Et si vous pilotiez un drone comme si vous y étiez ? Par Erwan Lecomte
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le.cricket Admin
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Sujet: Et si vous pilotiez un drone comme si vous y étiez ? Par Erwan Lecomte Lun 11 Nov - 21:07
Et si vous pilotiez un drone comme si vous y étiez ?
Le pilotage d'un drone volant équipé de caméras est loisir récent qui commence à se démocratiser. Sciences et Avenir a interrogé Alexandre Salem, auteur du blog FPV Passion.
Dans son dernier numéro actuellement en kiosque, Sciences et Avenir vous a concocté un dossier spécial high-Tech qui brosse un panorama des appareils électroniques les plus en vogue du moment. S'y trouve une page consacrée à un nouveau loisir aussi spectaculaire que passionnant, le FPV (ou First Person View).
Démonstrations d'images enregistrées par le drone d'une équipe de passionnés : la Team Blacksheep
Un loisir qui allie le plaisir du pilotage d'un drone volant radio-commandé et les sensations du jeu vidéo. En effet, le drone est pourvu d'une caméra dont les images sont diffusées au pilote sur un écran, lui donnant ainsi l'impression d'être assis dans le cockpit de l'engin. Pour écrire cette page, nous avons interrogé Alexandre Salem, l'administrateur de l'excellent blog FPV Passion consacré à ce nouveau loisir.
- Sciences et Avenir : Depuis quand existe le FPV ? - Alexandre Salem : Le FPV existe depuis une quinzaine d'année. Mais il n'avait pas encore ce nom. La légende raconte que l'idée de faire du FPV est née en 1997 grâce au film "Home Alone 3" dans lequel on voyait un enfant piloter sa voiture FM en vue subjective... par le truchement d'un gros caméscope scotché dessus.
Le FPV tel qu'on l'imaginait à la fin des années 1990.
Il est peu probable que cette séquence ait à elle seule donné naissance au FPV. Mais elle a sans doute titillé l'imagination de plus d'un bricoleur. Mais c'est sous la forme de drones volants plutôt que roulants que le FPV prendra son essor. Vers le début des années 2000 des bricoleurs ont commencé à bidouiller, aux Etats-Unis, des avions avec des caméras embarquées. Mais la limite technologique était là. Les émetteurs vidéo n'étaient pas aussi petits qu'aujourd'hui. Et, du fait de leur faible puissance (10 mW), leur portée n'excédait la longueur d'un terrain de foot. C'est donc sous une forme très primitive (des avions en balsa, très lourds, et équipés de moteurs à essence) que le FPV a vu le jour de manière très confidentielle. Puis, vers 2005, un équipement électronique est venu bouleverser la donne. Le SkySpy TL-100.
- S&A : À vos souhaits ! - AS : Cet appareil électronique est ce qu'on appelle un OSD (pour On Screen Display). Il est capable d'enregistrer en temps réel de nombreux paramètres indispensables pour le vol (altitude, vitesse, tension des batteries...) et de transmettre ces informations au pilote à distance sur un dispositif d'affichage. Relativement bon marché, il ouvre aux pilotes de nouveaux horizons.
Mais ce n'est que vers la fin 2007 que le FPV émerge vraiment en Europe grâce à la miniaturisation toujours plus spectaculaire des composants électroniques, mais aussi grâce à Internet et aux plateformes d'hébergement vidéo (Youtube, Dailymotion). En effet, en postant régulièrement les vidéos de leurs exploits, les amateurs de FPV vont petit à petit populariser leur passion. C'est le cas par exemple de la Team BlackSheep qui aujourd'hui est l'une des équipes plus connues, notamment pour ses tournées mondiales.
- S&A : Le FPV devient alors un loisir grand public en France ? - AS : Pas encore. Il faut attendre 2010 pour que le grand public découvre le premier drone FPV distribué massivement. Il s'agit de l'AR Drone, mis au point par le constructeur français Parrot.
Ce quadricoptère véritablement grand public a été simplifié à l'extrême. Il est stabilisé automatiquement avec l'aide d'une armada de capteurs high-tech et se pilote avec un simple smartphone ou d'une tablette. Mais il a beau être facile à prendre en main, il n'est pas prévu pour évoluer en intérieur, avec son encombrante envergure de 50 centimètres et son contrôle parfois imprécis. La dernière nouveauté volante a été imaginée par Hubsan, un constructeur chinois spécialiste du radiomodélisme. Il s'agit d'un mini-quadricoptère étonnant appelé le X4 FPV H107D.
Démonstration en vol du Hubsan X4 FPV
Mais le FPV ne se pratique pas qu'avec des quadricoptères. Les avions miniatures sont également très prisés.
- S&A : Comment se poursuit aujourd'hui l'évolution de ces machines volantes ? - AS : L'évolution est continue. D'une caméra fixe, on est passé au "headtracker", c'est à dire qu'au lieu de regarder les images enregistrées par le drone sur un écran, le pilote les reçoit... à l'intérieur de lunettes vidéo :
A l'intérieur, des écrans LCD affichent les images, tandis que sur la monture, des accéléromètres détectent les mouvements de la tête du pilote. Ces informations de position de la tête sont transmises en temps réel à des servomoteurs qui vont orienter en conséquence la caméra sur le drone. Ce qui renforce de manière spectaculaire l'illusion d'être dans le cockpit de la machine volante. Et certaines d'entre elles proposent même des vidéos en haute définition et même en stéréoscopie, ce qui permet au pilote de voir en 3D !
Test des lunettes Oculus Rift.
Mais ce n'est pas tout. Les caméras embarquées sont toujours plus performantes. Les avions sont devenu plus légers, robustes et offrent plus de place pour stocker du matériel. Les pilotages automatiques sont de plus en plus perfectionnés (correction d'assiette automatique dans les rafales de vent, restrictions géographiques d'une aire de vol, maintient dans une fourchette d'altitude...) Certains sont mêmes dotés d'une puce GPS qui leur permet d'enregistrer leur position au moment du décollage afin d'y revenir si d'aventure la liaison est rompue avec la télécommande du pilote :
Une présentation humoristique des capacités du drone DJI Phantom
L'autonomie qui va de 8 à une vingtaine de minutes seulement reste toutefois encore le maillon faible des drones grands publics.
- S&A : Combien de personnes pratiquent le FPV en France ? - AS : La pratique du FPV, bien que pas encore très connue du grand public, ne cesse de s'étendre. D'ailleurs, la première rencontre "officielle"FPV FRANCE 2013 a été organisée à l’aeroclub de Gravanchon les 4 et 5 mai derniers. Elle a regroupé des passionnés de la région. Selon-moi aujourd'hui nous pouvons distinguer 2 types de pratiquants : les FPV "pro" et "loisir". Il existe des gens expérimentés qui sont plus investis dans le monde du FPV en équipant leurs avions de matériel plus avancé. En prenant mon cas en Alsace, je ne connais qu'une dizaine de personnes qui pratiquent le FPV à haut niveau. Il existe un autre groupe près d'Annecy, et d'autres petites poches un peu partout en France. Les débutants sont souvent des personnes qui voleront avec des engins vendus en prêt-à-voler sur les boutiques du web, du type quadricoptères miniatures comme le Hubsan X4 FPV H107D ou le DJI Phantom.
- S&A : Y a-t-il une fédération qui fixe les règles d'utilisation de ces appareils ? - AS : Il n'existe pas de fédération dédiée au FPV aujourd'hui. La Fédération Française d'Aéromodélisme ne semble pas prendre le tournant. En revanche il existe quelques textes de loi qui régissent l'utilisation du FPV en France. Ces derniers posent certaines limites comme l'interdiction de dépasser une certaine altitude afin de ne pas rentrer dans le trafic aérien, le type de fréquence autorisé, ou bien l'obligation de voler en double commande.
Mais ceux-ci sont souvent méconnus du grand public. Et certains pilotes, même chevronnés, n'hésitent pas à réaliser des vidéos un peu trop risquées en milieu urbain. En témoigne celle-ci (réalisée par un membre de la Team blackSheep) qui a donné lieu au premier procès pour utilisation d'un drone sans autorisation de vol en milieu urbain :
La vidéo incriminée tournée en 2011 au dessus de l'Université de Virginie aux États-Unis.
Si le vol ci-dessus s'est plutôt bien terminé, cela n'a pas été le cas pour le vol ci-dessous, où un pilote débutant a eu la "bonne" idée de tester ses compétences de pilotage au dessus de Manhattan en octobre 2013. Après avoir heurté la façade d'un immeuble, l'appareil s'est écrasé dans la rue, heureusement sans faire de victime.
Vidéo récupérée sur la caméra d'un drone DJI Phantom après son accident en plein Manhattan.
On ne peut que souhaiter que ce type d'incidents déplorables reste marginal à l'heure où la législation n'est pas encore très claire en ce qui concerne l'utilisation de ces machines qui permettent d'allier le plaisir du pilotage à la possibilité de capturer des images sous des angles inédits.
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Et si vous pilotiez un drone comme si vous y étiez ? Par Erwan Lecomte