Curiosity : la planète Mars a bien pu abriter de la vie par le passé[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Mars : comparaison des roches et des environnements aqueux observés
par les rovers Opportunity (à gauche) et Curiosity (à droite)
Mardi, la NASA a annoncé que les derniers résultats fournis par le
rover Curiosity confirme que la planète Mars a pu abriter de la vie par
le passé. Les scientifiques ont identifié plusieurs ingrédients
chimiques nécessaires à la vie. Un peu plus de huit mois après l'arrivée de
Curiosity sur
Mars, le rover aurait-il déjà rempli une partie de sa mission ? L'objectif de celle-ci est de déterminer notamment si la planète rouge a un jour pu abriter de la vie. Et il semblerait que
Curiosity ait répondu à la question ! C'est du moins ce qu'a affirmé mardi la
NASA au cours d'une conférence de presse, un peu plus d'une semaine après la panne que le rover a connue.
"Une question fondamentale de cette mission est de savoir si Mars a pu abriter un environnement habitable", a expliqué
Michael Meyer, principal scientifique du
Mars Exploration Program de la NASA.
"De ce que nous savons aujourd'hui, la réponse est oui", a t-il ajouté. Comme l'a précisé le chercheur, cette affirmation découle des résultats de l'analyse de roche réalisée par
Curiosity et ses deux instruments appelés
Sample Analysis at Mars (SAM) et
Chemistry and Mineralogy (CheMin). Cette analyse a été plus précisément effectuée sur un échantillon de poudre
prélevé à l'intérieur même d'une roche après un forage.
Les ingrédients clés pour abriter de la vie
Baptisée
"John Klein" et dénichée à
Yellowknife Bay, la roche en question est composée de mudstone contenant des minéraux argileux, des minéraux de
type sulfate et d'autres éléments chimiques. C'est justement là que les
découvertes des équipes de la NASA deviennent intéressantes puisque
l'analyse a aussi révélé la présence de soufre, d'azote, d'hydrogène, d'oxygène, de phosphore et de carbone. Autant d'éléments qui sont considérés comme des ingrédients clés pour l'existence de vie.
"Les minéraux argileux représentent au moins 20% de la composition de l'échantillon", a indiqué
David Blake, principal scientifique responsable de
l'instrument
CheMin au Ames Research Center de la NASA. Or, ces éléments
sont les produits de réaction entre de l'eau relativement douce et des
minéraux ignés tels que de l'olivine, également présente dans le sédiment.
D'après les chercheurs, la réaction pourrait avoir eu lieu dans le dépôt sédimentaire, durant un transport du sédiment ou directement dans sa région source. La présence de sulfate de calcium ajoutée à celle de l'argile suggère ainsi que le sol était plutôt neutre ou moyennement alcalin.
Aussi, l'ancien environnement humide de
Mars n'était probablement pas, contrairement à d'autres régions de la planète, très oxydant, acide ou extrêmement salé.
"On aurait pu boire cette eau", a lancé
John Grotzinger, du
California Institute of Technology et responsable du projet
Curiosity.
"Nous
avons caractérisé une très ancienne, mais étrangement nouvelle "argile
martienne" où les conditions ont été un jour favorables à la vie", a t-il ajouté cité par la
NASA. Des sources d'énergie pour des micro-organismes ?
"La gamme d'ingrédients chimiques que nous avons identifié dans
l'échantillon est impressionnante, et cela suggère des associations telles que des sulfates et des sulfures qui indiquent une source possible d'énergie chimique pour des micro-organismes", a commenté
Paul Mahaffy, principal investigateur de l'instrument SAM au Goddard Space Flight Center.
Toutefois, les chercheurs ont tenu à souligner : si cette conclusion semble certaine, trouver que la vie est possible ne veut pas dire qu'elle existe ou a existé. Pour l'heure, le rover n'a ainsi trouvé aucune trace de vie ou de micro-organismes quelconques. Mais la
NASA est optimiste au vu des découvertes successives révélées par
Curiosity.
"Curiosity est lancé dans une mission de découvertes et d'exploration, et en tant qu'équipe, nous pensons qu'il y aura bien d'autres découvertes excitantes au cours des mois et années à venir", a assuré
John Grotzinger cité dans un communiqué de la
NASA.
Aussi, les scientifiques comptent bien poursuivre sur leur lancée en laissant
Curiosity continuer d'explorer
la zone de Yellowknife Bay pendant encore plusieurs semaines. Puis le rover entamera une longue route pour se
rapprocher du monticule central du
cratère Gale,
le Mont Sharp, l'un de
ses principaux objectifs. Une fois arrivé là,
Curiosity étudiera les
surfaces exposées où des minéraux argileux et d'autres de type sulfate
ont été repérés depuis l'orbite. Ceci apportera peut-être de nouvelles
informations sur la durabilité et la diversité des conditions habitables
de la planète rouge.
Une chose est sûre, la mission du rover qui devrait durer au moins deux ans, ne fait donc que commencer.
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