Selon la classification du niveau de dangerosité d'une éruption volcanique en Indonésie, l'Agung est désormais en alerte rouge, ce qui signifie qu'une éruption importante avec des nuées ardentes est possible dans les 24 heures. Des lahars sont déjà observables autour du volcan à Bali. Ce qu'il faut retenir
Les volcans indonésiens fertilisent les sols avec leurs éruptions explosives. Mais, parfois, ils peuvent aussi prendre de nombreuses vies, comme lors des éruptions de l'Agung, sur l'île de Bali, en 1963.
Depuis août 2017, ce volcan donnait des signes de reprise d'activité avec la multiplication de petits séismes sous l'édifice volcanique, conduisant finalement aujourd'hui les autorités indonésiennes à évacuer 100.000 personnes dans un rayon de 8 à 10 km autour du volcan.
L'activité éruptive a débuté le 21 novembre, perturbant un peu le trafic aérien à partir du 25 novembre, mais elle restait encore relativement modérée. L'alerte est désormais maximale et on craint une éruption explosive de forte puissance avec des nuées ardentes. Des lahars se forment déjà.
L'aéroport international de Denpasar, la capitale de la province indonésienne de Bali, est fermé ce lundi au moins.
Interview : quels sont les dangers du volcanisme ? La vie près des volcans n’est pas toujours paisible. En cas d’éruption la population est soumise à divers dangers dont certains peuvent être fatals. Futura-Sciences a rencontré Jacques-Marie Bardintzeff, docteur en volcanologie, pour qu’il nous parle de ces menaces.
L'activité éruptive de l'Agung se poursuit ce lundi 27 novembre 2017 et elle inquiète suffisamment les autorités pour que l'aéroport international Ngurah Rai, près de Denpasar, la capitale de la province indonésienne de Bali, ait été fermé au moins jusqu'à demain. Au dernières nouvelles, 445 vols ont été perturbés et environ 59.000 passagers en ont subi les conséquences. Des lahars, ces coulées de boues bien connues en Indonésie puisque leur nom en provient, sont apparues autour de l'Agung. Mais elles n'ont pas fait de victimes, comme ce fut le cas en 1963 lors de la dernière éruption du volcan. Les autorités avaient heureusement fait déplacer les populations qui pouvaient être menacées d'après les volcanologues. Ces derniers sont effet capables d'estimer les risques en prenant en compte la topographie des terrains, l'histoire du volcan, voire en se basant également sur des simulations d'écoulements de cendres crachées par un volcan et emportées sous l'action des pluies.
Des images des lahars autour de l'Agung. Liputan6.com
Les volcanologues pensent que le stade des éruptions purement phréatiques est dépassé et qu'est arrivé celui des éruptions magmatiques avec de la lave à l'air libre dans le cratère du volcan. Il reste toujours difficile de prévoir comment l'activité éruptive va évoluer mais le risque d'une éruption particulièrement explosives avec des nuées ardentes est maintenant nettement plus élevé. La volcanologie ayant progressé depuis 50 ans grâce à des pionniers comme Haroun Tazieff et l'Agung étant particulièrement surveillé, il est vraisemblable que le pire sera évité. Rappelons qu'en 1963 les nuées ardentes et les lahars de l'Agung avaient fait plus de 1.500 victimes.
Pour en savoir plus
À Bali, les éruptions du volcan Agung inquiètent ! Article de Laurent Sacco publié le 27/11/2017 Autour du volcan Agung, sur l'île de Bali, la menace d'une grave éruption se précise ces derniers jours avec deux éruptions phréatiques en une semaine, la dernière étant peut-être déjà devenue magmatique. Des panaches de cendres montent à plusieurs milliers de mètres et certaines compagnies ont annulé des vols d'avions. Il y a presque deux mois, le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff avait expliqué à Futura qu'il était très difficile de faire des prédictions quant à l'évolution de l'activité du volcan Agung, sur l'île de Bali, qui donnait malgré tout des signes d'éruption imminente. Les autorités risquaient de maintenir pendant une longue durée, bien qu'indéterminable, un niveau d'alerte et une évacuation des populations dans un périmètre autour de l'Agung. L'éruption de 1963, avec son lourd bilan humain, étant encore tristement dans les mémoires. Le mardi 21 novembre 2017 à 17 h 05 (heure locale), l'Agung entrait finalement en éruption en crachant un panache de cendres qui a atteint environ 700 mètres de hauteur. Toutefois, il s'agissait d'une éruption phréatique, c'est-à-dire uniquement le produit d'une masse d'eau transformée en vapeur en contact avec de la matière à haute température. Les habitants étaient priés de ne pas s'approcher à moins de 7 kilomètre du volcan et le niveau d'alerte était passé de jaune à orange. Le trafic aérien n'était pas devoir être affecté.
Des images de l'éruption phréatique qui a débuté sur l'Agung le samedi 25 novembre 2017. Le panache de cendres montait initialement à 1.500 mètres d'altitude environ et n'était donc pas inquiétant pour le trafic aérien de la région. Hitz Bali Channel
L'Agung en alerte rouge et le trafic aérien perturbé La situation est cependant en train de changer car le samedi 25 novembre 2017 une seconde éruption phréatique de plus grand importance s'est produite avec un panache de cendres montant à 1.500 mètres. Le niveau d'alerte a été augmenté mais était resté orange. Cependant, la hauteur des panaches n'a fait que croître pour atteindre plusieurs milliers de mètres depuis et des dizaines de vols ont été annulés par des compagnies, bloquant notamment des touristes sur Bali. De nombreuses vidéos de cette éruption sont déposées sur YouTube montrant des phénomènes éruptifs. Ce dimanche, leur nature restait incertaine. De phréatique l'éruption est-elle passée à phréatomagmatique voire carrément magmatique, avec de la lave sortant directement du cratère. Les couleurs rouges-orangées visibles sur des images du panache de cendres de l'Agung à la nuit tombante hier sont dues au Soleil couchant. Mais certains voient dans les images de webcams de l'activité du volcan cette nuit des indications d'une vraie activité magmatique dans le cratère de l'Agung. Ce dimanche 26 novembre 2017, on peut constater que l'alerte est finalement passée au rouge pour les risques pour les avions et que les panaches de cendres sont montés au moins à 6.142 m.
Le reportage d'une chaîne de télévision australienne sur les éruptions de l'Agung. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». 9 News Perth
À Bali, le volcan Agung menace d'entrer en éruption Article de Laurent Sacco publié le 27 septembre 2017
Plus de 57.000 personnes ont été évacuées dans un rayon d'environ 12 km autour de l'Agung, un volcan de l'île de Bali, en Indonésie, qui donne des signes d'éruption imminente. Sa dernière phase éruptive, il y a plus de cinquante ans, avait provoqué la mort d'environ 1.500 personnes. Futura a demandé au volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff quelques explications sur la dangerosité de ce volcan.
L'île de Bali est un paradis sur Terre. Très prisée des touristes, elle fait partie des Petites îles de la Sonde, un archipel de l'Asie du Sud-Est partagé entre l'Indonésie et le Timor oriental. Elle est donc membre de la fameuse ceinture de feu du Pacifique, où se trouvent concentrés volcans et foyers de séismes, ce qui intriguait les géologues il y a plus d'un demi-siècle. Nous savons maintenant qu'il s'agit simplement de bordures de plaques tectoniques, où des phénomènes de subduction se produisent. Ces derniers donnent naissance à des arcs volcaniques insulaires quand deux plaques océaniques sont concernées, ce qui est le cas des îles de la Sonde (ces phénomènes de subduction donnent par ailleurs naissance à des arcs volcaniques continentaux quand une plaque océanique passe sous une plaque continentale, comme c'est le cas avec les volcans andins tel le Cotopaxi).
De somptueuses images de Bali. L'île est vue du sommet du volcan Agung, à l'aide d'un drone. Jiří Hruška
Des volcans fascinants mais dangereux On trouve environ 150 volcans en Indonésie. Cette région détient les records du monde en ce qui concerne la puissance des explosions volcaniques (il suffit de penser à celle du supervolcan Toba) et des séismes (on se souvient du tsunami causé en 2004). Les magmas qui alimentent ces volcans sont le produit de la fusion partielle du manteau aidée par l'eau libérée par une plaque océanique subductée. Ces magmas hydratées évoluent dans la croute et deviennent très visqueuses lorsqu'elles atteignent la surface; les bulles de vapeur ne peuvent alors s'échapper, la puissance des gaz s'accumule et génère un volcanisme explosif avec des éruptions péléennes et de type plinien. Ces volcans sont donc dangereux car ces explosions s'accompagnent de nuées ardentes et de coulées pyroclastiques ainsi que de panaches de cendres qui peuvent perturber la circulation aérienne. Mais, comme ces cendres sont très fertiles et qu'elles permettent plusieurs récoltes de riz chaque année en Indonésie, d'importantes populations vivent sur les flancs de ces bombes à retardement. Elles rechignent à les quitter, même en cas d'alerte, car elles possèdent également du bétail. Les autorités indonésiennes font donc ce qu'elles peuvent depuis des décennies pour étudier et surveiller ces volcans. C'est d'ailleurs pour cette raison que de nombreux volcanologues les ont auscultés, comme Maurice et Katia Krafft au début de leur carrière, mais aussi Haroun Tazieff.
Des images de la dernière éruption de l'Agung, en 1963. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». British Pathé
L'Agung, un stratovolcan sacré Or, justement, les volcanologues indonésiens ont donné l'alerte depuis quelque temps en ce qui concerne le volcan Agung, sur l'île de Bali. Il s'agit d'un stratovolcan de plus de 3.000 m de haut. Il est considéré comme une montagne sacrée par les hindous de Bali, mais il est fréquemment escaladé par les touristes, qui n'hésitent pas à se jeter en parapente du haut de son sommet. Sa dernière phase éruptive s'est déroulée de 1963 à 1964 : plus de 1.500 personnes ont alors été tuées du fait des nuées ardentes ou des torrents de boues typiques de l'Indonésie, les fameux lahars. Craignant une nouvelle catastrophe, les autorités indonésiennes ont fait évacuer plus de 57.000 personnes vivant dans un rayon d'environ 12 km autour de l'Agung. Comme le danger d'une éruption imminente semble sérieux, Futura s'est tourné vers le célèbre volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff, chroniqueur régulier du blog Volcanmania, mis à sa disposition par Futura, pour qu'il nous donne son avis.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le bord du cratère de l'Agung, qui est un volcan sacré pour les hindous de Bali. Tropical studio, Fotolia
Futura : Le volcan Agung surgit en ce moment sur le devant de la scène. Il faut dire qu'il se trouve à Bali, qui est fréquentée par des touristes du monde entier. Mais a-t-on raison d'être inquiet ? Jacques-Marie Bardintzeff :En ce qui concerne les populations qui vivent autour du volcan, absolument, et les autorités indonésiennes ont eu 100 % raison de les faire évacuer, même si cela pose de nombreux problèmes. Tous les voyants sont au rouge, à tel point que, vendredi dernier, j'étais prêt à parier que l'Agung entrerait en éruption dans les 48 heures tout au plus. En 1963, l'activité éruptive avait atteint un indice d'explosivité volcanique de 5 sur une échelle qui en compte 8, c'est-à-dire l'indice attribué à l'éruption du mont Saint Helens en 1980, ou à celle du Vésuve en 79. Le panache de cendres avait atteint la stratosphère, ce qui fait que les produits de l'éruption pouvaient être dispersés sur une large région. Ils ont même atteint Jakarta, à presque 1.000 km de distance. Peut-on espérer prévoir l'éruption ? Jacques-Marie Bardintzeff :Cela semble peu probable. Il est même possible qu'on en reste là pendant longtemps. Nous savons que le magma bouge sous l'Agung et qu'il s'approche de la surface en cherchant son chemin tout en fracturant les roches, ce qui génère des petits séismes que l'on peut même remarquer en surface. Mais nous ne savons pas précisément encore à quelle profondeur se trouve ce magma, et il pourrait stopper sa montée. L'éruption pourrait tout aussi bien se produire dans quelques heures, dans quelques jours ou quelques semaines, voire pas du tout.
En 1984, le volcan Rabaul, situé sur l'île de Nouvelle-Bretagne, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, était agité de crises sismiques similaires à celles que nous observons sur l'Agung aujourd'hui... et il n'a fait éruption qu'en 1994. Pendant une décennie, il a ainsi fait des poussées volcaniques inquiétantes à répétition. Si ce scénario se produit également avec l'Agung, ce sera très difficile de gérer au mieux la population. Peut-on au moins prévoir les risques associés à une nouvelle éruption ? Jacques-Marie Bardintzeff :On peut le penser. L'éruption de 1963 a été plutôt bien suivie à l'époque et on en parlait encore au moment où je faisais ma thèse au début des années 1980 car c'était une éruption de référence. On pense donc connaître les couloirs possibles que peuvent emprunter les nuées ardentes, et c'est pourquoi il a été possible de délimiter une zone de sécurité d'environ 12 km de rayon. Il ne devrait pas y avoir de problème avec les lahars non plus. Il est vrai que ceux de l'éruption du Nevado del Ruiz ont atteint la ville d'Armero, en Colombie, pourtant située à 48 km du volcan, en 1985. Mais l'eau provenait d'un lac dans le glacier couvrant le volcan, une situation qui n'est évidemment pas comparable à celle de l'Agung.
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
À Bali, les éruptions du volcan Agung produisent de dangereux lahars ! Par Laurent Sacco