Grâce à une start-up américaine, nous pourrions tous très bientôt arborer fièrement des chaussures en cuir… de champignon. Installée à San Francisco, « MycoWorks » a réussi l’exploit de recréer la texture et l’apparence du cuir à partir de matière fongique. Mais ses découvertes dépassent largement l’univers de la mode : une bonne nouvelle pour les peaux de vaches, mais pas que. « Sympa, ta veste en champis » Après le cuir d’ananas, voici venue l’ère du cuir de champignon. Arborant les mêmes propriétés tant au niveau de l’apparence que de la solidité que le cuir animal, la matière a été élaborée au sein du laboratoire de l’entreprise californienne MycoWorks. Le cuir de champignon est souple, résistant, durable et imperméable, tout comme du vrai cuir. Seules différences, l’origine du produit, qui ne repose pas sur l’exploitation et la décimation animale, un bilan carbone qui frôle le zéro et le prix : 5 dollars pour un pied carré de matière. Pour le reste, le cuir de champignon peut être utilisé aussi bien pour la création de vêtements que pour recouvrir des sièges de voiture : la limite est l’imagination.
Afin de parvenir à ce résultat, l’équipe scientifique derrière le projet a utilisé une partie bien précise du champignon : le mycélium. Partie végétative et fibreuse du champignon, elle est à l’origine de la décomposition de la cellulose et de la réorganisation des sucres et protéines. Elle a ainsi permis à l’équipe de transformer des déchets végétaux en matière utilisable, qui pousse en quantité en seulement quelques semaines. Un gain énorme par rapport aux conditions actuelles dans lesquelles sont mis au point les cuirs animaux, qui demandent une exploitation animale très coûteuse en émissions de CO2, et impliquent un traitement animal industriel et inhumain. Il est même possible de faire pousser le mycélium de façon à ce qu’il imite impeccablement différents types de cuir. Il n’y a vraiment plus aucune excuse pour continuer de faire la peau aux crocodiles. Des propriétés uniques ? Soutenu par les universités américaines de Stanford, Berkeley et Columbia, le projet de MycoWorks a déjà été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme outre-Atlantique. Car loin de se limiter au cuir, MycoWorks espère bien faire du mycélium la matière du futur. Qu’il s’agisse d’habillement, de construction, d’isolation, ou de composants électroniques, les créateurs de la start-up travaillent activement à tirer parti de toutes les possibilités permises par le champignon. Ainsi, ils sont d’ores et déjà parvenus à transformer le mycélium en une brique solide, plus résistante aux chocs que nos briques de pierre, capable de s’éteindre toute seule en cas d’incendie, mais aussi de flotter dans l’eau. Un matériau étonnant aux multiples spécificités, qui laisse à penser que les champignons qui jonchent nos forêts pourraient bien venir d’une autre planète !
Actuellement encore en développement, les matériaux révolutionnaires de MycoWorks sont en bonne marche pour redorer le blason d’un organisme souvent associé à l’humidité et à la moisissure. Une image peu reluisante, dont Phil Ross, le scientifique à l’origine du projet, a bien conscience. L’un des plus grands obstacles à l’avènement du fungus dans nos vies résidera certainement dans la capacité des mentalités à concevoir le champignon différemment, sans peurs ni préjugés.