Sciences & Espaces : Messenger le prouve, il y a bien de la glace sur Mercure ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sur cette photo d'un
pôle de Mercure, on a représenté en jaune les zones où le
radiotélescope d'Arecibo avait détecté des signatures de la présence de glace. La sonde
Messenger vient d'en apporter de nouvelles preuves.
Tout comme la Lune, Mercure possède des cratères polaires perpétuellement dans l’ombre où de la glace pourrait se trouver piégée. Voilà 20 ans, des observations conduites notamment avec le radiotélescope d’Arecibo laissaient penser que c’était bien le cas. La démonstration vient d’être apportée par les mesures de la sonde Messenger.La sonde Mariner 10 avait été la première à réaliser des survols
rapprochés de la planète Mercure de 1974 à 1975. Malheureusement, elle n’avait pas examiné toute la surface de la planète et avait délaissé notamment les pôles, laissant sans réponse une question que l’on se posait déjà pour les cratères situés aux pôles de la Lune.
Bien que la température en plein
Soleil à l’équateur sur
Mercure (
700 kelvins) soit suffisante pour faire fondre l’étain et le zinc, elle devrait chuter considérablement dans l’ombre des cratères. Or, du fait de la faible inclinaison de son axe de rotation par rapport à son
orbite,
les pôles de Mercure devaient posséder des
cratères dont les fonds sont plongés dans l’ombre depuis peut-être des milliards d’années.
De la glace sur Mercure trahie par des ondes radars Les calculs indiquaient depuis longtemps que de la glace d’eau provenant des impacts des comètes et des micrométéorites sur la surface de Mercure pouvait se trouver piégée dans ces cratères et y rester stable, sans se sublimer, malgré l’absence d’atmosphère. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La sonde Messenger en train de dresser une carte en fausses couleurs de la surface de Mercure. Elle a effectué un survol complet de la planète.Voilà plus de 20 ans, une étude conjointe menée avec l
es radiotélescopes d’Arecibo,
de Goldstone et du
Very Large Array
(VLA) avait montré que des régions des pôles de Mercure possédaient une réflectivité anormale mais qui s’expliquerait avec la présence de glace d’eau. Pour en avoir le cœur net, il fallait retourner sur Mercure, et c’est ce qui a été accompli grâce au lancement de la sonde
Messenger en 2004.
En orbite autour de
Mercure depuis 2011, elle a rendu possible une cartographie de toute la
surface de la planète et surtout un survol de ses pôles. Ce qui a permis d’utiliser plusieurs instruments aptes à résoudre l’énigme des régions brillantes détectées au radar par
le radiotélescope d’Arecibo. Les
planétologues ont ainsi constaté que ces zones se trouvaient
effectivement associées à des fonds de cratères perpétuellement dans l’ombre depuis des temps immémoriaux.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur cette carte en fausses couleurs du champ des
températures au pôle nord de Mercure, on voit clairement les fonds de cratères où la température est inférieure à -100 °C (zones bleues et mauves). C'est dans ces cratères que l'on a détecté de la glace d'eau.Des millions de flashs
laser dans le domaine de l
’infrarouge proche émis en direction de la surface de Mercure par le
Mercury Laser Altimeter (MLA) de
Messenger ont permis d’enfoncer le clou. Tout d’abord, ces flashs ont servi à dresser une carte de la
topographie de
Mercure, laquelle a permis de déduire le champ des températures de surface de la planète.
Ensuite, les flashs ont confirmé l’existence de zones anormalement brillantes précisément là où une signature de la
présence de glace en surface avait été obtenue avec les ondes radar.
Des neutrons révèlent la présence d'eau sur MercureMais c’est la mesure du flux de neutrons en provenance de la surface des pôles qui a probablement levé les derniers doutes quant à la présence de glace. En effet, le bombardement des
rayons cosmiques provoque en réaction l'
émission de neutrons par les
atomes de la
croûte de
Mercure. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sur ces illustrations, on voit le principe de la détection de la glace (ice) au fond des cratères de Mercure. Les rayons cosmiques (cosmic rays)génèrent un flux de neutrons dans la croûte de Mercure. Ce flux est amoindri par une couche de glace et de matériaux organiques en surface.
Or, les atomes d’hydrogène agissent comme des sortes de filtres pour le flux de neutrons issu de la croûte provoqué par les
rayons cosmiques. Remarquablement, il est possible d’utiliser les mesures des caractéristiques de ce flux, plus précisément sa diminution d’intensité,pour en déduire non seulement la présence d’une couche de glace ou de
molécules organiques riches en atomes d’hydrogène, mais aussi l’épaisseur de ces couches.
Des couches de glace et de matériaux organiques aux pôlesEn joignant les mesures des flux de neutrons aux mesures précédentes, les chercheurs de la
Nasa ont finalement déterminé
qu’aux zones brillantes détectées à
Arecibo correspondaient bien des couches de glace, parfois recouvertes par quelques dizaines de centimètres de matériaux moins brillants et moins riches en hydrogène, agissant comme des isolants thermiques.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, il y a
bien de la glace sur Mercure, la planète la plus proche du Soleil. Trois articles publiés dans Science le prouvent désormais...Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]