Faut-il avoir peur de l'aspartame ?[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Dans les sucrettes, les sodas light ou les chewing-gums : l'aspartame
entre dans la composition de nombre de produits. Est-il vraiment
inoffensif ?Méthanol et phénylalanine : deux composés de l'aspartame qui font débat
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| Parmi les composants de l'aspartame, le méthanol fait débat. | |
Qu'y
a-t-il donc dans cette petite sucrette blanche et ronde que vous faites
tomber tous les matins dans votre café et dont le pouvoir sucrant est
200 fois supérieur à celui du sucre ? Regardons-y d'un peu plus près...
L'aspartame est composé à 50 % de phénylalanine. Cet acide aminé pose trois problèmes. -
D'abord, on estime qu'1 personne sur 16 000 souffre de
phénylcétonurie : leur organisme n'est pas capable d'éliminer l'acide
aminé tel que prévu. Il va donc s'accumuler dans le cerveau notamment et
venir endommager les neurones de l'enfant (on est allergique dès la
naissance), créant ainsi des troubles mentaux. - Moins grave :
consommée en grande quantité, la phénylalanine peut provoquer des
troubles intestinaux type diarrhée. Elle est en effet connue pour ses
propriétés laxatives. - Mais, surtout, certains défenseurs des
droits des citoyens dénoncent le potentiel cancérigène de cette
substance, ainsi que de l'acide aspartique, entrant pour 40 % dans la
composition de l'aspartame. La phénylalanine est présente à l'état
naturel dans de nombreux aliments. Sauf que dans l'aspartame, elle n'est
"accrochée" à aucune protéine et va donc se retrouver à l'état libre
dans l'organisme. Or, à 30°C ou plus, elle se transforme en
dicétopipérazine, ou DKP, une substance que certains scientifiques
soupçonnent d'être cancérigène. Autre élément suspecté d'être néfaste pour la santé :
le méthanol, qui représente 10 % de la composition de l'aspartame. Lui aussi est présent dans les aliments naturels comme les légumes, en
grande quantité parfois. Mais il y est alors associé à de l'éthanol, qui
contrecarre son effet nocif. Faute de quoi, il est transformé dans
l'organisme en formaldéhyde, une substance reconnue comme étant
cancérigène.
De l'aspartame jusque dans... Les médicaments
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| De nombreux médicaments contiennent également de l'aspartame. | |
Vous vous dites que toute cette histoire ne vous concerne pas,
puisque vous, vous prenez du vrai sucre dans votre café du matin ?
Détrompez-vous : l'aspartame se retrouve dans beaucoup de produits et il
faut parfois savoir déchiffrer les étiquettes pour le repérer.
Il y a bien sûr
les célèbres petites sucrettes que tout le monde connait. Elles
sont largement publicisées et utilisées dans le cadre de régimes
amaigrissants ou de diabète, puisque le principal avantage de
l'aspartame par rapport au sucre est son aspect non calorique.
Vous connaissez aussi, forcément, toutes ces boissons "light".
Sodas gazeux mais aussi certains jus et autres boissons que l'on est tenté de consommer sans modération puisque non caloriques.
La plupart des chewing-gums, aujourd'hui, doivent leur goût sucré à l'aspartame et non à du vrai sucre, prévention des caries et du surpoids obligent.
Les produits "light" ont également remplacé le sucre par l'aspartame. Yaourts aromatisés, crèmes glacées et autres produits laitiers, chocolat light (!) et même des bonbons sans sucres.
Plus surprenant :
de nombreux médicaments contiennent
eux aussi de l'aspartame. Eh oui, les molécules actives et excipients
de base seuls auraient si mauvais goût que vous, et surtout vos enfants,
rechigneriez vraiment à les avaler. Pour faire passer la pilule, les
fabricants rajoutent donc du
"bon goût", souvent sucré. Et comme ils ne
veulent pas mettre du vrai sucre, ils utilisent assez souvent de
l'aspartame.
Comment déterminer si le produit que vous vous apprêtez à consommer contient ou non de l'aspartame ? Seule solution : lire attentivement l'étiquette. Si vous avez de la
chance, le produit sera mentionné en toutes lettres. Sinon, vous devez
scruter parmi les additifs alimentaires.
L'aspartame sera alors estampillé E951. 92 symptômes répertoriés, en lien avec l'aspartame ?
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| Migraines, crampes ou même troubles neurologiques... La FDA a reçu plus de 10000 plaintes de consommateurs qui estiment leurs symptômes liés à l'aspartame. | |
Si
l'aspartame défraie la chronique depuis quelques mois, les effets
secondaires qu'on lui impute ne datent pas d'hier. Pratiquement depuis
sa mise sur le marché américain, en 1982, la Food and Drug
Administration (FDA), chargée de donner son aval pour la mise sur le
marché des produits alimentaires, a reçu pas moins de 10 000 plaintes
concernant des symptômes que les consommateurs estimaient liés à
l'aspartame. La liste a été rendue publique en 1995, au nom de la
liberté d'information. Plus de 90 symptômes y sont répertoriés.
Reprenons quelques-uns des plus courants.
Maux de têtes et nausées. Les crampes sont fréquemment citées. "Elles peuvent durer des heures parfois",
commente Corinne Gouget, auteur de l'ouvrage "Additifs alimentaires"
paru chez Dangles et membre de l'association Mission possible, fondée
pour dénoncer les méfaits supposés de l'aspartame.
Fatigue, insomnie, troubles de la mémoire... Troubles de l'humeur, hyperactivité et instabilité.
Irruptions cutanées, perte de cheveux. Crampes abdominales, diarrhée... Certains consommateurs rapportent même des
crises d'épilepsie ou des pertes de vision liées, selon eux, à l'aspartame. Sans compter
"les enfants qui naissent prématurément et avec de gros retards mentaux", estime Corinne Gouget. Et
ce que l'on reproche peut-être le plus souvent à l'aspartame : son
aspect cancérigène. On lui impute notamment le développement de
certaines tumeurs du cerveau et de lymphomes.
Etude Ramazzini : des rats pas très en forme
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| L'Institut Ramazzini a étudié les conséquences de l'ingestion quotidienne d'aspartame sur les rats. | |
Plusieurs équipes de chercheurs ont tenté, depuis des années, de
tester l'aspartame pour prouver ou invalider son inocuité. Parmi les
plus assidus, se trouve l'institut Ramazzini, qui a notamment publié
deux études relativement inquiétantes. La journaliste Marie-Monique
Robin les relate dans son livre "Notre poison quotidien". L'institut
italien possède une particularité qui fait toute la différence : au lieu
d'euthanasier les rats 24 mois après le début de l'expérience, il les
laisse mourir de leur belle mort. Ce qui permet de suivre le
développement éventuel de problèmes de santé jusqu'au bout.
Une première étude, en 2006, a ainsi permis de montrer qu'en fin de vie,
les
rats ayant absorbé tous les jours de l'aspartame développaient plus que
la moyenne des lymphomes, des leucémies, des tumeurs rénales et des
tumeurs du nerf crânien. Le tout dès une dose de 20 mg
d'aspartame par jour et par kilogramme, soit moins que la dose
journalière admissible (50 mg par kilogramme aux Etats-Unis, 40 en
Europe).
Soumise à l'autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa),
cette étude a été rejetée au motif que les rats en fin de vie
présentaient des troubles respiratoires qui, selon les experts de
l'Efsa, auraient pu induire le développement de tumeurs. Sauf que le
groupe témoin souffrait du même syndrome respiratoire (logique, puisque
les rats étaient âgés, expliquent les chercheurs à la journaliste
Marie-Monique Robin) et n'a pas développé de tumeurs.
L'Institut Ramazzini publie en 2007 une
seconde étude, qui s'intéresse cette fois aux rates en gestation et,
surtout, à leur descendance. Les futures mamans ont absorbé des doses
quotidiennes d'aspartame comprises entre 20 mg/kg et 100 mg/kg.
Conclusion de l'étude :
lorsque l'exposition commence pendant
la vie fœtale, le risque de développer les tumeurs observées pendant la
première étude augmente de manière très significative. Par ailleurs, les descendantes femelles développaient des tumeurs mammaires.
Cette fois, l'EFSA a justement argué que l'étude n'était pas fiable
puisque ce symptôme n'apparaissait pas lors de la première étude. Un
argument qui a surpris les chercheurs italiens puisque, par définition,
ils cherchaient à vérifier si l'exposition in utero avait un impact
supérieur à l'exposition "classique"...
Etude danoise : l'aspartame responsable d'accouchements prématurés ?
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| Selon l'étude danoise, la consommation régulière de boissons gazeuses édulcorées entraînerait un risque accru d'accouchement prématuré,
déclenché pour raison médicale. | |
Une autre étude européenne a défrayé la chronique cette année, en
provenance du Danemark et publiée fin 2010 dans l'American Journal of
Clinical Nutrition. Le chercheur Thorhallur Halldorsson s'est ainsi
appuyé sur une cohorte de près de 60 000 femmes enceintes, suivies entre
1996 et 2002, suivies dans un but scientifique plus général. Lui s'est
penché sur leur consommation de boissons gazeuses et non-gazeuses,
informations recueillies dans le cadre d'un questionnaire sur
l'alimentation qu'elles devaient remplir.
Il a étudié la consommation de :
boissons gazeuses avec vrai sucre
boissons gazeuses avec édulcorant
boissons non-gazeuses avec sucre
boissons non-gazeuses avec édulcorant.
Il apparaît, selon ses conclusions, que
la consommation d'au moins une boisson gazeuse édulcorée par jour augmente le risque d'accouchement prématuré de 29 %. Un risque qui grimpe à 78% lorsque la consommation est d'au moins quatre boissons de ce type par jour !
La différence existe également pour les boissons non-gazeuses mais
elle est moins marquée : entre 11 % et 29 % de risque supplémentaire
d'accouchement prématuré.
"De plus,
ces naissances prématurées sont des accouchements déclenchés pour raison médicale,
note la gynécologue Marianne Buhler. C'est donc potentiellement plus
inquiétant. Cette étude nécessite des recherches plus approfondies. Il
faudrait notamment connaître les raisons qui ont poussé les médecins à
déclencher ces accouchements."
Searle, découvreuse fortuite de l'aspartame
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| C'est par hasard qu'un chercheur de chez Searle a "découvert" l'aspartame. | |
Comme beaucoup d'inventions du quotidien, l'aspartame n'aurait jamais
vu le jour sans... Le hasard ! Eh oui : un chimiste de la société
Searle travaillait en réalité à la fabrication d'un médicament contre
les ulcères. Un jour, renversant un peu de la préparation sur sa main,
il la lèche et réalise que le produit est très sucré et présente
exactement le même goût que le sucre naturel. A une exception de taille
près : ce produit est sans calories ! La compagnie ne tarde pas à
réaliser la véritable aubaine commerciale que pourrait représenter
l'aspartame.
Dès 1967, la Searle entreprend donc des études afin de prouver l'innocuité de l'aspartame pour pouvoir le commercialiser en tant que produit de l'alimentation.
Sauf qu'il semble que cela ne soit pas si facile que cela. La
journaliste Marie-Monique Robin s'est procuré des correspondances entre
les responsables de la Searle et des scientifiques de la compagnie. Elle
en publie des extraits dans son ouvrage "Notre poison quotidien", qui
font un peu froid dans le dos.
"Nous devons anticiper sur les facteurs qui risquent de poser
le plus de problèmes à la FDA en déterminant lequel d'entre eux en
posera le moins. (...) Lors de notre rencontre avec les
représentants de l'agence, notre philosophie et notre démarche de base
doivent être de les amener à dire oui (...) en créant une atmosphère
positive à notre égard. (...) Ma première inquiétude concerne le DKP et
le manque de données toxicologiques complètes à ce sujet. Je propose
que nous leur présentions une série de postulats de manière informelle
et qui ne nous engage pas, en essayant de les convaincre que ces
postulats sont justes." Question éthique, on a déjà vu mieux !
Essor fulgurantQuand
il apprend que la Searle compte commercialiser un édulcorant contenant
de l'acide aspartique, le scientifique John Olney fait part à la
compagnie d'une étude qu'il avait réalisée concernant les méfaits de
cette substance. Et teste l'aspartame sur des rats, observant les mêmes
dégâts cérébraux qu'avec l'acide aspartique. C'est avec surprise qu'il
découvre quelque temps plus tard, en 1974, que le produit est sur le
point d'être approuvé pour être utilisé dans les produits secs.
Plusieurs chercheurs, dont John Olney, s'étranglent en apprenant cela. Un recours est déposé auprès de la FDA, obligeant l'agence à rendre ses
données publiques. Parallèlement, l'organisme crée un groupe de travail
spécial chargé d'étudier de plus près la validité des études fournies
par la Searle. Le rapport de 500 pages est accablant. Mais après
plusieurs années de tergiversations (voir le chapitre suivant), la
commercialisation de l'aspartame aux Etats-Unis est finalement approuvée
en 1982.
L'aspartame est officiellement né. Il va bientôt connaître un essor
fulgurant. Aujourd'hui, il entre dans la composition de plus de
6 000 produits alimentaire et 500 médicaments. Pas moins de 200 millions
de personnes en consomment régulièrement de par le monde.
Des études à la fiabilité contestée
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Pour comprendre comment l'aspartame a obtenu une autorisation de
mise sur le marché aujourd'hui remise en cause par certains
scientifiques, allons d'abord voir d'un peu plus près comment la FDA
procède pour valider la commercialisation d'un produit.
"Des rats sont morts puis ont été réintégrés à l'étude quelques semaines plus tard" |
La
compagnie qui souhaite mettre en vente un nouveau produit alimentaire
doit, en premier lieu, fournir la preuve de son innocuité. Elle doit
pour se faire réaliser des études scientifiques très cadrées, qui vont
montrer que le produit n'est pas dangereux. Elle soumet alors à
la FDA le résultat de ces études, ainsi que la démarche qui a été
nécessaire pour y parvenir. La FDA va alors étudier les conditions de
réalisation de l'étude, les résultats, poser des questions
supplémentaires si besoin. Au terme de sa réflexion, elle rendra sa
décision d'autoriser ou non ce nouveau produit. En cas de doute, elle
peut aussi demander des informations complémentaires, voire que de
nouvelles études soient conduites.
Le problème, c'est que
ces études d'innocuité coûtent extrêmement cher à réaliser, plusieurs
millions, voire dizaines de millions, de dollars. Qui peut
consacrer une telle somme dans le simple but d'autoriser un produit ? Eh
oui, les compagnies qui souhaitent les commercialiser ! On comprend,
bien, pourtant, le léger conflit d'intérêt inhérent à la situation.
C'est exactement ce qui s'est passé dans le cas de la Searle et de
l'aspartame : toutes les études fournies pour prouver l'innocuité du
produit ont été financées par la Searle.
Erreurs surprenantesEn
revanche, au fil des ans, de nombreux scientifiques se sont intéressés
aux effets potentiels de l'aspartame sur la santé et ont eux-mêmes
conduit des études sur ce produit. Sans passer par un processus
d'autorisation de mise sur le marché, ces études coûtent moins cher et
sont donc réalisables par des laboratoires indépendants. Des chercheurs
américains ont ainsi recensé 166 études sur le sujet. Les 74 commandées
par l'industrie concluaient toutes, sans exception, à l'innocuité de
l'aspartame.
92 études indépendantes étaient recensées, dont 85
concluaient que l'aspartame pouvait comporter un ou plusieurs risques
pour la santé. C'est ce qu'on appelle le "funding effect" : dès
lors que les études sont financées par l'industrie, la probabilité pour
que les conclusions soient favorables à l'entreprise augmente de façon
très sensible. Le cas
"aspartame" va même plus loin :
en
lisant les études de Searle, on s'aperçoit aussi de quelques erreurs
pour le moins surprenantes qui n'ont pas semblé poser problèmes à la
Searle. Prenons deux exemples parmi les plus parlants :
plusieurs rats ont été opérés de tumeurs cérébrales au cours de
l'étude puis y ont été réintégrés ! Sans compter ceux qui ont été
déclarés morts, puis ont été remis dans l'étude pendant plusieurs
semaines, avant de mourir une seconde fois. Des "approximations" qui
sèment le doute quant au sérieux et à la fiabilité de ces études.
Des conflits d'intérêts et des manœuvres politiques en coulisse ?
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Au fil de leurs investigations, le Dr Betty Martini, ancienne
infirmière militant contre l'aspartame, et la journaliste Marie-Monique
Robin ont chacune dévoilé, également, un volet politique de cette
"Affaire Searle".
"Les conclusions ont changé et il semble désormais que l'aspartame soit considéré comme sûr" |
Suite
au rapport du comité d'experts qui avait été créé au sein de la FDA
pour étudier, entre autres, les dangers potentiels de l'aspartame,
l'organisme américain porte plainte contre la Searle en 1977 pour
"rétention de données et fausse déclaration". Une première ! Sauf qu'un événement majeur va venir perturber le cours de la procédure.
Donald
Rumsfeld (oui, l'homme politique que l'on connait tous depuis son
passage dans l'administration Bush Junior) est nommé PDG de la Searle cette même année. Il commence par débaucher le procureur de l'Illinois
qui devait juger l'affaire et l'engage en tant qu'avocat pour la
compagnie, avant de faire de même avec le suivant, qui avait entretemps
laissé traîner l'affaire.
Entrée dans l'administration ReaganEn
1979, le FDA crée une commission d'enquête publique sur l'aspartame
afin de relancer l'affaire. Les conclusions des scientifiques, rendues
en 1980, sont sans appel :
"L'utilisation de l'aspartame dans
les aliments doit être interdite tant que la question de son éventuel
potentiel cancérigène n'a pas été résolue par de nouvelles études." Oui
mais voilà : cette même année, Don Rumsfeld rejoint la toute nouvelle
administration Reagan, tout en restant président de Searle. Quelle est
sa mission au sein du gouvernement ? Restructurer le ministère de la
Santé dont dépend la FDA ! C'est d'ailleurs lui qui nomme Arthur Hayes
nouveau directeur de cette administration. Six mois plus tard,
l'aspartame obtient son autorisation de mise sur le marché.
Les conclusions ont changé et il semble désormais que ce "faux sucre" soit considéré comme sûr, contrairement à ce qui avait pu être supposé par le passé.
Les autres pays, suiveurs de la FDA
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| Ailleurs dans le monde, les autorités sanitaires se sont basées sur les études de Searle et la décision de la FDA pour autoriser l'aspartame. | |
Bien. L'approbation de l'aspartame par la FDA a peut-être été, sinon
trop rapide (presque 8 ans, tout de même), du moins sujette à caution.
Mais aujourd'hui, le produit est en circulation dans la plupart des pays
du globe. N'est-ce pas la preuve qu'il s'agit là d'une substance sûre
et sans danger ?
Pas précisément. Comment ces pays ont-ils décidé d'approuver l'usage de l'aspartame sur leur territoire ?
Ils se sont contentés de suivre l'avis de la FDA, en reprenant les
études contestées de Searle qui avaient servi à valider le produit ! C'est d'abord l'Europe qui a autorisé l'aspartame sur son territoire,
puis les autres pays ont emboîté le pas, sans mener une quelconque
investigation supplémentaire, se contentant des études de Searle.
DJA diminuéeBizarrement, on note tout de même que
la dose journalière admissible (DJA) a été revue à la baisse en Europe :
on passe de 50 mg/kg à 40 mg/kg. Ceci dit, plus personne ne sait
comment ni pourquoi ce chiffre n'est pas le même qu'aux Etats-Unis.
Reste le cas particulier du Royaume-Uni. Un article du Guardian, en
février 1984, révèle un conflit d'intérêt parlant. Le Pr Paul Turner
était à l'époque à la tête du comité britannique qui a approuvé la
commercialisation de l'aspartame sur le territoire. Or, ce même
professeur Turner tenait aussi une chaire de recherche à l'hôpital
Bartholomew de Londres. Chaire de recherche financée par Synthelabo...
une firme de Searle !
En France et en Europe, une revue des nouvelles études
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"La santé du consommateur n'est-elle pas censée primer sur celle de l'industrie ?" |
Dans
un premier temps, les deux dernières études en date, italienne et
danoise, n'ont pas vraiment semblé perturber les autorités sanitaires
européennes. L'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) et
l'Agence nationale de sécurité sanitaires de l'alimentation, de
l'environnement et du travail (Anses) ont toutes deux étudié les
résultats et les protocoles, avant de conclure que rien n'était
suffisamment probant pour remettre en cause l'autorisation de mise sur
le marché de l'aspartame. Elles semblaient notamment remettre en cause
les procédures utilisées par l'institut italien qu'elles jugeaient
insuffisamment fiables. Et finalement, quelques semaines plus tard : retournement de situation. Tout bien réfléchi,
EFSA
et Anses reviennent sur leurs positions. Elles annoncent la mise en
place d'un groupe de travail, "chargé d'évaluer les bénéfices et les
risques nutritionnels des édulcorants intenses et la nécessité
éventuelle d'élaborer des recommandations pour les populations
sensibles, parmi lesquelles les femmes enceintes" !
Principe de précautionL'EFSA
maintient toutefois que les nouvelles publications "n'apportent pas de
bases scientifiques suffisantes pour une réévaluation de l'aspartame au
plan toxicologique" mais souhaite donc "élargir son travail". Il
s'agit d'une avancée notable puisque c'est la première fois depuis la
mise sur le marché de l'aspartame qu'une agence de sécurité sanitaire
semble presque prête à revoir sa position. Toutefois, la logique
du raisonnement échappe aux défenseurs des consommateurs : si on a un
doute quant à l'innocuité de l'aspartame, pourquoi ne le retire-t-on pas
du marché, au moins jusqu'à ce qu'on ait pu prouver qu'il est
inoffensif ? La sécurité du consommateur n'est-elle pas censée primer
sur celle de l'industrie ?
Un avertissement pour les femmes enceintes
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| Un avertissement sur les emballages pourrait bientôt aider les femmes enceintes à choisir des produits sans aspartame. | |
"Contient de l'aspartame (source de phénylalanine et pourrait ne pas convenir aux femmes enceintes)" : telle est la mise en garde qui pourrait être bientôt apposée sur les
denrées contenant de l'aspartame. Tel est le résultat du plaidoyer de la
députée européenne Corinne Lepage auprès du Parlement européen. Cet
amendement a été adopté récemment par la commission environnement, santé
publique et sécurité alimentaire. Une vraie victoire pour les
consommateurs et une belle façon de répondre à l'inertie de l'EFSA, de
la commission européenne et des Etats membres dans ce domaine", a
souligné la députée verte. Son "coup de gueule" fait suite à
l'annoncer des résultats de l'étude danoise qui, rappelons-le, suggère
que la consommation d'au moins un soda gazeux light par jour augmente le
risque d'accouchement prématuré. Voilà donc
un vrai changement dans la façon d'envisager les choses.
Mais il faudra encore attendre avant de voir ces petits avertissements
sur les bouteilles de soda ou les biscuits light. En effet, pour être
adopté, ce texte doit d'abord être voté en séance plénière puis obtenir
l'accord du conseil des ministres. Il reste donc du chemin à parcourir
avant l'éventuelle entrée en vigueur de cette mesure. Ensuite, les fabricants disposeront de trois ans pour se mettre aux normes.
Des alternatives à l'aspartame ?
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| D'autres produits permettent aujourd'hui de sucrer son café sans sucre. | |
Dans le doute, vous préférez vous abstenir de tout produit contenant
de l'aspartame. Mais vous vous demandez comment faire et, surtout, par
quoi le remplacer. Voici quelques idées et conseils.
D'abord, si vous voulez vraiment éviter d'ingérer de l'aspartame,
vous allez devoir faire preuve d'une grande vigilance.
En effet, on en trouve dans plusieurs milliers de produits de
consommation courante, sans nécessairement se douter qu'ils contiennent
ce type d'additif alimentaire. Prenons les céréales par exemple :
nombreux sont les fabricants qui ont remplacé le sucre part l'aspartame,
afin de les rendre moins caloriques. Seule solution : bien scruter les
paquets (à la recherche, rappelons-le, de la mention E951, le code de
l'aspartame pour les additifs alimentaires).
La seconde mesure, toute simple, c'est
d'essayer autant que possible de vous passer du goût sucré si vous souhaitez diminuer votre consommation de sucre. Vous pouvez
tout à fait boire votre thé ou votre café sans sucre, c'est une question
d'habitude. De même que les yaourts et autres compotes n'ont pas
nécessairement besoin de sucre pour être bons. Même quand vous concoctez
des desserts, vous pouvez trouver des recettes où le sucre est réduit à
la portion congrue.
Quant aux sodas... Optez plutôt pour un grand verre d'eau quand vous
avez soif. Et comme les sodas à base d'aspartame, elle contient
0 calorie. Qui dit mieux ?
Vous ne pouvez décidément pas vous en passer ? Betty Martini recommande
"Just like sugar", un nouveau "faux sucre" entièrement concocté à partir d'éléments naturels et sans additif.
Sans oublier la fameuse
stevia qui
a débarqué il y peu de temps en France. Attention toutefois, il n'est
pas rare qu'elle soit transformée et contienne d'autres produits,
notamment pour lui donner son aspect blanc.
Documentaires, livres : on en parle depuis longtemps
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| La journaliste Marie- Monique Robin épingle l'aspartame dans son dernier opus, "Notre poison quotidien". | |
L'aspartame est commercialisé aux Etats-Unis depuis près de 30 ans.
Les récriminations à son égard sont presque aussi vieilles. Mais les
choses semblent s'être accélérées depuis plusieurs années, notamment
depuis que plusieurs journalistes s'en sont mêlés.
Aux Etats-Unis, c'est l'infirmière
Betty Martini qui s'est lancée dans des recherches il y a 20 ans, suite à
la mort d'un proche, qu'elle estimait être liée à l'aspartame. Elle a
alors créé l'association Mission possible et n'a cessé, depuis, de
batailler pour communiquer sur les dangers de l'aspartame. C'est
notamment elle, invoquant la loi sur la liberté d'information, qui a pu
se procurer des informations confidentielles de la FDA, telles que la
liste des 92 symptômes rapportés par les consommateurs.
De nombreux scientifiques, dont
certains ont d'ailleurs travaillé pour la FDA en leur temps, ont tenté
de dénoncer le manque de fiabilité des études et la potentielle
dangerosité du produit. C'est notamment le cas du chercheur John Olney,
qui a tenté d'alerter les autorités à plusieurs reprises. Soulignons
également les travaux de la commission Metzenbaum, au sénat américain,
en 1987, qui a eu le mérite de révéler toutes les incohérences et les
oublis de la démarche de la FDA. C'est d'ailleurs une ex-employée de la
FDA, Jacqueline Verrett, qui y a fait l'une des déclarations les plus
percutantes, dénonçant notamment le manque de professionnalisme des
études de Searle :
"Il est impensable q'un toxicologue digne de
ce nom, après avoir effectué une évaluation complète et objective de ces
données, ne conclue pas qu'il est impossible d'interpréter ces études
et qu'il faut les refaire." En 2007, Cori Brackett, une
journaliste américaine, sort un documentaire qui a depuis fait le tour
du monde, "Sweet misery, a poisoned world". Atteinte depuis
2002 de sclérose en plaques, elle décide de mener une investigation du
côté de l'aspartame, pensant que la substance a peut-être joué un rôle
dans l'apparition de sa maladie, comme dans celle de certains de ses
proches. Au fil de son enquête, elle découvre notamment comment
l'édulcorant a pu être approuvé par la FDA et agrémente son documentaire
de nombreux témoignages de malades qui estiment avoir été empoisonnés
par l'aspartame.
En France, la journaliste Marie-Monique
Robin, célèbre pour avoir dénoncé les pratiques de la firme Monsanto,
principale productrice d'OGM, fait d'une pierre deux coups.
Début 2011, elle sort un nouveau documentaire, "Notre poison quotidien", couplé avec un livre du même nom. Elle y dénonce de nombreuses pratiques industrielles qu'elle dit
dangereuses pour notre santé, et s'intéresse notamment à l'aspartame. La
journaliste s'étonne notamment de la façon dont l'aspartame a obtenu
son autorisation de mise sur le marché, ainsi que du manque d'écoute à
laquelle se trouvent confrontés les scientifiques qui essaient d'alerter
sur les dangers potentiels de cette substance.
Corinne Gouget a également
publié un ouvrage sur les additifs alimentaires, régulièrement remis à
jour et qui s'est déjà vendu à plus de 100 000 exemplaires. Elle est par ailleurs un membre actif de Mission possible en France et
enchaîne les conférences dans le but de mettre en garde le public sur
les dangers de l'aspartame ainsi que sur sa présence insoupçonnée dans
nombre d'aliments du quotidien. En 2008, la journaliste Sylvie Simon
avait également publié un ouvrage,
"Aspartame", reprenant les
principales accusations à l'encontre de cet additif.
Dr Buhler : "Pourquoi prendre un risque inutile ?"
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Le Dr Marianne Buhler est gynécologue, à ce titre, s'intéresse
beaucoup à l'environnement des femmes enceintes et à ses conséquences
potentielles. Elle revient sur l'étude danoise et sur ses conséquences
potentielles.
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| Pourquoi les femmes enceintes prendraient-elles des risques potentiels plutôt que d'appliquer le principe de précaution, se demande le Dr Buhler ? | |
Que pensez-vous de l'amendement voté par la commission
environnement à l'initiative de Corinne Lepage, dans l'espoir d'annoter
une mise en garde aux femmes enceintes sur les produits contenant de
l'aspartame ? C'est une bonne chose à mon avis. Par le simple fait d'informer les
gens, on règle une bonne partie du problème, du moins à notre niveau de
médecins. Ensuite, chacun fait ce qu'il veut, mais en toute connaissance
de cause.
Que vous inspire l'étude danoise reliant la consommation de
boissons à l'aspartame à un taux d'accouchements prématurés plus élevé
que la moyenne ? Je trouve ces conclusions préoccupantes, d'autant qu'on parle d'accouchements déclenchés plus tôt pour raisons médicales.
Mais il faudra des études plus poussées, pour regarder par exemple
quelles étaient les raisons de ces déclenchements prématurés. Et puis il
faudrait mieux comprendre les conséquences possibles de cette prise
d'aspartame. Il y a par exemple cette étude italienne qui montre que sur
les rats, la consommation régulière d'aspartame semble augmenter le
nombre de tumeurs : il faut investiguer !
En attendant, que conseillez-vous aux femmes enceintes qui viennent vous voir ? De ne pas prendre d'aspartame ! Ce n'est pas un médicament, on peut
s'en passer, alors dans le doute, pourquoi prendre un risque ? Attendons
d'en savoir plus. Nous n'allons tout de même pas faire comme pour le
tabac, où nous avons mis 50 ans pour dire aux femmes que fumer pendant
la grossesse était dangereux pour le bébé !
Pourquoi une telle inertie, selon vous, puisque l'on a un doute ? Il y a une sorte de pression je pense. Lorsque l'étude danoise est
sortie, j'ai essayé de publier un commentaire dans une revue
gynécologique spécialisée. On m'a répondu qu'il ne serait pas publié,
parce que le journal ne pouvait tout de même pas se mettre Coca-Cola à
dos !
Comment faire quand on doit éviter le sucre pour des raisons médicales, en cas de diabète gestationnel, par exemple ? Il y a toujours moyen de supprimer ou de diminuer le sucre présent
dans son alimentation sans pour autant le remplacer par autre chose. Il
faut apprendre à manger moins sucré, tout simplement.
.../... à suivre