Un premier circuit électronique en silicium et nanotubes de carbone[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Durs comme l’acier, légers, dix fois moins énergivores que le silicium
et 70 fois plus conducteurs que ce dernier, les nanotubes de carbone
forment un matériau « magique » qui pourrait remplacer le silicium.
Mais les chercheurs ne parviennent pas à en créer de manière à ce qu’ils
soient semi-conducteurs à 100 %. De plus, comme le montre cette
illustration, ces matériaux aggravent leur cas avec leur forme
particulière.Des chercheurs de l’université de Stanford au cœur de la Silicon Valley sont parvenus à créer un circuit électronique hybride à partir de nanotubes de carbone. Alors que ce matériau n’est pas 100 % semi-conducteur, ils ont conçu une puce de silicium pouvant tolérer les imperfections de ces nanotubes.C’est inéluctable, le
silicium finira par atteindre ses limites physiques. La finesse de gravure atteint désormais les 20
nanomètres, mais
Intel prévoit la production de puces dotées d’une finesse de gravure de 11 nm pour 2015. Ensuite, il sera très difficile de faire plus fin. C’est bien pour cette raison que le remplaçant du
silicium est activement recherché depuis quelques années par l’industrie des
semi-conducteurs.
Les regards sont tournés vers le
graphène, et plus particulièrement vers les nanotubes de
carbone, de petites feuilles de
graphène enroulées. Ce matériau est dur comme l’acier tout en étant très léger, possède une
conductivité 70 fois supérieure à celle du silicium, et est dix fois moins
énergivore que ce dernier pour des performances équivalentes. Voilà
quelques mois,
IBM est parvenu à intégrer 10.000 transistors en nanotubes de carbone d’une finesse de 9 nm sur un seul circuit fonctionnel. C’était déjà une véritable prouesse, et il semblait très difficile d’aller plus loin, car il y a un hic de taille.
Les nanotubes actuels pas totalement semi-conducteursLes chercheurs éprouvent des difficultés à transformer ces nanotubes de carbone en véritables semi-conducteurs. Et pour cause : avec les meilleures méthodes de production, les
nanotubes de carbone ne sont semi-conducteurs qu’à 70 %, car il reste toujours trop de
métal et d’imperfections dans le matériau.
De plus, physiquement, les nanotubes ressemblent à des spaghettis, ce qui empire le phénomène. C’est pourquoi des ténors comme IBM, s’ils considèrent les nanotubes de carbone comme une alternative intéressante au silicium, restent sur leur faim lorsqu’il s’agit de créer un circuit complexe.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le robot présenté par le laboratoire de Stanford intègre ce capteur composé de circuits hybrides intégrant des nanotubes de carbone. Ils permettent de transmettre un signal à l’ordinateur pour qu’il puisse réaliser un mouvement. Malgré les imperfections des nanotubes, la puce parvient à interpréter les données reçues, ce qui constitue une prouesse.Plutôt que d’essayer d’améliorer la pureté des nanotubes, des chercheurs de
l’université de Stanford dirigés par les professeurs
Philip Wong et
Subhasish Mitra ont employé une approche plutôt surprenante. Les scientifiques ont décidé de composer avec les
carences du graphène.
Ils sont parvenus à créer un système associant à la fois une puce en silicium et des circuits complexes en nanotubes de carbone. Normalement, cet ensemble ne devrait pas pouvoir fonctionner correctement, en raison des imperfections des nanotubes. Et pourtant, la puce parvient à interpréter correctement le signal transmis par les nanotubes de carbone car elle tolère leurs erreurs.
Puce en silicium et en nanotubes de carbone qui tolère les erreursLes chercheurs ont présenté un robot doté de leur technologie lors de l’
International Solid-State Circuits Conference qui s’est tenue en février à San Francisco. Il est capable de serrer une main humaine lorsqu’elle se rapproche. Pour ce faire, le robot est doté d’une paume intégrant un capteur équivalent à ce que l’on peut trouver sur la plupart des
écrans tactiles. Lorsqu’une main humaine s’en approche, il la détecte. La particularité de ce convertisseur
analogique-numérique ?
Il est constitué de 44 transistors à nanotubes de carbone, placés sur
une tranche de silicium. C'est ce convertisseur qui envoie le signal à
l’ordinateur pour que le robot puisse effectuer sa poignée de main.
C’est la première fois qu’un circuit aussi complexe est fonctionnel.
Si l'équipe reste silencieuse sur la technologie employée pour que la puce tolère les défauts des nanotubes,
Philip Wong est persuadé que la voie que ses chercheurs ont ouverte est la bonne. Il considère en effet qu’il ne sera jamais possible d’obtenir des nanotubes de carbone semi-conducteurs à 100 %, et qu'il faudra donc composer avec ses imperfections. Reste à savoir si les fondeurs vont abonder dans ce sens ou se tourner vers d'autres matériaux comme la
molybdénite, ou encore l'amélioration de la
semi-conductivité du graphène.Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]