Audits européens de sûreté nucléaire : Greenpeace publie son analyse et sa contre-expertise En mai 2011, suite à la catastrophe de Fukushima, la Commission
européenne a décidé de procéder à un examen de sûreté des centrales
européennes.
Plusieurs étapes ont donc eu lieu dans ce but : une
évaluation de la part des exploitants a été demandée. Puis, les
Autorités de sûreté nucléaires nationales ont examiné ces évaluations
des exploitants (voir l’analyse critique de
Greenpeace France :
Les 58 réacteurs nucléaires français aussi fragiles que ceux de Fukushima ). Enfin, une équipe internationale a passé au crible ces rapports des autorités de sûretés.
Cette “analyse par les pairs” s’est concentrée sur trois aspects : les risques naturels, la perte des systèmes de sûreté et la gestion des accidents graves.
Greenpeace publie aujourd’hui sa contre-expertise de l’évaluation
finale par les pairs qui a été été étudiée, décortiquée, analysée par
Antonia Wenisch et Oda Becker experts indépendants.
Ces experts ont donc étudié en profondeur des cas de centrales
nucléaires réparties dans toute l’Europe en France, Allemagne, Espagne,
Suède, Grande-Bretagne, Slovaquie, Slovénie, Suisse et en Belgique,
découvrant ainsi des éléments inquiétants.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Consulter
le résumé du rapport (en anglais) : Critical Review of the EU Stress
Test performed on Nuclear Power Plants; Study commissioned by
Greenpeace; Antonia Wenisch, Oda Becker; Wien, Hannover May 2012Des audits lacunaires …Malgré un processus complet, l’audit commandé par l’Union Européenne
reposait sur des bases incomplètes. La réalisation de l’audit commandité
par le gouvernement Français a été confiée aux exploitants nucléaires
eux-mêmes, (CEA, Areva et EDF) et celui-ci a été analysé par l’Autorité
de Sûreté Nucléaire.
Cet audit, réalisé intégralement au sein du consortium nucléaire
français, s’est borné à étudier les problèmes liés à des événements
naturel (séismes, inondations…). Risque terroriste, chute d’avion, virus
informatique : aucun risque d’agression externe d’origine
“non-naturelle” n’est pris en compte.
Il
est à noter cependant que l’évaluation de la sécurité des installations
nucléaires, qui complète les audits de sûreté, vient d’être transmise
au Conseil de l’UE. Il ne s’agit pas, ici, de sûreté, mais de
sécurité nucléaire : la sécurité des installations concerne les actes
malveillants tels que les actions terroristes, le vol de matière
radioactive ou l’intrusion sur les sites (physique ou informatique).
En France : zoom sur Fessenheim, Gravelines et CattenomLe rapport reprend les principales failles relevées par l’ASN et sur
lesquels les exploitants devront travailler pour chaque famille de
risques analysée : risque sismique, risque d’inondation, perte des
systèmes électriques, perte des systèmes de refroidissement et enfin la
gestion d’une crise nucléaire.
Pour chaque site analysé, les experts relèvent : Fessenheim :La résistance à un séisme des structures destinées à protéger la
centrale d’une inondation n’a pas été analysée dans les stress tests
L’ASN a demandé à EDF d’évaluer précisément le niveau d’eau qui
inonderait le site de
Fessenheim si jamais la digue qui le sépare du
canal d’Alsace venait à céder.
L’épaisseur du radier ne permet pas de confiner le corium en fusion
pendant plus de 24 heures, délai au delà duquel le corium aura
transpercé la dalle de béton
Fessenheim (comme a
Gravelines) est particulièrement sensible aux
agressions externes dans la mesure où il n’y a qu’une simple enceinte de
confinement avec un liner (paroi métallique de 6 mm d’épaisseur).
Gravelines :La centrale de
Gravelines doit effectuer un certain nombre
d’améliorations sur la prise en compte du risque sismique, les travaux
qui avaient déjà commencé sur le réacteur n°1 s’achèveront sur les 5
autres d’ici à 2017
L’ASN a demandé à EDF de mener des études additionnelles sur la tenue
des murs du canal au risque sismique notamment afin de s’assurer du
maintien du système de refroidissement assuré par ce canal
La centrale n’est pas protégée contre une éventuelle fuite de gaz
toxique sur un site voisin qui nécessiterait l’évacuation des
travailleurs de la centrale
Cattenom :A l’inverse des deux autres centrales, la centrales dispose d’un
double niveau de confinement avec deux parois en béton, ce qui la rend
plus résistante aux agressions extérieures. En revanche l’absence de
liner métallique interne la rend plus exposée aux agressions internes
comme une explosion d’hydrogène
Mais les experts de Greenpeace sont allés au delà du travail
de l’ASN, soulignant au sujet des réacteurs de 900 MW et de 1300 MW que :Le vieillissement des centrales peut jouer un rôle dans l’aggravation
du phénomène accidentel voire provoquer le phénomène accidentel, comme
par exemples les micro fissures découvertes sur la cuve du réacteur n°1
de
GravelinesL’usage de gaines de combustibles en zirconium joue un rôle non
négligeable dans le rejet d’hydrogène et le risque d’explosion en
situation de dénoyage des combustibles (les assemblages combustibles ne
sont plus submergés dans l’eau mais sont à l’air libre)
De même le recours à la sous-traitance n’a pas été traité de façon à
parvenir à le conclusion qu’il était compatible avec la sûreté et la
radioprotection
Les tests de résistance auxquels sont soumises les centrales
nucléaires européennes ne sont pas fiables. ils ne semblent constituer,
pour l’instant, qu’une tentative pour restaurer la confiance dans le
nucléaire…Face aux conclusions de l’étude commandée par Greenpeace, la
fermeture immédiate de Fessenheim s’impose. Greenpeace souhaite que
l’ASN travaille sur les nivaux de risques et de dangerosité… afin
d’identifier les autres fermetures nécessaires.Consulter
le résumé du rapport (en anglais) : Critical Review of the EU Stress
Test performed on Nuclear Power Plants; Study commissioned by
Greenpeace; Antonia Wenisch, Oda Becker; Wien, Hannover May 2012Source : Greenpeace