La comète C/2002 VQ94 (Linear), avec ses 90 kilomètres de diamètre, était jusqu'à présent la plus grande comète jamais observée. Mais la comète 2014 UN271, aussi appelée la comète Bernardinelli-Bernstein, l'a détrônée. Les observations faites avec le télescope Hubble établissent aujourd'hui en plus que le noyau solide de cet astre est environ 50 fois plus grand que celui des autres comètes en moyenne.
Les comètes ont fasciné ou inquiété les membres des civilisations depuis des siècles et même des millénaires puisque l'on en trouve mention dans Du ciel (en grec ancien : Περὶ οὐρανοῦ, et en latin : De caelo), le fameux traité d'Aristote constitué de quatre livres dans lesquels il expose ses théories astronomiques. Mais ce n'est bien sûr que du temps de Tycho Brahé (qui, par ses observations de la grande comète de 1577, met en évidence qu'elle ne peut être un phénomène atmosphérique et donc située dans le monde sub-lunaire d'Aristote), Newton et de l'astronome Edmond Halley que l'étude scientifique des comètes va vraiment prendre son essor. Une percée fondamentale dans la détermination de la nature des comètes devra toutefois attendre 1949 avec le fameux modèle dit de « boule de neige sale » proposé il y a longtemps par l'astronome Fred Lawrence Whipple, et enfin la mission spectaculaire de la sonde Giotto de l'ESA qui s'est approchée de la comète de Halley en 1986.
Des Chinois à Edmund Halley, l'histoire de la compréhension des comètes. Documentaire extrait du magazine Cassiopée, émission 8 « Les Comètes », texte et voix-off : Jean-Pierre Luminet. France Supervision (1996)
Aujourd'hui, la comète, qui est sur le devant de la scène, s'appelle C/2014 UN271 -- plus communément appelée Bernardinelli-Bernstein au point que Futura lui a déjà consacré plusieurs articles dont les précédents ci-dessous. Les observations menées avec le télescope Hubble confirment que la taille de son noyau solide, la boule de neige sale de Whipple donc, a bien une taille record et une masse d'environ 500.000 milliards de tonnes, ce qui l'est tout autant. Rien à craindre pour la Terre car Bernardinelli-Bernstein s'approchera moins du Soleil que Saturne et elle n'atteindra son périhélie au plus proche de notre étoile qu'en 2031. Bernardinelli-Bernstein, un échantillon du nuage de Oort Dans un communiqué de la Nasa, David Jewitt, professeur de sciences planétaires et d'astronomie à l'Université de Californie à Los Angeles (Ucla), et coauteur de l'article publié dans The Astrophysical Journal Letters (indiquant que, selon les données de Hubble, la taille de Bernardinelli-Bernstein est estimée à 119 ± 15 km) explique que « cette comète est littéralement la pointe émergée de l'iceberg pour une population de plusieurs milliers de comètes qui sont trop peu lumineuses pour être vues dans les parties les plus éloignées du Système solaire. Nous avons toujours soupçonné que cette comète devait être grosse parce qu'elle est si brillante à une si grande distance. Maintenant, nous confirmons que c'est le cas ».
Une présentation de Bernardinelli-Bernstein vue par Hubble. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». Nasa Goddard
Pour arriver à cette conclusion, les astronomes ont pris cinq photos de la comète avec Hubble pendant le temps d'observation qui leur était alloué le 8 janvier 2022. Il a fallu leur faire subir un savant traitement d'image pour extraire les caractéristiques du noyau cométaire dont le rayonnement par réflexion est noyé dans celui de la chevelure (la coma) gazeuse et poussiéreuse qui l'enveloppe. Bernardinelli-Bernstein est sur une orbite elliptique dont la période est d'environ 3 millions, avec un demi grand axe tel qu'elle peut s'éloigner du Soleil d'environ une demi-année-lumière. Elle vient donc clairement du mythique nuage de Oort et elle se trouve actuellement à seulement quelques milliards de kilomètres de notre Étoile, là où les températures sont de l'ordre de - 211 °C. C'est suffisant pour que la glace de monoxyde de carbone se sublime à la surface pour produire la coma. Bernardinelli-Bernstein et ses semblables sont une occasion d'étudier le nuage de Oort et de mieux comprendre l'origine et l'évolution du Système solaire.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Ce diagramme compare la taille du noyau solide et glacé de la comète C/2014 UN271 (Bernardinelli-Bernstein) à plusieurs autres comètes. La majorité des noyaux cométaires observés sont plus petits que la comète de Halley. Nasa, ESA, Zena Levy (STScI)
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
Hubble a déterminé la taille du noyau de la plus grosse comète jamais observée ! (vidéo) Par Laurent Sacco