Lancement de la fusée Ariane 5 avec à son bord les 2 sondes de la mission euro-japonaise d’exploration de la planète Mercure : BepiColombo. Décollage à 3h45 (heure de Paris).
Il est 22h45 sur le Centre spatial guyanais, à Kourou, 3h45 à Paris. Dans la moiteur de la jungle, la nuit semble particulièrement épaisse. La nature bruisse de sons nocturnes inquiétants. Soudain, un éclair de lumière à l’horizon. Le silence se fait. Le temps semble suspendu. Une boule de feu s’élève alors dans le ciel, comme si le Soleil se levait en accéléré. La jungle s’illumine et reprend ses couleurs. Une fusée Ariane 5 vient de prendre son envol. Quinze secondes sont passées quand le tonnerre crépitant des boosters finit par nous arriver, à 5 km de distance. Le spectacle est saisissant, presque brutal. Peu à peu, la lumière s’estompe, illuminant les brumes d’altitude. Pendant plusieurs minutes encore, on peut distinguer la lumière du lanceur qui s’estompe peu à peu dans la nuit. Ne subsiste plus qu’un point de lumière, comme une étoile dont l’éclat se ternirait à vue d’oeil avant de s’évanouir. La fusée poursuit son vol. Elle emporte avec elle l’une des plus ambitieuses missions de l’Agence spatiale européenne : la sonde BepiColombo. Destination: Mercure, à 9 milliards de kilomètres. Après 27 minutes, le deuxième étage de la fusée se sépare du vaisseau spatial, l’un des plus complexes jamais construits par l’Homme. La sonde (une réalisation d’Airbus Defense and Space pour le compte de l’ESA) est composée de quatre «morceaux»: un module de traversée, deux orbiteurs (l’européen Bepi et le japonais Moi) et un bouclier thermique. L’ensemble ne pèse «que» 4 tonnes. C’est la plus petite charge emportée par Ariane 5 dans son histoire. C’est aussi sa première mission planétaire. La première qui s’envole depuis Kourou. Fournaise 74 minutes après le décollage, BepiColombo déploit ses gigantesques panneaux solaires de 30 mètres de long, la longueur d’un terrain de basket. Avant d’affronter la fournaise du Système solaire interne, la sonde est plongée dans un froid glacial et doit vite se réchauffer. Un long voyage l’attend. Sept années d’une trajectoire complexe qui la verra frôler la Terre en 2020, puis Vénus à deux reprises et Mercure six fois. Chacun de ces passages lui permettra de modifier sa direction. Des freinages successifs lui permettront en outre d’approcher la vitesse de Mercure pour se placer enfin en orbite en 2024, après avoir largué son bouclier thermique et son module de propulsion électrique. Commenceront alors les campagnes de mesures des deux engins qui doivent durer un à deux ans.
Objectif: percer les secrets de la plus proche et la plus petite planète du Système solaire. De comprendre, notamment, comment ce caillou à peine plus gros que la Lune parvient à générer son propre champ magnétique. Une curiosité découverte par la sonde américaine Mariner10 en 1973 et confirmée par la mission Messenger de la Nasa entre 2011 et 2014.
BepiColombo, qui a une durée de vie de 8,5 ans dont 7 ans de voyage, tentera entre autres choses de déterminer la composition de la surface de la brûlante planète. Elle devra aussi identifier la nature de la glace qui se cache étonnamment au coeur des cratères polaires qui ne voient jamais la lumière du Soleil. Et expliquer comment les dépressions irrégulières découvertes à sa surface par Messenger, des structures inédites dans le Système solaire baptisées «hollows», ont bien pu se former. À charge ensuite pour les théoriciens et les modélisateurs de raconter quelle peut bien être l’histoire de la formation de cette planète étrange dont la fine croûte masque un immense cœur métallique fondu. L’enjeu est important: c’est toute l’histoire du Système solaire, et de notre planète, qui pourrait s’en trouver bouleversée.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & Le Figaro
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La sonde européenne BepiColombo s’est élancée vers l’enfer de Mercure (vidéo) By Jack35