Le commerce des tunnels a repris à Gaza ! 350 des boyaux creusés sous la frontière avec l'Égypte
avaient été endommagés par les bombardements israéliens. Un mois après
la fin des combats, la plupart a rouvert.Par Radjaa ABOU DAGGA (Ouest-France)Un mois après la fin des bombardements israéliens sur la bande de Gaza (16-21 novembre), les abords de la frontière égyptienne, à
Rafah, ont retrouvé leur allure habituelle. Celle d'un grand souk aux multiples toiles de tentes, sous lesquelles débouchent les tunnels creusés par les Palestiniens sous la frontière avec l'
Égypte.
Il y en a entre 1 000 et 1 500, qui permettent au petit territoire
soumis à un strict embargo israélien de s'approvisionner en vivres, en médicaments, en vêtements, en essence, en matériaux de construction... et aux Palestiniens d'aller et venir : environ 5 000 piétons les empruntent tous les jours, moyennant un droit de passage de 30 dollars.
Deux des tunnels sont même suffisamment larges pour permettre
l'importation de voitures complètes.
La première industrie du territoirePendant les huit jours de pilonnage, 350 tunnels ont été endommagés. Pour la plupart, ils ont été rouverts, ce qui a fait les affaires des
« creuseurs », une caste d'ouvriers expérimentés, payés 100 dollars du mètre linéaire.
« J'ai repris le travail dès le lendemain du cessez-le-feu, raconte Mahmoud, 22 ans, simple manutentionnaire.
Les bombardements vont nous donner encore plus de travail, puisqu'il y a besoin de matériaux pour la reconstruction. »Les tunnels sont devenus la première
« industrie » du territoire. Ils génèrent un chiffre d'affaires estimé à 2 milliards de dollars. Le Hamas, seul au pouvoir depuis 2007, délivre les autorisations, essentiellement à ses affidés, devenus les nouveaux riches de la
bande de Gaza. Le permis coûterait 10 000 dollars.
Taxes du HamasLe Hamas prélève aussi des taxes : 15 % sur le prix du transit,
acquittés par le propriétaire de tunnel, et 15 % sur la valeur de la marchandise, réglés par l'importateur.
« Les tunnels génèrent beaucoup d'argent, mais ils en coûtent beaucoup. Je fais travailler 40 personnes, qui se relaient 24 heures sur 24 pour faire transiter la marchandise », explique Abou Mouhammad, le propriétaire d'un boyau.
Malgré l'aération, les rails, la sophistication croissante, on
continue de dénombrer au moins un mort par semaine dans les éboulements, les déraillements, les asphyxies et les accidents divers.
Certains tunnels atteignent les 10 kilomètres de longueur et pénètrent loin dans la ville de
Rafah, débouchant dans des bâtiments et dotés de plusieurs sorties.
Si les tunnels ont été particulièrement visés par l'aviation
israélienne, c'est aussi parce qu'
ils servent à infiltrer des armes, via le Soudan et les Bédouins du Sinaï, une région dont le contrôle échappe largement à l'armée égyptienne. C'est probablement par là qu'ont transité les
Fajr 3 et
Fajr 5 et les
Grad 5, d'une portée de 70 km, utilisés pour la première fois lors du récent conflit.
Radjaa ABOU DAGGA.
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