Le 26 avril 1986, l'explosion du réacteur n°4 de la centrale ukrainienne de Tchernobyl provoquait le plus grand accident nucléaire à ce jour. 25 ans après, les dommages sur les sols et sur les populations sont toujours visibles. Le récit des événements. Ici, la centrale à l'arrêt en mars 2011.
Le 26 avril 1986, à 1h23 du matin, les ingénieurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl réalisent plusieurs mauvaises manipulations lors d'un exercice et perdent le contrôle de l'installation. Le réacteur numéro 4 entre en fusion. La catastrophe est imminente.
Le réacteur nucléaire n°4 finit par exploser à 1h24 du matin. L'édifice de 2000 tonnes de béton est pulvérisé en moins de 20 secondes. Pendant plus de dix jours, le combustible radioactif a brûlé à l'air libre, rejetant l'équivalent de deux cent bombes du type de celle lancée sur Hiroshima.
Le 27 avril 1986, soit une journée après la catastrophe, seule la population de la ville de Prypiat, aux abords de la centrale, est évacuée. Début mai, toutes les populations quittent la zone dans un rayon de 30 km en raison de l'ampleur de la catastrophe. La ville de Tchernobyl est vidée le 2 mai soit six jours après le drame.
Du 26 avril au 5 mai, un gigantesque incendie ravage le réacteur détruit. Des dizaines de pompiers interviennent sans protection particulière et meurent irradiés. Certains immédiatement, d'autres après plusieurs années de souffrance.
Pour arrêter le brasier et enrayer la contamination de l'air par les éléments radioactifs, des hélicoptères militaires répandent des sacs de sable et de plomb sur l'installation, ici quelques jours après l'explosion. Les pilotes paieront eux aussi un lourd tribut après la catastrophe.
Dès les premières heures suivant l'explosion, des liquidateurs sont dépêchés sur place pour nettoyer les dégâts. Pendant quatre ans, près de 600 000 pompiers, soldats et civils ont travaillé sur la zone au péril de leur vie.
L'explosion nucléaire de Tchernobyl sera cachée au reste du monde par le pouvoir ukrainien jusqu'au 28 avril 1986. Ce sont des ingénieurs suédois de la centrale nucléaire de Forsmank, remarquant des degrés élevés de radiation autour de leur centrale, qui obligeront des soviétiques à communiquer. Ici, des animaux victimes des radiations.
Tchernobyl est la plus grande catastrophe nucléaire : elle est classée 7, accident majeur, sur l'échelle INES, l'Echelle internationale des événements nucléaires. Sur cette photo, des médecins examinent le taux de radiations d'un ingénieur de la centrale le 15 mai 1986.
L'explosion des 192 tonnes d'uranium du réacteur n°4 a dégagé 100 fois de radiations que les bombes d'Hiroshima et de Nagasaki. Contrairement à ce que les pouvoirs publics ont dit, le nuage radioactif qui s'est formé a traversé une bonne partie de l'Europe. Ici, un agriculteur suédois portant une combinaison antiatomique déplace du fourrage contaminé.
Le 29 avril, le nuage de Tchernobyl arrive en France. Le Professeur Pellerin, directeur du Service central de protection contre les rayons ionisants, déclare qu' "aucune élévation significative de la radioactivité n'a été constatée". En réalité, la contamination est très forte notamment dans la forêt du Boréon, dans le Var, dans le Mercantour et en Alsace. Ici, un chercheur de Fribourg vérifie le taux de radioactivité dans des salades contaminées.
Après l'accident du réacteur numéro 4, les trois autres réacteurs de Tchernobyl avaient été arrêtés. Les réacteurs 1 et 2 ont redémarré fin 1986. Ici, deux employées passent le test de radiation à l'entrée de la centrale de Tchernobyl le 23 avril 1996.
Dès l'extinction de l'incendie, des liquidateurs ont construit, en 7 mois, un sarcophage autour des ruines du réacteur n°4. La structure d'acier et de béton mesure 66 m de hauteur et 175 m de long. Les hommes ne pouvaient rester plus de trois minutes sur place en raison des radiations.
Le président de l'URSS Mikhaïl Gorbatchev et sa femme visitent la centrale le 23 février 1989. C'est le premier déplacement d'un officiel depuis l'accident. En pleine "Glasnost" (opération transparence), la catastrophe de Tchernobyl va embarrasser l'Union soviétique et ternir un peu plus son image.
La salle des commandes du réacteur n°4 en 1998. L'opération de test de l'alimentation de secours, réalisée le 26 avril 1986, a fait l'objet de nombreuses erreurs. Malgré la tentative d'arrêt d'urgence, le réacteur est passé hors de contrôle car sa puissance était devenue trop importante. Aux petites explosions a succédé en moins de dix secondes l'explosion du réacteur.
Opérations de réparations de la centrale de Tchernobyl, en décembre 1986. La centrale a connu un autre accident plus méconnu. La salle des machines du réacteur n°2 a en effet été détruite par un incendie le 11 octobre 1991. Certains parlent d'une explosion voire d'un accident nucléaire, mais celui-ci n'a jamais été officiellement confirmé.
Des enfants victimes de Tchernobyl attendent le début de la cérémonie du 20e anniversaire de la catastrophe à Kiev, en 2006. Jusqu'aux années 2060, les dommages sur les générations futures pourraient concerner jusqu'à 35 000 personnes.
Des ouvriers travaillent sur le sarcophage qui recouvre la centrale. Cette première structure ayant rapidement montré des signes de faiblesse, un second sarcophage a été annoncé en 2011. Un projet pharaonique de 105 m de haut, 150 m de long et d'une portée de 257 m. Il fera deux fois la taille de l'Arc de triomphe et son ossature métallique sera près de 3 fois plus lourde que celle de la Tour Eiffel.
Un ingénieur en chef de Tchernobyl manipule devant les photographes le système de sécurité du réacteur numéro 3 de la centrale en 2000. Dernier réacteur en fonctionnement, il a été définitivement arrêté la même année, après des décennies de contestation.
Ville fantôme de Prypyat
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Une photographie de la ville fantôme de Prypyat, la plus proche de Tchernobyl. Ses 45 000 habitants ont tous été évacués dans les trois premiers jours de la catastrophe. Si la ville est restée déserte, plusieurs centaines d'habitants des alentours ont décidé de revenir vivre chez eux, dans la zone interdite, quelques mois ou quelques années plus tard, en quasi-autarcie.
Une photographie de la casse de "Rassoha", dans la zone interdite de Tchernobyl. Ce grand cimetière de métal radioactif rassemble plusieurs centaines de véhicules et d'hélicoptères ayant été utilisés pour éteindre l'incendie de la centrale en 1986.
Un employé de l'ancienne centrale de Tchernobyl photographié en février 2011. Les autorités ukrainiennes ont annoncé qu'elle allaient lever un certain nombre de restrictions autour de la centrale pour permettre aux touristes de la visiter.
La salle de contrôle du réacteur numéro 4. Outre les erreurs immédiates, l'accident est lié à la surexploitation de la centrale et à la passivité de ses responsables. Son chef, Viktor Petrovitch Brioukhanov, était ingénieur en thermodynamique très inexpérimenté en matière de nucléaire. Il a écopé de 10 ans de travaux forcés après la catastrophe.
Un homme tient un compteur geiger devant le sarcophage de la centrale de Tchernobyl en février 2011. Selon les zones et les conditions météorologiques, la radioactivité est encore très importantes à proximité du site. Il faudra attendre plusieurs dizaines de milliers d'années par endroits pour la voir disparaitre.
Selon les estimations, 4000 personnes sont mortes des suites directes de l'explosion de la centrale de Tchernobyl. Les victimes indirectes atteindraient quant à elles la barre des 30 000. Près de 2,5 millions d'Ukrainiens souffrent aujourd'hui encore de problèmes de santé liés à l'accident. 80 000 seulement touchent une pension.
Reconstitution en vidéo reportage Arte (59mn)
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L'accident de Tchernobyl
Une explosion détruit l'un des 4 réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) en service depuis 1977. 135 000 personnes habitant dans la zone des 30 kilomètres autour de Tchernobyl sont évacuées. 15 000 personnes mourront dans les mois qui suivront et les retombées radioactives affecteront la majeure partie de l'Europe. Ce n'est qu'en 2000 que le président ukrainien Leonid Koutchma mettra fin aux activités de la centrale.