Secrets d’ambre [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Avec sa transparence et ses reflets dorés, l’ambre jaune, résine végétale fossilisée, a des allures de pierres précieuses au contenu étonnant. Rien à voir avec l’ambre gris de la mer, étonnant également mais opaque…Extrait du livre Explorations en Terre Animale – L’ambre jaune laisse souvent apparaître toutes sortes de trésors du passé : débris végétaux, moustiques, etc.
Voilà pourquoi il est si prisé par les paléontologues !
L’ambre opaque l’est tout autant. Mais son opacité empêchait jusqu’ici que l’on puisse accéder aux petites merveilles qu’il pouvait contenir…
Malvina Lak, Paul Tafforeau et leurs collègues des
Laboratoires de Géosciences (CNRS) à
Rennes et du
Laboratoire de paléoentomologie du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris ont révolutionné les choses.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
En 2008, grâce aux puissants rayons X du
synchrotron de l’ESRF (Installation Européenne de Rayonnement Synchrotron) de
Grenoble ! Utilisant la technique baptisée
microradiographie en contraste de phase, ils ont pu voir au travers de 640 échantillons vieux de 100 millions d’années, provenant de
Charentes. Ce sont ainsi 356 inclusions animales qu’ils ont pu admirer : acariens, gastéropodes,
fourmis, mouches, guêpes,
vers annélides, etc. dont beaucoup d’espèces jusqu’alors inconnues !
L’ambre gris ? Du vomi de cachalot surnommé « l’or flottant »
Extrait du livre Pourquoi les mouches aiment-elles les crottes ?
S’il ne fait aucun doute qu’une baleine vivante sur cette planète est un trésor inestimable, il faut reconnaître que les cachalots peuvent valoir de l’or, au sens propre ! En effet, ils leur arrivent de rejeter des blocs d’une substance précieuse que certains peuvent avoir la chance de retrouver à Madagascar, en Nouvelle-Zélande, en Australie ou en Norvège par exemple.
Ces grands cétacés raffolent des calmars géants. Or, chaque calmar porte un bec corné très indigeste. Alors, à force d’en manger, le tube digestif du cachalot est irrité et produit des concrétions grasses d’abord très foncées : l’ambre gris.
Comme de simples déjections, l’organisme de l’animal expulse ces morceaux qui, malgré une densité légère, peuvent peser plusieurs dizaines de kilos. Ceux-ci flottent très longtemps et finissent par s’échouer sur le littoral. Avec le temps et sous l’action des éléments, la couleur des morceaux s’éclaircit et leur odeur initiale peu ragoûtante se transforme en une mystérieuse senteur. Musquées, boisées, d’encens : les notes variées de l’ambre gris sont reconnues en parfumerie depuis des siècles et des siècles !
Les chimistes ont pu identifier les molécules qu’il contient : de l’épicoprostérol et surtout de l’ambréine, inodore à l’origine, dégradée ensuite en ambrox et en dizaines d’autres composés donnant ses qualités odorantes à l’ambre gris.
Aujourd’hui, en laboratoire, on sait le reproduire de manière synthétique. Il n’est donc plus nécessaire, comme on le faisait jadis, de partir en quête de la substance naturelle en mer ou d’aller fouiller dans les intestins d’un pauvre cachalot victime de la chasse commerciale à la baleine (interdite depuis 1986 !). Toutefois, l’ambre gris, extrêmement rare et cher reste convoité. On l’utiliserait toujours à l’état de trace comme fixateur de parfums…
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]