JOIDES Resolution : un laboratoire au-dessus du Hess Deep ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Séance d’échantillonnage autour des demi-carottes W, parties sur lesquelles les scientifiques peuvent travailler. Au rift du Hess Deep, les forages ont repris. Le puits de forage a été cimenté avec succès. Depuis, une dizaine de mètres de gabbros ont pu être récoltés. Jean-Luc Berenguer, enseignant français de SVT, nous explique comment ces échantillons sont analysés et archivés à bord
du JOIDES Resolution. Découvrons, en images, le travail des scientifiques.Au rift du
Hess Deep, zone de convergence de trois plaques tectoniques du Pacifique, le navire de forage
JOIDES Resolution utilise ses
12 propulseurs pour rester en position au-dessus du puits : il doit en effet rester d’aplomb. Si le navire venait à s’écarter de plus de 150 m, son train de forage ne résisterait pas. À bord, les scientifiques, techniciens et membres de l’équipage collaborent pour effectuer le meilleur
carottage de la couche de gabbro, constituant principal de la
croûte océanique inférieure.
Après les premiers carottages, les géologues avaient finalement décidé de cimenter le puits. En effet, la
croûte océanique supérieure est jeune (1 million d’années), ce qui rend la base de
forage instable. Il aura ainsi fallu cimenter trois fois le puits pour
que ses parois soient suffisamment solides. Finalement, la mission est un succès, le puits est stable et les forages ont pu reprendre.
Bilan : le dernier forage a atteint une profondeur de 111 m en-dessous du
plancher océanique. Avec un taux de recouvrement de près de 10 %, il reste une dizaine de mètres de roche à étudier. Si cela semble moindre, c’est pourtant
satisfaisant pour une matière dure comme le gabbro.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'entrée du puits U14215 J avec son cône, sous 4.850 mètres d’eau.Lorsqu’une
carotte de roche arrive sur le pont, le rituel est immuable.
« On assiste au même ballet des techniciens. Les roches sortent de leur étui de fer protecteur (le core barrel). On les dispose dans leur nouvel écrin : un tube cylindrique en plastique qui constituera la coque de la carotte », détaille
Jean-Luc Berenguer. Une des toutes premières actions, méticuleusement menée par les techniciens, est de bien orienter les roches dans cette enveloppe.
Les analyses de la carotte à bord du navire JOIDES Resolution Le bateau est un laboratoire ambulant. Sitôt les
carottes extraites, elles partent à l'étude. Elles feront alors l’objet de mesures et d’observations par les scientifiques et techniciens à bord. Pour cela, le navire dispose de vastes espaces équipés d’appareils complexes et très performants. Par ailleurs, le
programme IODP a élaboré une procédure d’étude propre à cette mission, dont la première étape consiste à archiver tous les échantillons.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les roches les plus superficielles sont vers l’embout bleu, les plus profondes vers l’embout transparent.
Les échantillons subissent ensuite une batterie de mesures physiques.
« Il s’agit d’évaluer, à l’aide d’appareils de mesure automatisés, la densité, le magnétisme des roches contenues dans les carottes ainsi que la mesure de la célérité des ondes sismiques dans ces mêmes roches », explique
Jean-Luc Berenguer. Les données recueillies sont intégrées dans les
bases de données informatiques du navire.
Les
roches des carottes sont coupées en deux parties symétriques. À l’aide de scies spéciales, deux demi-carottes similaires sont obtenues. L’une est classée « A » (pour archive), l’autre « W » (pour
working, travail en français). Cette carotte A est par la suite stockée sur le bateau, puis acheminée vers un centre de stockage au
Texas, qui regroupe toutes les
carottes prélevées dans l’est du Pacifique. Il y a aussi un centre à
Brême, en
Allemagne et à
Kochi, au
Japon. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Voici le vaste « Core lab » à bord du JOIDES Resolution.La carotte W, source d'informations sur les roches primitives ? La carotte W est celle sur laquelle les scientifiques peuvent prélever leurs échantillons. Les roches sont photographiées, observées avec soin à la loupe et identifiées :
gabbros, troctolites,
schistes verts pour le nom des roches ;
olivine,
plagioclases,pyroxènes pour leurs minéraux constitutifs.
Chaque domaine scientifique a des besoins d’échantillons spécifiques : les pétrologistes utilisent des lames minces pour étudier les minéraux de manière détaillée ; les paléo-magnéticiens se basent sur de petits cubes pour évaluer le
champ magnétique enregistré dans les roches ; les physiciens ont des mesures complémentaires à réaliser comme la
porosité ou la
conductivité des roches ; enfin, les géochimistes traquent les éléments dans de fines poudres de roche.
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Variations des propriétés physiques des roches dans les carottes. De gauche à droite : l'émission de rayons gamma, la résistance, la densité et la porosité de la roche en fonction de la profondeur. « Mais les roches sont précieuses, il faut choisir les échantillons avec soin : on argumente autour des tables afin d’optimiser l’échantillonnage »,raconte
Jean-Luc Berenguer. Les chercheurs vont donc se relayer pour étudier les échantillons dans tous les champs scientifiques représentés. Ils auront, après l’expédition, la primeur de ce matériel exceptionnel, pendant une année.
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