Greentech : Bioalgostral et son algocarburant valorisant des déchets
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Dans l'Union européenne, il y a déjà en moyenne 7 % de biocarburant dans
le diesel fourni à la pompe (norme EN 590). Par ailleurs, la France et
l'Allemagne sont les deux plus grands producteurs de biodiesel d'Europe.Pour produire un algocarburant à moindre
coût, la start-up réunionnaise Bioalgostral a développé une technologie
permettant de fertiliser la culture de ses microalgues en valorisant des
déchets,
à savoir des eaux usées et les boues d'une station d'épuration. D’ici
quelques années, les insulaires pourront, si tout se passe bien, se
déplacer grâce à un biodiesel local.Les carburants
fossiles participent au
réchauffement climatique en libérant des
gaz à effet de serre, comme le CO
2, lorsqu’ils sont brûlés. Le diesel pose également des questions sanitaires, car les
particules fines émises lors de sa
combustion sont cancérigènes, selon les experts du Centre international de recherche sur le
cancer
(Circ). Ces problèmes expliquent, entre autres, les efforts faits pour
développer de nouveaux carburants produits à partir de la biomasse.
Cependant, les solutions proposées ne sont pas dénuées d’inconvénients. Les
biocarburants de première génération sont ainsi synthétisés grâce à des végétaux riches en huile, comme le
colza. Or, leur production entre en compétition avec les cultures
alimentaires, tout en nécessitant d’importantes quantités d’engrais et
de
pesticides. Les
biocarburants de deuxième génération offrent une alternative intéressante, puisqu’ils peuvent être produits à partir des
déchets végétaux.
Mais la
lignocellulose est difficile à décomposer, ce qui limite
actuellement le développement de cette filière à grande échelle.
Enfin, la troisième génération rassemble les biodiesels produits à partir d
’algues riches en lipides,
ou
algocarburant. Les promesses sont là : cette filière n’exploite pas
de terre, et est jusqu’à 30 fois plus productive que celles des première
et deuxième générations, mais le coût du carburant reste parfois
problématique. Une start-up réunionnaise aurait néanmoins trouvé un
moyen pour le réduire, en
valorisant des déchets présents dans les eaux usées et dans l’
air. Présentation de la technologie Bioalgostral lors du Grenelle de la mer en 2009.
Un algocarburant qui valorise des déchets avec BioalgostralCréée en 2008,
Bioalgostral exploite des
microalgues pour approvisionner les marchés cosmétiques et pharmaceutiques, mais aussi pour produire un
biocarburant qui pourrait être utilisé sur
l’île de la Réunion, au point peut-être
de lui fournir une indépendance énergétique d’ici 2030. En attendant, le
projet en est à sa phase de préindustrialisation.
Les
algues sont mises en culture au sein de photobioréacteurs en
verre (des tubes
transparents) fournis par la firme allemande
IGV Biotech. Cette dernière a également livré un
bioréacteur MUTL de 1.000 m
2 (un démonstrateur) qui permettrait, grâce à sa structure dite
« en couches minces », de doubler le taux de
croissance de la biomasse
par rapport à celui observé dans les photobioréacteurs en verre. Qui
plus est, ce système réduit les investissements requis de 60 %.
Pour grandir dans des conditions optimales, les
microalgues ont besoin de CO
2, puisque ce sont des
organismes photosynthétiques, et de
nutriments.
Là où d’autres projets les fournissent sous la forme d’engrais (ce qui a
un coût),
Bioalgostral a pour sa part décidé d’utiliser des eaux usées
et le gaz émis par les boues d’une
station d’épuration, des ressources disponibles en quantité et peu coûteuses.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Exemple d'un photobioréacteur tubulaire en verre développé
par la société IGV Biotech, qui a 30 ans d'expérience dans ce domaine.
Le système présenté permet de produire des microalgues photosynthétiques
dans un volume de 4.000 litres d'eau.La clé du succès : un couplage avec une station d’épurationAinsi, l’unité de production des
microalgues a été
couplée à la station d’épuration (Step) de la commune de
Sainte Rose.
Grâce aux moyens technologiques développés par
Bioalgostral, les
nitrates et phosphates présents dans les effluents de la station sont récupérés, puis utilisés pour doper la croissance des algues. Les
eaux usées arrivent donc légèrement dépolluées dans les
bassins de traitement, ce qui accélère leur nettoyage.
L’innovation ne s’arrête pas là, puisque le
CO2 requis pour la survie des êtres photosynthétiques est prélevé au niveau des boues de la station, durant leur
méthanisation. Voilà donc comment des déchets sont convertis en
biomasse algale, puis à terme, après avoir subi quelques opérations supplémentaires, en biodiesel.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La station d'épuration de Sainte Rose est dimensionnée pour
7.000 équivalents-habitants (unité de mesure pour évaluer la capacité
d'une station d'épuration).
L’environnement aime : moins de CO2 émis sur l'îleUn projet visant à produire un carburant « vert » en remplacement des traditionnels
dérivés du pétrole ne peut être que bénéfique à terme pour l’environnement et le climat, puisque les
émissions de CO
2 d’origine fossile seront réduites. À cela s’ajoute le fait que le gaz
émis par la station est également capté. Reste à savoir ce que devient
le
méthane produit dans le même contexte.
De par son installation à
la Réunion, il est évident que ce système consomme également moins d’énergie qu’en
métropole puisque, selon des experts, le climat et l’ensoleillement de
l’île sont propices au
développement des algues. Qui dit moins d’énergie consommée, dit aussi moins de CO
2 émis, puisque l’île est alimentée en électricité par deux centrales thermiques.
Que penser du projet de Bioalgostral ?Le projet de cette start-up française présente bien
des avantages, ce qui nous pousse à encourager de telles structures,
notamment dans un contexte où la concurrence risque de devenir rude dans
les années à venir.
On comprend également l’intérêt porté au projet par le groupe
Séchilienne-SIDEC qui exploite les
centrales thermiques de l’île, ainsi que par la société d'économie mixte
Nexa. Ils viennent
d’ailleurs de signer un projet collaboratif avec
Bioalgostral pour
parvenir à faire fonctionner, d’ici quelques années, la turbine d’une
des centrales avec
l’algocarburant produit à la Réunion.
Signalons enfin que
Bioalgostral espère créer 200
emplois à l’horizon 2020, ce qui peut être perçu comme un bon point dans
le contexte actuel.
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L’avenir fera la part belle aux technologies vertes,
ce que de nombreux ingénieurs et chercheurs ont bien compris. Publiée
toutes les deux semaines sur
Futura-Sciences, la chronique
Greentech dévoile
et décrypte les projets innovants, visant à réduire l’impact de l’Homme
sur son environnement, tout exploitant au mieux les ressources
naturelles renouvelables.
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