Intrusion d’un militant de Greenpeace à la centrale nucléaire du BugeyA quelques heures du débat de l'entre-deux-tours, Greenpeace met la pression sur les deux finalistes de l'élection
présidentielle...Hostile à l’énergie atomique depuis sa création, mais peut-être plus encore depuis l’accident de Fukushima (Japon) en mars 2011, l’ONG a de nouveau frappé un grand coup ce matin par le biais d’un de ses militants.Un militant qui n’a de toute évidence pas froid aux yeux. Certes
rapidement repéré et interpellé, puis placé en garde à vue pour
« infraction au survol d’une centrale nucléaire et pénétration dans le périmètre de sécurité », il a employé la manière forte pour signifier son hostilité à l’atome et mettre au jour, une nouvelle fois, les limites sécuritaires du parc atomique français.
« Arrivé avec un parapente à moteur (!) vers 7h40 du matin, il a survolé la centrale du Bugey (Ain), a lancé un fumigène puis a atterri à l’intérieur (du site)», a ainsi rapporté la gendarmerie départementale, citée par nos confrères de l’
AFP. Spectaculaire et faisant suite à d’autres intrusions très médiatisées fin novembre et début décembre dans les centrales de Cruas (Drôme), Nogent-sur-Seine (Aube), du Blayais (Gironde) et de Paluel (Seine-Maritime), son action a été revendiquée par l’association, qui sur son site Internet a réaffirmé sa volonté d’
« illustrer la vulnérabilité des installations nucléaires à la menace aérienne ». Mission accomplie et nouveau coup dur pour le gouvernement, à quelques heures seulement du débat de l’entre-deux-tours.
Le jour de l’opération n’a bien sûr pas été choisi au hasard, l’objectif de l’ONGétant d’alerter les deux finalistes de l’élection présidentielle
« afin qu’ils s’engagent à lancer une analyse approfondie des risques d’agressions extérieures d’origine humaine sur les centrales nucléaires, dont la chute d’avion fait partie ». Il serait cependant étonnant que
François Hollande utilise ce coup d’éclat contre
Nicolas Sarkozy, le candidat socialiste s’étant « seulement »
engagé à fermer la centrale
de Fessenheim (Haut-Rhin), doyenne du parc nucléaire
français, à l’issue de son quinquennat. Le chef de l’État, lui, n’a on le sait eu de cesse de proclamer son attachement à l’atome et a souligné à de nombreuses reprises, avant et pendant la campagne, la sûreté du parc français, qui serait selon lui et les pro-
nucléaire dans leur ensemble citée en référence à l’échelle mondiale. Il est de fait opposé à une sortie même progressive de l’énergie atomique et à la mise hors service d’une centrale, sauf si l’Autorité de sûreté
nucléaire (ASN) devait juger cette option préférable au terme de ses investigations.
« Greenpeace n’a rien démontré »Un renforcement de la sécurité dans et autour des sites nucléaires français n’en serait pas moins préférable au vu des démonstrations de force réalisées par
Greenpeaceces
derniers mois. L’association avait de surcroît une botte secrète, la vidéo d’un survol de la très controversée usine de retraitement de La Hague (Manche) en novembre dernier par un engin équipé d’une caméra, quia été mise en ligne tout à l’heure sur son site web.
« C’est une autre preuve que rien n’a été fait pour prendre
sérieusement en compte la menace d’une attaque aérienne sur les installations nucléaires françaises », a estimé
Greenpeace, qui a également mis en avant une étude britannique insistant sur
« (leur vulnérabilité) aux chutes d’avion » et est bien placée pour savoir que ladite menace n’est pas pris en considération dans le cadre des
stress tests européens (tout comme les défaillances humaines).
« La chute d’un avion de ligne sur une centrale nucléaire, jugée peu probable par les autorités de contrôle, n’a jamais été prise en compte ni dans la conception, ni durant l’exploitation de nos installations », a ajouté l’association, dont l’opération coup-de-poing a toutefois été minimisée par le directeur de la centrale du Bugey, Alain Litaudon, selon lequel
« Greenpeace n’a rien démontré » en termes de failles dans le dispositif de protection.
Au contraire, celui-ci aurait ce matin démontré toute son efficacité,
« l’interpellation (ayant) eu lieu huit minutes » après la détection, a-t-il souligné. Même son de cloche du côté du sous-préfet de l’Ain Emmanuel Dupuis, pour qui cet épisode, qui a mobilisé une quarantaine de militaires,
« a montré une excellente réactivité des services et une parfaite coordination entre l’exploitant EDF et les forces de gendarmerie ».Vers midi, le « poète-escaladeur » Hervé Couasnon s’est pour sa part introduit dans l’enceinte de la centrale de Civeaux (Vienne). Déjouant la surveillance des vigiles d’entrée à la faveur de la présence d’un camion de livraison, dixit la gendarmerie départementale, il a pénétré dans l’enceinte du site par un portail régulant l’accès des voitures et a ensuite prévenu l’AFP de son « forfait » par téléphone. Caché dans un taillis, il a finalement été appréhendé peu après quatorze heures. La gendarmerie a là aussi dépêché d’importants moyens puisque vingt-cinq membres du peloton spécial de protection de gendarmerie (PSPG) et neuf patrouilles du groupement départemental de gendarmerie, appuyées selon l’Agence par deux équipes cynophiles, ont été sollicités.M. Couasnon, qui s’était lancé dans la course à l’Élysée en avril
dernier avant de jeter l’éponge en février, a-t-il agi pour le compte de
Greenpeace? On peut quoi qu’il en soit penser que l’association ne reniera pas son initiative.
Les réactions d’
EDF et de la direction de la centrale de Civeaux, elles, se font toujours attendre à l’heure où nous écrivons ces lignes.
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