La surpêche devrait avoir de beaux jours devant elle ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une preuve parmi bien d'autres que la biodiversité marine est en grand danger : les quatre cinquièmes des espèces de poissons établies en Méditerranée sont aujourd'hui surpêchées.Ambitieuse et très déterminée, la Commissaire européenne à la Pêche Maria Damanaki n’est cependant pas la seule à avoir voix au chapitre. Elle a de nouveau pu s’en apercevoir à l’occasion d’une réunion des ministres continentaux de la pêche au Luxembourg…Sa généralisation est nécessaire au regard de l’épuisement des
ressources halieutiques, qui entre autres conséquences amène les pêcheurs européens à se déplacer de plus en plus loin de leurs bases pour honorer la demande grandissante. Certains pays désireux de ménager leurs intérêts à court terme – ou ce qu’ils pensent être leurs intérêts – ne l’entendent cependant pas de cette oreille, procédant à un
lobbying acharné pour contrecarrer les plans d’extension de la pêche durable de la Commissaire.
Supposé entrer en vigueur courant 2014, le texte originel de M
me Damanaki prévoit d’importantes mesures afin d’amener
« de vrais changements par rapport au passé », autrement dit de tenter d’endiguer l’érosion de la
biodiversité marine. Des changements radicaux, mais qui apparaissent indispensables sachant que les dernières estimations des scientifiques font état de 80 %
des stocks de poissons actuellement confrontés à la
surpêche en Méditerranée et 47 % dans l’Atlantique.
Favorable à un système continental de
« concessions de pêche transférables » (NDLR : Déjà en vigueur au Danemark, celui-ci « vise à laisser le marché réguler le nombre de navires tout en responsabilisant les pêcheurs », résument nos confrères de Maxisciences), la Commissaire se heurte en l’occurrence à l’opposition de certains pays (dont la France), mais également d’ONG aux yeux desquelles cette disposition s’apparente à une
« privatisation des mers » qui ne résoudrait rien. Aussi devrait-elle finalement rester au mieux facultative.
Autres pommes de discorde : l’interdiction des rejets en mer de poissons non-commercialisés – une pratique devenue quasiment incontournable -, elle aussi souhaitée par Bruxelles afin d’inciter les pêcheurs à se montrer plus sélectifs, donc plus responsables, et le calendrier. L’objectif fixé par la Commission européenne est de parvenir dès 2015 à ne pêcher que le strict nécessaire pour ne pas empêcher la reconstitution des stocks d’espèces aujourd’hui menacées, mais il est discuté par certains États-membres. La France, l’Espagne ou encore le Portugal souhaitent en outre
« une élimination graduelle des rejets », option jugée plus réaliste, rapporte un diplomate cité par l’
AFP.[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Greenpeace monte au créneauUne position fermement condamnée par six associations de
protection de l’environnement (
Birdlife Europe, Greenpeace,
Océan 2012, Oceana, Seas at Risk et le
WWF) co-signataires d’une tribune dans laquelle elles dénoncent
« les marchandages entre États », qui
« se traduisent par un affaiblissement significatif de la proposition initiale » et limitent la réforme
« au
plus petit dénominateur commun, sans la moindre ambition de parvenir à une pêche durable ou de sauver des emplois de pêcheurs ». « Jusqu’ici, la politique commune de la pêche (PCP) a privilégié le court terme et les intérêts des bateaux européens les plus destructeurs en leur attribuant des subventions et des quotas de pêche trop généreux », poursuit
Greenpeace sur son site Internet, évoquant un
« désastre environnemental ».Même déception du côté de l’eurodéputé EELV (Europe Écologie-Les Verts) et membre de la Commission pêche Jean-Paul Besset, selon lequel
« les ministres fuient face aux enjeux considérables d’une réforme indispensable à la politique de la Pêche » et qui regrette notamment le retrait
« scandaleux » de la proposition de Bruxelles de
« mettre les niveaux de capture au “rendement maximal durable” pour assurer le renouvellement des stocks ». Et d’ajouter :
« Nous devons mettre fin (aux rejets destructeurs de poissons morts). Pour ce faire, nous recommandons une interdiction claire accompagnée de mesures
incitatives permettant une meilleure sélectivité des engins de pêche. De cette façon, les espèces indésirables ne seraient pas pêchées systématiquement et un marché parallèle pour d’autres espèces ne verrait pas le jour ». « Le Parlement européen doit maintenant prendre le relais et
s’assurer du sens de cette réforme en menant les pêcheries vers un avenir durable », a conclu M. Besset. Une mission, sinon impossible, en tout cas très périlleuse.
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