Alsace : la véritable histoire des sorcières de Rouffach (vidéo) By Jack35
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le.cricket Admin
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Sujet: Alsace : la véritable histoire des sorcières de Rouffach (vidéo) By Jack35 Lun 1 Nov - 22:14
Alsace : la véritable histoire des sorcières de Rouffach (vidéo)
A Rouffach, on célèbre tous les ans la fête des… sorcières. Il faut dire que cette commune du Haut-Rhin, en Alsace, a une longue histoire avec celles qu’on appelait jadis les « auxiliaires du diable ».
La choucroute de la sorcière Cette choucroute n’est pas comme les autres. Amis gourmets, amateurs de lard fumé, de knacks (saucisses de Strasbourg) et de jarrets épais, si vous avez le coup de fourchette vigoureux et l’appétit aussi large que l’imagination, apprêtez-vous à commettre ce péché de bonne chère qui consiste à venir gueuletonner à l’Haxakessel (« le chaudron de la sorcière »), une jolie table du centre de Rouffach, où les murs sont décorés de poupées au nez crochu volant sur des balais… La maîtresse de maison vous y servira sa fameuse haxasurkrut : la choucroute de la sorcière. A la table d’à côté, des habitués vous expliqueront que cette spécialité mêlant le chou fermenté, la charcuterie et les spaetzel (nouilles alsaciennes) provient en réalité du fond des âges : dans toutes les marmites familiales, on a toujours agrémenté de cette manière ce qu’on appelle «la choucroute du lendemain», ces inévitables restes de la veille qui rappellent qu’en Alsace on a souvent les yeux plus gros que le ventre. Mais dans ce restaurant, le festin a un petit goût d’étrange. Car cette adresse où l’on se régale aujourd’hui abritait, entre le milieu du XVe et la fin du XVIIe siècle, le siège local de l’Inquisition. Au sous-sol, dans des caves voûtées dont on peut encore apercevoir l’entrée, se tenaient d’interminables procès en sorcellerie. Les religieux passaient des heures à attendre que des coupables se mettent enfin à table…Les aveux s’obtenaient avec force questions répétées inlassablement selon un protocole codifié par les autorités ecclésiastiques, et qui passait par l’usage de la torture – savamment dosée afin de pouvoir fournir une proie encore réactive aux flammes du bûcher.
Citation :
« Les prévenus n’avaient quasiment aucune chance de s’en sortir »
Rouffach, où au moins une cinquantaine de sorcières furent brûlées, n’était pas un cas isolé. A intervalles réguliers, durant près de deux siècles, l’Alsace eut à subir ces frénésies inquisitrices. Les historiens parlent d’au moins 6 000 exécutions (deux fois plus qu’en Lorraine). Dans la cité de Rouffach, des archives racontent les protocoles interrogatoires de quinze sorcières exécutées entre 1585 et 1627.
Citation :
« A les éplucher, on se rend compte que les prévenus n’avaient quasiment aucune chance de s’en sortir », analyse Romain Siry, le président de la Société d’histoire de la ville.
Les « auxiliaires du diable », comme on les appelait, étaient dans 90 % des cas des femmes, le reste des procès concernant 9 % d’hommes et 1 % d’enfants. Le plus souvent, la déposition finale indiquait une participation à un ou plusieurs sabbats, rendez-vous nocturnes et coquins avec le diable, le tout après avoir mangé goulûment de la viande et du pain sans sel, et descendu quelques litres de vin. Dans les archives, on est troublé par le systématisme des déclarations autant que par l’absence de plaidoirie.
Citation :
« On se doute bien dans ces conditions que toutes ces femmes n’étaient pas des possédées », remarque Romain Siry.
Cette justice expéditive favorisait les règlements de compte, n’importe qui pouvait être accusé. On trouve aussi, parmi les sorcières, nombre de femmes ayant une position plutôt enviée et possédant des biens. Bref, l’image de la forcenée misérable, la bave aux lèvres, mitonnant des potions aigrelettes au fond des bois, n’est qu’un mythe. Ce régime de la peur avait une vertu : maintenir l’ordre établi. Jusqu’au traité de Westphalie (1648), l’Alsace appartenait au Saint Empire romain germanique, mais s’émiettait en de nombreuses seigneuries et cités indépendantes. Résultat, chaque juridiction faisait preuve de zèle pour montrer sa puissance. Quant à l’église catholique, elle redoublait d’ardeur pour contenir l’avancée protestante. Ainsi l’Inquisition fut-elle très active durant la guerre de Trente Ans (1618-1648). D’autant que l’argent des biens confisqués aux sorcières servait parfois à payer les troupes.
« Ces histoires font partie de notre inconscient collectif » Que reste-t-il de tout cela ? Bien plus qu’une choucroute fumante servie dans une taverne : des collines de Bastberg (Bas-Rhin) jusqu’aux vignes de Rouffach en passant par le village de Bergheim où l’on trouve un passionnant musée de la Sorcellerie, les bûchers allumés en place publique ont traumatisé le peuple d’Alsace. « Ces histoires font partie de notre inconscient collectif », résume Thibault Suhr, l’un des organisateurs à Rouffach de la Fête de la sorcière, chaque année à la mi-juillet, à laquelle plus de 10 000 personnes participent le temps d’une soirée forcément endiablée. Au menu : guinguettes, spectacles, stands médiévaux et « sentier de l’étrange », un parcours scénographié où l’on joue à se faire peur…La tradition veut aussi qu’on déguste un philtre à l’amertume particulière, une potion que les vignerons mitonnent en faisant macérer de l’aspérule odorante dans du vin blanc. Mieux vaut déguster le breuvage avec prudence, dit-on. D’autant qu’un mois plus tard, le 14 août, rebelote : au Bollenberg, à quelques kilomètres de Rouffach, la foule se retrouve. Lieu de culte depuis la nuit des temps, la colline est surmontée de la chapelle Sainte-Croix, dédiée à sainte Appoline, mais que les habitants continuent d’appeler « chapelle des sorcières ». Ces dernières se retrouvaient, paraît-il, sur ce sommet pelé. Le lieu est à part : il n’y pleut qu’à raison de 400 millimètres par an, ce qui en fait un des coins les plus secs de France. Un microclimat méditerranéen favorisant une flore insolite : orchidées, géraniums sanguins, tulipes sauvages… De quoi concocter quelques élixirs ? Ce soir-là, l’ambiance est particulière, à mi-chemin de la liesse et du recueillement. Après la retraite aux flambeaux vient la mise à feu du Haxafir («feu des sorcières»), immense bûcher que les villageois ont mis des semaines à élever. La flambée illumine jusqu’au petit matin. De la plaine du Rhin, de la Forêt-Noire, des ballons vosgiens, on en perçoit la lueur. Ainsi rayonne la revanche des sorcières.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & GEO
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le.cricket vous salue bien !
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