L'immobilisation du navire coûte plusieurs dizaines de milliers d'euros par jour à l'armateur.
Un énorme chalutier usine hollandais s'est fait prendre au large de Cherbourg. Il pêchait des poissons trop petits. Navire et hommes d'équipage sont consignés à quai.
C'est sans doute la plus grosse affaire de pêche illégale dans la zone communautaire. Mardi après midi, le patrouilleur Thémis, des Affaires maritimes, décide de contrôler leMaartje Theadora, un chalutier-usine immatriculé en Allemagne. Le navire est en pêche au large du cap d'Antifer, dans les eaux françaises. Il dispose de toutes les autorisations en zone européenne.
« Aspirateur à poissons »
À bord, les contrôleurs relèvent plusieurs infractions. D'abord, les chaluts ont un maillage trop faible pour les espèces visées. Ensuite, au moins la moitié de la cargaison de 4 000 tonnes est constituée de poissons trop petits. Ces espèces cibles sont du maquereau, du hareng, du chinchard. Enfin, le capitaine du navire n'a pas consigné les actions de pêche sur son livre de bord, comme il en a l'obligation.
« C'est une affaire hors-norme, sans précédent en métropole, constate Ronan Le Saout, directeur départemental adjoint aux territoires et à la mer. « Ce navire de 140 mètres, pour 57 hommes d'équipage, est le 2e plus gros de toute la flotte communautaire. D'habitude, il fréquente la mer du Nord où les côtes africaines. » Ne serait-ce que par la valeur de la cargaison, « plusieurs millions d'euros ». À titre de comparaison, le chalutier a, dans ses cales frigorifiques, un tonnage équivalent à la moitié du poisson passant sous criée en une année à Cherbourg. « Un aspirateur à poissons », selon Greenpeace.
Depuis hier matin, leMaartje Theadora, qui appartient à un armement hollandais, est consigné au quai de Normandie, à Cherbourg. Les gendarmes maritimes ont auditionné le commandant, qui ne dit pas grand-chose. Comme l'armateur. On saura ce matin quel type de poursuites engage Éric Bouillard, le procureur de la République. « Nous avons un délai de soixante-douze heures pour trouver un accord ». Si un jugement rapide est possible, l'armateur devra de toute façon payer une amende très lourde. « Elle est calculée en fonction de la valeur de la cargaison et du bateau. Soit plusieurs millions d'euros. » La justice peut aussi envisager la saisie pure et simple du navire. En attendant, le chalutier et son équipage restent à quai.
Thierry DUBILLOT.
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Cherbourg. 2 000 tonnes de pêche illégale dans le bateau-usine [vidéo]