir des
eaux de qualité, c'est-à-dire non affectées à une échelle locale ou régionale par des activités anthropiques. Ainsi, les colonies de coraux ayant survécu à la catastrophe ont pu afficher des taux de croissance et de survie record durant quelques années, jusqu’à ce que la production de juvéniles soit suffisante et que ces derniers puissent s’
implanter massivement.
Cette installation a été grandement facilitée par un autre facteur d'importance. En l'absence de pêche massive ou destructive, les
poissons herbivores ont pu continuer à vivre nombreux. Or, ils
débarrassent les récifs des macro-algues, et favorisent ainsi
l'implantation d’algues coralligènes, puis la
fixation des larves de cnidaires.
Les récifs isolés peuvent donc récupérer par eux-mêmes après un épisode de blanchissement, surtout lorsque les poissons herbivores sont présents en quantité, et que l’eau est de qualité. Le message est une fois de plus très clair : il faut diminuer les
pressions anthropiques exercées sur les récifs coralliens, pour leur permettre de mieux résister aux perturbations environnementales. Mais est-ce possible à l’heure où les régions tropicales voient leurs populations sans cesse augmenter, tandis que la
température de leurs eaux s’élève ?
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