Orques dans le parc d'attraction de Mariland - France
Alors que les orques sont des mammifères sociaux, intelligents et qui sillonnent presque toutes les mers du globe, elles souffrent de leur captivité dans les delphinariums du monde entier. Ce qui est certain, c'est que leur souffrance loin d'être seulement physique, est également morale. Et pour quelques-unes, de la détresse à la folie, il n'y a qu'un pas.
Les orques ou épaulards (Orcinus orca) peuvent être vus dans pratiquement n'importe quel région marine, de l'équateur aux eaux polaires. Bien qu'ils soient généralement plus fréquents dans les zones côtières et dans les zones plus riches en ressources et aux plus hautes latitudes, il semble n'y avoir aucune restriction quant à la température de l'eau ou la profondeur de l'eau. Ainsi, les orques sont également présentes dans de nombreuses mers fermées ou partiellement fermées, comme la mer Méditerranée, la mer d'Okhotsk, le golfe de Californie, le golfe du Mexique, la mer Rouge et le golfe Persique, indique l'UICN. Il n'y a guère qu'aux confins de la mer Baltique et en mer Noire que les orques n'ont jamais été aperçus.
Les orques mesurent de 7 à 9 m de long et pèsent entre 5 et 8,5 tonnes. Elles peuvent plonger jusqu'à 60 mètres de profondeur et parcourir 160 km en une journée, avec une vitesse atteignant les 55 km/h. Superprédateur incontesté des océans, l'orque trône au sommet de la chaîne alimentaire et ne craint aucun ennemi, à part l'Homme, même si l'orque n'est pas naturellement agressive envers l'humain.
Enfin, l'orque a une espérance de vie importante : les mâles peuvent vivent jusqu'à 50 à 60 ans et les femelles de 80 à 90 ans !
Les orques, des animaux sociaux...
Les orques vivent en sociétés matriarcales, comme les éléphants qui font preuve d'une sentience remarquable et touchante. Le plus souvent, un groupe d'orque se compose d'une mère, de ses filles et leurs enfants, et peut compter de 3 à 40 individus. Elles communiquent abondamment entre elles, notamment via des infrasons. Les scientifiques parlent d'un véritable langage, qui se déclinerait en dialectes différents suivant le groupe considéré. De plus, les orques font partie des rares espèces (avec les chimpanzés par exemple) à pouvoir transmettre leur expérience aux jeunes générations via un apprentissage qui peut durer des années.
Les orques conservent des relations fortes même avec leurs fils adultes. "Les orques ont ceci d'inhabituel que les mères conservent des relations sociales fortes avec leurs fils adultes toute leur vie", indique une étude parue dans Science en septembre 2012. L'assistance maternelle, dans la recherche de nourriture ou lors de mauvaises rencontres, favoriserait la perpétuation de sa lignée, dans la mesure où le succès reproductif du fils s'accroît avec l'âge.
Qui souffrent de la captivité dans les delphinariums
Les orques appartiennent à la même famille que les dauphins et, tout comme ces derniers, sont malheureusement relativement aisées à dresser. Leur taille imposante, leur beauté et leurs bonds spectaculaires en font des attractions appréciées par les visiteurs des delphinariums. Pourtant, les orques supportent très mal la captivité : leur espérance de vie est fortement diminué et ils souffrent physiquement et moralement de leurs conditions de vie. C'est finalement assez logique : l'orque vit normalement entourée de sa famille dans un milieu calme, aussi grand qu'un océan ; une fois captif, l'orque est souvent isolée et maintenue dans un espace limité à une "baignoire" et ce pendant plusieurs années... De quoi devenir fou, sans parler des conditions des spectacles anthropomorphiques et très bruyants.
"Dans les bassins en béton des delphinariums, des orques se meurent : leur taux de mortalité y est environ 3 fois plus élevé qu'en milieu naturel. La plupart sont nées dans la nature, arrachées à leur famille, comme Namu, le premier d'entre-elles, capturé en 1961 parce qu'il se refusait d'abandonner un petit, prisonnier d'un filet d'un pêche. Namu est emmené jusqu'à Seattle à l'aide d'un enclos flottant, suivi de près par sa famille : 40 orques qui n'auront de cesse d'échanger avec lui. Il mourra après un an de captivité, victime d'une infection bactérienne. Plus récemment, en juin 2010, l'orque Morgan, qui s'était perdue, était recueillie et soignée par le parc de Harderwick aux Pays-Bas. En dépit de la législation, et malgré sa promesse, ce dernier l'a ensuite envoyée à Loro Parque, à Tenerife, où elle participe au spectacle malgré son état préoccupant. Le verdict de la Haute Cour de la Haye devrait être rendu prochainement", indique One Voice.
Des orques en colère qui deviennent agressifs
Captives mais pas seulement : dans les delphinariums, les orques sont dressées à accomplir des numéros tout à fait contre-nature. Leurs relations avec les entraîneurs sont complexes et ces derniers peuvent témoigner de leur sensibilité. Toutefois, dans certains cas, les orques peuvent devenir agressives et s'attaquent à leur dresseur en les intimidant la plupart du temps.
Un dresseur est malmené par une orque au parc SeaWorld de San Diego en 2006.
Dans un ancien Marineland du Pacifique, à Palos Verde en Californie, vivait Orky.Lorsqu'Orky se mettait en colère, on pouvait distinguer divers stades. « D'abord, ses yeux s'injectaient de rouge. Puis (…), il pouvait vous asperger d'un petit jet d'eau. Si vous ne compreniez toujours pas, (…) il frappait l'eau de grands coups de queue (…). Ou bien, si c'était à l'occasion d'une chevauchée avec un entraîneur sur le dos, il emmenait celui-ci au milieu de la piscine et ne le ramenait pas. Pour exprimer le dernier degré de l'irritation, il crachait violemment son jet d'eau. (…) Une fois, un entraîneur particulièrement agressif et dominateur ne comprit pas les signaux (…) d'Orky (…). Poussée à bout, l'orque (…) jaillit hors de l'eau (…), attrapa l'entraîneur dans ses mâchoires, puis le relâcha. » (In Linden, Les lamentations du perroquet, 2002, éditions Fayard). Si ce soigneur a eu la vie sauve, tous n'ont pas eu cette chance comme en témoigne l'histoire de Tilikum et de sa dresseuse.
Tilikum est une orque mâle. Son histoire a fait l'objet d'un film "Blackfish" sorti en juillet 2013, plusieurs fois récompensé et qui devrait être diffusé en France à l'été 2014.
Capturé en 1983 au large de l'Islande, alors qu'il avait à peine 2 ans, ses conditions de détention dans l'un des parcs d'attraction les plus visités aux Etats-Unis, SeaWorld à Orlando (Etats-Unis), sont sans doute à l'origine de son agressivité. Car Tilikum a tué 3 personnes… Mais c'est en 2010, suite à la mort de Dawn Brancheau en février de la même année, en pleine représentation, que le scandale a éclaté. "Blackfish" n'est pas que son histoire. C'est aussi un véritable plaidoyer pour les orques dont la place est dans la Nature... où elles n'ont jamais tué un seul Homme...
Bande-annonce du film Blackfish
Dans l'Union Européenne, 34 delphinariums (dont 3 en France) détiennent 286 orques.Or, aucun d'entre eux ne remplit les exigences qui visent à satisfaire la biologie des cétacés en captivité et à leur apporter un enrichissement environnemental approprié en fonction des espèces. Il s'agit pourtant d'une condition clé de la directive 1999/22/CE du Conseil de l'Europe souligne une enquête de 2011 sur les delphinariums de l'Union Européenne menée par la Whale and Dolphin Conservation Society pour la Coalition européenne ENDCAP en association avec la Fondation Born Free.
Que pouvons-nous faire ?
Le meilleur moyen de mettre fin à ces spectacles, qui n'amusent que nous, est de ne pas y assister. Des pays se sont déjà engagés pour mettre fin à la captivité des cétacés, comme l'Inde, le Chili, le Costa-Rica et la Hongrie. Il serait temps que l'Europe, souvent enclin à donner des leçons aux autres pays, commence à s'interroger sur ses propres pratiques.
Notes :
Les 18 et 19 mars 2014, la coalition ENDCAP et la coalition pour mettre fin à la captivité des cétacés, dont One Voice est membre, organisent à Bruxelles une conférence européenne pour la liberté des cétacés, en présence de Muriel Arnal, présidente de l'association. Son objectif est de proposer un forum d'échanges pour tous ceux qui s'intéressent à la problématique des cétacés captifs et militent pour y mettre un terme.
Sources :
1 - La rebellion des orques - One Voice Rose, N. A. 2011.2 - Killer Controversy: Why Orcas Should No Longer Be Kept in Captivity 3 - Humane Society International and The Humane Society of the United States, Washington, D.C. 16 pp. Orcinus orca 4 - Liste Rouge des espèces menacées de l'UICN
Auteur : Christophe Magdelaine
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Quand les orques se rebellent face à leur geôlier : l'Homme [vidéo] Par Christophe Magdelaine (notre-planete.info)