le.cricket Admin
Messages : 51915 Date d'inscription : 23/09/2010 Age : 72 Localisation : Mont de Marsan - 40000 - France
| Sujet: À Bhopal, un drame a succédé à un drame Dim 7 Oct - 18:37 | |
| À Bhopal, un drame a succédé à un drameÀ Bhopal, le quotidien des habitants reste gangréné par la pollution. Vingt-huit ans après une explosion sans précédent, le site sent toujours la mort.C’était il y a bientôt vingt-huit ans. En décembre 1984, une terrible explosion survenait à Bhopal (Inde) dans une usine de l’entreprise américaine Union Carbide, devenue depuis Dow Chemical. Comme pour l’accident de Tchernobyl ( Ukraine), les estimations varient (elles oscillent entre quinze mille et trente mille victimes), mais une chose est sûre : il s’agit aujourd’hui encore de la plus grave catastrophe de toute l’histoire de l’industrie. Une catastrophe qui a aussi donné lieu à une saga judiciaire et demeure très solidement ancrée dans la mémoire des habitants de la capitale de l’État du Madhya Pradesh. Et pour cause : au grand dam des associations de protection de l’environnement, près de trois décennies après, le site n’a toujours pas été décontaminé ! L’accord scellé entre l’État indien et le groupe Union Carbide, qui en 1989 a été condamné à verser une indemnité de quatre cent soixante-dix millions de dollars (environ trois cent soixante-six millions d’euros), exclut en effet la question de la dépollution. Un impair incroyable qui a fait se greffer une tragédie sur une autre.« Les nappes phréatiques seraient polluées dans un rayon de trois à cinq kilomètres. Des concentrations élevées de naphtol, de naphtalène, de chlorobenzène, de mercure, de plomb et d’endosulfan ont été décelées. Ces substances provoquent la dégénérescence du système nerveux et des complications respiratoires », détaillent nos confrères du Monde. De même, quelque trois cent quarante-sept tonnes de déchets continuent de gésir à ciel ouvert. « C’est comme si des cambrioleurs étaient arrêtés après avoir braqué une banque et qu’ensuite la police découvrait un cadavre dans le coffre de leur voiture »Chargée de retirer une partie des rebuts, l’agence allemande de développement GIZ a finalement renoncé à cette entreprise mi-septembre au motif que l’État indien, encore lui, « aurait refusé d’engager sa responsabilité en cas d’accident dans (leur) transport et (leur) manipulation ». L’hostilité des écologistes allemands au transport de substances hautement toxiques vers l’outre-Rhin a fait le reste. Au moment où nous écrivons ces lignes, la situation est donc bloquée, ce qui n’est bien entendu pas sans risques sanitaires sérieux pour les riverains, qui inhalent des produits dangereux et continuent d’utiliser chaque jour une eau polluée. D’après le correspondant du quotidien à New Delhi, ce sont en fait entre quatre mille et douze mille tonnes de produits chimiques qui seraient dispersées dans le sol alors qu ’« aucun centre, en Inde, n’est capable de les incinérer en toute sécurité ». C’est pourquoi « si l’Europe refuse de les traiter, (les détritus) (NDLR : qui, pour nombre d’entre eux, sont entrés en contact avec les nappes phréatiquesbien avant le drame) devront être enterrés en Inde ».Ce casse-tête semble d’autant plus difficile à résoudre que les autorités locales brillent par leur inconséquence. Le gouvernement a ainsi officiellement affirmé en 2009 que le site n’était en proie à aucune pollution (!) Plus tard, le ministre régional chargé des victimes de Bhopal, où de nombreux habitants sont confrontés à de graves problèmes de santé (anémie, maladies de la peau voire cancer), est allé jusqu’à évoquer l’ouverture de la zone contaminée aux touristes. « C’est comme si des cambrioleurs étaient arrêtés après avoir braqué une banque et qu’ensuite la police découvrait un cadavre dans le coffre de leur voiture. Dow Chemical est responsable à la fois de l’explosion de l’usine, qui a tué des milliers d’habitants, et de la pollution des nappes phréatiques qui continue de faire d’autres victimes », soutient Karuna Nundy, avocate des associations de victimes de l’accident de Bhopal, interrogée par Le Monde. Dow Chemical est responsable et même coupable. Dans les faits, c’est hélas une toute autre histoire… Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | |
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