Marée noire en Mer du Nord : Shell ne dit rien Au moment où nous écrivons, Shell s’efforce de contenir
une fuite provenant d’une conduite d’écoulement de la plateforme Gannet
Alpha, à 180 kilomètres à l’est de la ville écossaise d’Aberdeen. Cette
fuite serait déjà, selon les premières analyses, le pire cas de marée
noire dans les eaux britanniques depuis plus d’une décennie. Face à cette catastrophe,
Shell a choisi de se complaire dans un
greenwashing des plus osés,
requalifiant la marée noire de « pétrole
brillant », et ne donnant absolument pas d’information sur l’accident. L’oléoduc a commencé à fuir mercredi 10 août;
Shell ne le confirmant
publiquement que le … vendredi ! Cela fait donc une semaine, mais nous
manquons encore d’informations pour évaluer l’ampleur des dégâts.
Shell n’a pas confirmé combien de pétrole s’était échappé (même si cette
quantité est évaluée à plus de 200 tonnes c’est à dire plus de 1300
barils, par la compagnie elle-même ) et le géant pétrolier assure au
public que la fuite est « sous contrôle »… alors que selon de nombreux
rapports, le pétrole continue de se répandre de
la plate-forme Alpha
Gannet.
Shell reste dans le flou totalAlors qu’un deuxième point de fuite a été évoqué par le directeur
technique des activités d’exploration et de production de
Shell en
Europe lui même, la compagnie maintient que tout est sous contrôle. Or,
de son propre aveu, la compagnie demeure incapable d’identifier la cause
de la pire marée noire à toucher la mer du Nord en dix ans, la
porte-parole de
Shell, Sally Hepton, a indiqué mercredi 17 août que la
compagnie pétrolière tente toujours de repérer et de colmater la fuite.
Voir les communiqués de la compagnie sur la criseCette nouvelle catastrophe pose une fois encore la question de la
fiabilité des installations offshore en Mer du Nord.
Le forage en mer du
Nord est régulièrement présenté comme une absolue référence en matière
de règlements de sécurité, et les responsables politiques britanniques
n’ont cessé de soutenir que le risque d’un
« Deepwater Horizon » au
Royaume-Uni était extrêmement faible. En fait, ce risque a été
considéré comme tellement minime que les compagnies pétrolières, (BP
notamment ), ont décidé de ne pas le prendre en compte dans leurs
projets.
Le fait que les accidents peuvent évidemment survenir et surviennent !
Les inquiétantes ambitions des pétroliers en Arctique Les événements actuellement en cours en mer du Nord sont également
inquiétants sur un autre point :
Shell est parmi les entreprises qui
cherchent à se lancer dans la course au forage à risque dans l’Arctique.
Et si
Shell ne peut empêcher une marée noire dans l’ »ultra sûre » Mer
du Nord, nous devons nous demander comment la compagnie compte gérer un
accident similaire en Arctique, où les conditions extrêmes signifient
que tout déversement de pétrole serait quasiment impossible à nettoyer?
L’ Arctique, un des derniers endroits protégés de la planète, est
l’habitat d’oiseaux et de mammifères marins uniques au monde. Mais
la
région Arctique renfermerait 90 milliards de barils de pétrole qu’il est
techniquement possible de récupérer, dont 84 % se trouvent en mer. Une
marée noire y aurait des conséquences fatales.Les dangers de l’exploitation pétrolière en Arctique sont immenses.
Il faudrait bien plus de temps à une marée noire pour se dissiper dans
des eaux proches d’un état de glace que dans des eaux plus tempérées.
Températures glaciales, conditions climatiques extrêmes et éloignement
géographique constituent de sérieux obstacles aux interventions de
dépollution. De plus, la présence de nappes d’hydrocarbure dans les eaux
arctiques serait synonyme d’empoisonnement pour un écosystème marin
unique au monde. Les industriels sont incapables de garantir qu’une
marée noire ne surviendra pas, et leurs plans d’intervention en cas de
catastrophe restent largement inadaptés.
Hasard du calendrier, Shell tient en ce moment même un « chat » sur internet sur ce sujet intitulé : « Développer les ressources en Arctique de manière sûre et responsable »…Espérons que les questions seront nombreuses car nous ne
pouvons pas laisser l’Arctique, l’un des derniers territoires sauvages
de la planète, aux mains des pétroliers avides d’or noir !
Source : Greenpeace