Sont dans Plongeur.com 1 et 7 ! Quand les tours opérateurs vendent du rêve avec leurs îles du paradis et leurs barrières de coraux, les journalistes scientifiques, eux, expliquent ce qu’ils cachent. Dans le noir et sous le soleil.
Où chercher ? D’abord en Une de Plongeur.com 1, LE numéro de la série Plongeur.com à ne surtout pas manquer tant il contient de trésors ! En couverture, Albert Falco, figure emblématique de l’équipe Cousteau : l’entretien exclusif qu’il avait accordé au magazine est un pur régal. Ensuite, d’autres interviews, à leur façon, valent aussi leur pesant d’or…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Démonstration. A l’instant, le nez collé sur Plongeur.com 1, je découvre ce qu’est un (vrai) plongeur de la gravière d’Alsace et la perle qu’elle abrite. Enfin ! C’est toujours bon à savoir. En effet, à l’époque où j’écrivais L’Amour Bestial, via Facebook l’un des hommes-grenouilles les plus bavards du réseau me « parlait » sans arrêt de sa gravière dont il était dingue. Pourquoi ? Sous pseudo, l’Alsacien entretenait le mystère. Sans jamais y aller franco, il me mettait tout de même sur la voie. Et je finissais par comprendre ce qu’il essayait de ne pas dire tout en brûlant d’envie de le faire…
Qu’on le veuille ou non, Facebook s’immisçant dans la sphère privée pour la rendre publique, notre dernier échange, publique donc, concerna sa photo de la Tour du Bourreau de Strasbourg. Bourreau, mot qui fait froid dans le dos ? Certes, seulement la tour de l’historique exécuteur aux ordres d’instances dirigeantes – la Henckerturm – fait partie du décor au même titre que le marché de Noël planté en hiver… Et si ! C’était la minute Tourisme. Bon, mais rien à voir avec la fameuse gravière ? Tant pis, je ne décrocherais jamais le scoop de l’antre aquatique ? A moins que ? Il suffisait de bien lire Plongeur.com 1 où il était dissimulé à la manière du caméléon.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Où ? A l’intérieur d’un dossier consacré aux recycleurs – façon plongée incognito et sans bruit dans un univers où la bulle est reine -, confidence d’un certain « F12bof » (pseudo à la sauce P.com)… Sans l’intervention de pêcheurs qui lui avaient refilé le tuyau, jamais « F12bof » n’aurait pu sentir la « joie monter en lui » qu’il décrit. Comment ? Ah, le voilà donc le grand secret ! « La queue magnifique, les pointes sur son dos et la forme de la tête : c’est trop beau ! Monsieur m’observe et les quelques perches du coin ont disparu laissant place au maître des lieux. Mais il faut que je te quitte mon ami, je bouge lentement ma main pour lui faire un signe et je promets de revenir bientôt« . Pour découvrir le (vrai) nom et la photo du monsieur d’Alsace, rendez-vous page 45.
Dans le (vrai) monde de la nuit
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le corail peut prendre sur n’importe quel visage : nous en avions déjà parlé ici, car ce travail de récifs artificiels mérite d’être mis en avant… D’autres têtes sont éparpillés au début du magazine et conduisent d’abord au Mexique sous les eaux de Isla Mujeres, « l’île des femmes« . L’oeuvre de l’artiste Jaron DeCayres Taylor représente des êtres humains des deux sexes et même des objets (livres, bouteilles, bureau, téléphone, etc.) à la fois sculptés par sa main, le temps et l’arrivée de nouvelles espèces marines : plongeurs, plongeuses bien sûr mais pas que !
Et de jour, comme de nuit… Enchaînement pour vous signaler que mon article à propos de plongées psychédéliques présente cette face obscure du corail que peu de gens connaissent. Car les coraux sont étonnants à observer dans les lagons baignés de lumière. Mais ils ne le sont pas moins dans le noir où ils se transforment, « s’électrisant » de couleurs fluorescentes dont la plus fréquente est le vert.Pour saisir l’ampleur du phénomène, il faut se mouiller : sortir des sentiers battus, s’équiper avec le matériel adéquat et suivre les pros ! La fluorescence : quand, pourquoi, comment, avec qui ? C’est à lire et à voir dans Plongeur.com 1, page 108.
Dés 1960, le Japonais Osamu Shimomura étudie la bioluminescence verte chez la méduse Aequorea victoria. Il en extrait l’aequorine associant luciférine à luciférase. Isolée, elle émet une lumière bleue, pas verte. Curieux, quelque chose absorbe son bleu (les UV aussi) et le réémet en vert ? Eurêka, une protéine fluo (FP) ! Le biologiste la baptise GFP (Green Fluorescent Protein). Elle lui vaudra un Prix Nobel de Chimie en 2008. Idéale pour marquer des protéines et cellules à suivre à la trace, les chercheurs l’adorent. Ils ont même créé des FP rouges, jaunes, bleues ; et avec leurs gènes, des souris vertes, poissons et cochons brillants dans la nuit. De fluorescer, les pauvres en sont restés médusés…
Dans le (vrai) monde des îles En plein jour, à quoi ressemble ces coraux ? Peut-être aurait-il fallu commencer par là, finalement ? Repassez donc le film à l’envers « sous les sunlights des Tropiques« . Ce sont les mêmes animaux que dans l’obscurité sauf qu’ils se regardent à différentes échelles : depuis le ciel à l’échelle du globe, ou le zoom de l’appareil photo à l’échelle humaine (Jason DeCaires Taylor en a fait une interprétation très réussie !).
Pour comprendre, ouvrez Plongeur.com 7 – avec, en couverture, l’excellent Laurent Ballesta, camarade du non moins excellent coelacanthe – et commencez votre voyage dans cet univers du corail de jour par une sacrée trouvaille : celle de votre première perle… Un indice ? Pendant que vous bossez dur dans le froid et la grisaille, énorme et luisante dans son luxueux écrin naturel, irisée de reflets glacés, elle se dore tranquillement la pilule au chaud, sur une île du Pacifique. Alors, vous l’avez ? Bravo. Continuez de fouiller, vous en trouverez d’autres. N’en doutez pas : dans ce somptueux paysage de cartes postales, c’est fractal !
Quant à mon dossier Corail de jour, lisez-le juste après cette première perle pour saisir comment deux mondes ont pu cohabiter afin de tirer le meilleur parti des richesses du soleil. A l’instar des touristes et des plongeurs, les microscopiques algues symbiotiques du corail en sont friandes… De Plongeur.com 7 à 1, il n’y a donc qu’à feuilleter pour voir se dérouler l’histoire d’un ruban de Moebius corallien qui semblait parfaitement huilé et sans fin. Jusqu’à ce que la pollution liée aux activités humaines et le réchauffement climatique s’en mêlent ! Dans cette perspective, personne ne sait aujourd’hui ce qu’il en adviendra demain…
Les récifs coralliens sont pour beaucoup des bijoux taillés par la tectonique des plaques en premier lieu. On les trouve donc autour d’îles, anciens volcans sous-marins. Bien sûr, l’histoire se déroule sur des millions d’années. D’abord, le pourtour d’une île volcanique nouvellement émergée offre des points d’appui à faible profondeur. L’idéal pour l’installation de polypes et la propagation de colonies… De là se met en place un récif frangeant progressant en périphérie et qui finit par former un platier.
Avec le temps, l’île volcanique s’érode et le plancher sur lequel elle repose commence à s’affaisser. Les coraux à l’arrière du platier en raison de facteurs devenus défavorables (courants moins forts, profondeurs plus faibles, eaux plus chaudes, affleurements, etc.) se meurent et réduits peu à peu à l’état de sable deviennent le fond d’une piscine naturelle, le lagon. Ceux à l’avant prospèrent et constituent un récif barrière dont la pente douce interne donne sur ce lagon, la pente externe plus abrupte sur le large.
Les coraux n’aimant guère les variations de salinité, la barrière peut être de passes due à l’écoulement d’eaux douces depuis l’île en amont (plus rarement de l’intervention humaine, par nécessité pour la navigation). Celles-ci assurent de toniques échanges entre lagon et océan. Du coup, elles attirent du « gros » : requins,dauphins, etc. Certaines sont même des spots de plongée réputés. Ah, Tiputa sur Rangiroa ! Et l’atoll ? C’est ce qu’il reste une fois l’île complètement effondrée sous la surface : un vaste lagon entouré d’un magnifique anneau de corail…
Sculptures, photos et vidéo de Jason DeCayres Taylor
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Jour, nuit : tous les visages du corail… Par Caroline Lepage