Elégante cousine des requins, la plus grande des raies habite les eaux tropicales. Et malgré ses 7 mètres d’envergure, son poids d’une tonne, privée de dard venimeux et se nourrissant de plancton, elle est inoffensive pour l’être humain. L’inverse n’est pas vrai…
Filets de pêche, macrodéchets, pollution chimique et pire, traquée pour ses branchies revendues séchées sur les marchés asiatiques (comme remède de médecine traditionnelle) et le cartilage (de ses pectorales qui fait autant l’affaire que les ailerons de requins dans ces satanées soupes). Bilan ? L’angélique diable des mers – surnom qui lui vient de ses deux cornes céphalique – risque de disparaître !
Or, une femelle ne pouvant se reproduire qu’à partir de 5 ou 6 ans et n’avoir qu’un petit tous les deux ans, la lente reproduction de l’espèce ne pourra bien longtemps compenser les pertes liées aux pressions exercées par l’homme. Le fait qu’il s’émerveille encore devant les loopings de cette créatures aux ailes géantes pourrait, espérons-le, faire peser la balance du côté d’une meilleure protection ?
Car s’émerveiller, il y a de quoi, devant les amours de la manta ! Même si le spectacle qui se joue à moins d’une dizaine de mètres de profondeur a quelques airs parfois de harcèlement de la femelle… Dans un ballet aquatique, à tout berzingue, en effet une horde de mâles excités se lance à sa poursuite. Après une demi-heure de course, un audacieux tente sa chance. Il essaie de mordre l’une des nageoires pectorales de la belle, sorte d’appel du pied ?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Dossier P.com 2 (à télécharger [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien])
A ce moment, il espère bien s’accrocher à elle pour s’accoupler ventre à ventre. Lorsqu’il tient le bon bout, il enfile dans le cloaque de sa partenaire l’un de ses deux ptéryogopodes (comme le requin blanc effectivement, l’une et l’autre étant de la même famille, celle des poissons cartilagineux). En moins deux minutes, le tour est joué ! Il se retire mais pour quelques instants encore, conserve sa conquête en bouche. Le couple se sépare aussi vite qu’il s’est formé.
Ensuite, le temps de gestation sera long, un an environ. Le grand jour, l’espèce étant ovovivipare, la femelle mettra au monde un bébé d’environ un mètre et d’une cinquantaine de kilos (qui se sera développé dans un œuf à l’intérieur de son abdomen). Elle l’expulsera en sautant en l’air puis en retombant dans l’eau. C’est seul que ce petit poursuivra son chemin dans la vie marine.