Suite à la mort de Pablo Escobar, le plus grand baron de la drogue de l’époque, tué par la police en 1993, le gouvernement colombien a saisi tous ses biens. Parmi eux, sa luxueuse Hacienda Nápoles au nord-ouest de Bogota, qui servait également de zoo personnel à Escobar. La plupart des animaux exotiques ont été expédiés, mais quatre hippopotames, dont Escobar était particulièrement attaché, ont été abandonnés dans l’étang du domaine.
Les hippopotames furent assez débrouillards malgré les circonstances et ils ne firent pas que survivre, ils prospérèrent. Personne ne sait exactement combien d’entre eux se vautrent dans la boue du principal fleuve de Colombie, le Magdelena. Certains pensent que leur population pourrait compter jusqu’à 80 à 100 individus. De nombreux résidents locaux proches de leur habitat vivent dans la peur. Et puis il y a les dégâts écologiques. De nombreux scientifiques ont affirmé que les hippopotames, en tant qu’espèce envahissante, détruisent la flore et la faune indigènes. L’eau dans laquelle ils défèquent, par exemple, provoque des poussées d’algues dans les rivières et les lacs de Colombie. Cependant, une nouvelle étude publiée par des chercheurs de l’université du Massachusetts à Amherst (Etats-Unis) suggère que l’impact des hippopotames d’Escobar sur l’environnement pourrait être positif, en contrecarrant un passif d’extinctions causées par l’humain.
Les hippopotames ne sont pas les seuls, l’étude ayant révélé que de nombreux herbivores introduits partagent en fait des caractéristiques écologiques essentielles avec les espèces éteintes dans le monde entier, ce qui assure généralement l’équilibre des écosystèmes. L’impact de l’homme a considérablement modifié le paysage écologique dans le monde entier au cours des 100 000 dernières années. Nous avons causé l’extinction de nombreux grands mammifères par la chasse excessive et la destruction de leur habitat, mais nous avons également introduit de nombreuses espèces dans des environnements étrangers, souvent avec des conséquences très négatives pour l’environnement. Mais, parfois, notre activité conduit aussi à des “heureux accidents”, en réensauvageant certaines parties du monde. En Amérique du Sud, des lamas géants erraient autrefois, tandis que le pécari à tête plate se trouvait autrefois sur tout le territoire allant de New York à la Californie. D’autres créatures mythiques ont également parcouru la Terre, comme les glyptodons blindés en forme de tonneau et les paresseux géants. Cette mégafaune est apparue des millions d’années après la disparition des dinosaures, mais elle a brusquement disparu il y a environ 100 000 ans. Leur rôle écologique a été assuré, dans certaines situations, par de grands herbivores que nous avons ensuite introduits. Par exemple, les hippopotames sauvages d’Amérique du Sud ont un régime alimentaire et une taille similaires à ceux des lamas géants éteints, tandis qu’un type bizarre de mammifère éteint, un Notoungulata, partage avec les hippopotames des habitats semi-aquatiques et de grande taille. Ainsi, bien que les hippopotames ne remplacent pas parfaitement une espèce éteinte, ils restaurent des parties d’écologies importantes pour plusieurs espèces. Les chercheurs ont comparé les principales caractéristiques écologiques des espèces herbivores, des éléments comme la taille, le régime alimentaire et l’habitat, qui vivaient avant le Pléistocène supérieur jusqu’à nos jours. Selon Erick Lundgren, auteur principal de l’étude du Centre for Compassionate Conservation (CfCC) de l’université de technologie de Sydney :
Citation :
Cela nous a permis de comparer des espèces qui ne sont pas nécessairement étroitement liées les unes aux autres, mais qui sont similaires en termes d’impact sur les écosystèmes. En faisant cela, nous pourrions quantifier la mesure dans laquelle les espèces introduites rendent le monde plus semblable ou différent de ce qu’il était avant l’extinction. Il est étonnant de constater qu’elles rendent le monde plus semblable.
Selon les résultats, 64 % des herbivores introduits ressemblent davantage à des espèces éteintes qu’à des espèces indigènes locales. Cela inclut les mustangs (chevaux sauvages) d’Amérique du Nord, qui ont remplacé les chevaux prédomestiques qui occupaient la même niche écologique, mais qui ont disparu.
Tableau des herbivores introduit par l’humain et finalement remplaçant une espèce précédemment éteinte. (Oscar Sanisidro/ Université du Massachusetts à Amherst) [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Selon M. Rowan :
Citation :
Beaucoup de gens sont préoccupés par les chevaux et les ânes sauvages dans le Sud-ouest américain, car ils ne sont pas connus du continent à l’époque historique. Mais ce point de vue néglige le fait que les chevaux étaient présents en Amérique du Nord depuis plus de 50 millions d’années, toutes les étapes importantes de leur évolution, y compris leur origine, se déroulent ici. Ils n’ont disparu qu’il y a quelques milliers d’années à cause des humains, ce qui signifie que les écosystèmes nord-américains dans lesquels ils ont été réintroduits ont coévolué avec les chevaux pendant des millions d’années.
Les spécialistes parlent beaucoup des espèces envahissantes, comme il se doit, puisqu’elles sont associées aux dommages causés aux parcs naturels et à 13 % des 953 extinctions mondiales enregistrées jusqu’à présent. Mais dans certains cas, les espèces étrangères (du moins certains herbivores) peuvent réorganiser les écosystèmes, rendant le monde plus semblable à ce qu’il était avant l’extinction.
Colombie : les hippopotames de Pablo Escobar menacent les écosystèmes
L’étude publiée dans The Proceedings of the National Academy of Sciences : Introduced herbivores restore Late Pleistocene ecological functions et présentée sur le site de l’Université du Massachusetts à Amherst : Pablo Escobar’s Hippos May Help Counteract a Legacy of Extinctions.
_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
L’invasion des hippopotames de Pablo Escobar n’est finalement pas si mauvaise ! (vidéo) By Gurumed.com