Chant des oiseaux : quel rôle dans la conservation de l’espèce ?
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Le glaucope cendré est l'un des oiseaux emblématiques de la
Nouvelle-Zélande. Il figure même sur les billets de 50 dollars
néo-zélandais. Son nom maori est kōkako, et l'oiseau est souvent
mentionné dans cette culture. Il vole mal, et se déplace souvent en
sautillant de branche en branche, se comportant un peu comme un écureuil.
Relocaliser une espèce
pour la préserver est un projet ambitieux et complexe, car le nouvel
habitat doit parfaitement convenir pour que mâles et femelles
s’accouplent. Chez les oiseaux, il semble que ce soit encore plus
compliqué. Le glaucope cendré, oiseau emblématique de la
Nouvelle-Zélande, change son chant lorsqu’il est délocalisé, ce qui peut détériorer la reproduction.La
déforestation, l’
agriculture ou l’introduction d’un prédateur sont des facteurs de destruction des habitats de nombre d’espèces dans le monde. La
disparition de la savane menace les
lions, la déforestation met en danger les
orangs-outans
et bien d’autres animaux ou végétaux. Pour préserver les espèces
gravement menacées, les écologistes déplacent certains individus dans
d’autres régions plus adaptées.
Mais la relocalisation n’est pas simple.
Le bon développement de la population dans son nouvel habitat dépend de
la qualité de celui-ci, du nombre et du sexe des individus, ainsi que
de la diversité
génétique.
Un glaucope cendré (Callaeas cinerea) est l’un des oiseaux
endémiques de la
Nouvelle-Zélande. Il est notamment célèbre pour son
chant, rappelant des notes d’orgue. Autrefois abondant, il est aujourd’hui classé comme menacé sur la liste rouge de l’
UICN.
Au dernier comptage (effectué en 2004), seuls 400 couples avaient été
recensés.
L’espèce fait l’objet d’un programme de préservation qui
consiste à déplacer un certain nombre d’individus dans d’autres régions
de l’île du Nord, la partie septentrionale du pays.
D’ici 2020,
l’objectif est d’atteindre le quota de 1.000 couples, répartis dans une
vingtaine de réserves. Mais une équipe d’écologistes a récemment mis en
évidence que dans les nouvelles réserves,
les glaucopes ont modifié leur
chant.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Deux glaucopes cendrés de l'île du Nord,
en Nouvelle-Zélande. Ils se distinguent de ceux de l'île du Sud par
leurs bajoues bleues. Cette espèce est menacée, tandis que celle de
l'île du Sud est officiellement éteinte.L’équipe s’est intéressée en particulier aux
individus qui avaient été déplacés du
parc national de Te Urewera vers
deux autres réserves :
Boundary Stream Mainland Island et
Ngapukeriki. D’après
Laura Molles, membre de l’équipe impliquée dans l’étude, la façon de
chanter n’est pas la seule à avoir changé dans les nouvelles
populations, le chant en lui-même également. Ce résultat, dont l’analyse
est détaillée dans la revue
Applied Ecology, est sans précédent et a d’importantes conséquences sur la méthode de conservation.
Vers de nouvelles sous-espèces de glaucopes cendrés ?Les chants des nouvelles populations diffèrent de ceux de la tribu source. Une telle différence peut inhiber l’
accouplement d’un oiseau de la population source avec un individu de la nouvelle
population. Ainsi, chaque nouvelle tribu deviendrait une population
isolée. Il n’y aurait plus de croisement entre les
oiseaux d’habitats différents. En outre, il ne serait plus possible d’importer des individus de la tribu d’origine dans la nouvelle.
Un glaucope cendré apprend à chanter en écoutant ses
parents, ses frères et sœurs ou ses voisins. Le déplacement de
population se fait par petits groupes, si bien que les individus
emportent avec eux dans la nouvelle réserve un faible stock d’éléments
de chant. Par ailleurs, suivant l’échantillon de la population source
déplacé dans la nouvelle réserve, l’
évolution du chant sera différente. Le programme est donc potentiellement en train de
diviser l’espèce en plusieurs sous-espèces qui ne se reproduiront pas
entre elles.
Le chant évolue avec le tempsAfin d’évaluer comment le
déplacement des oiseaux a affecté leurs vocalises, les chercheurs ont enregistré des centaines
de chants dans les trois populations étudiées. Ils les ont ensuite
diffusés pour étudier comment réagissait une population au chant de
l’autre. Les individus dont la relocalisation est la plus ancienne
montrent le plus de changements dans leurs chants.
Pour que la relocalisation de cette espèce soit un succès, il est donc impératif de prendre en compte le
comportement vocal. «
Nous devons être conscients du fait que les facteurs comportementaux
comme le chant peuvent également affecter le succès du programme, note Laura Molles.
Nous devons adapter notre gestion de ces populations en conséquence. »Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]