NOAA : de nouvelles espèces de phoques en périlPar Delphine Bossy, Futura-Sciences
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Un bébé phoque de Wedell, espèce spécifique à l'Antarctique. Les phoques du pôle Sud devraient être moins rapidement victimes du réchauffement climatique que leurs homologues en Arctique. En Antarctique, la glace de mer fond moins rapidement qu'en Arctique.Voilà une bien triste nouvelle pour les phoques en ce début d’année 2013. Deux espèces qui peuplent le cercle Arctique sont à présent listées par la NOAA comme espèces menacées.
Si les phoques barbus et les phoques annelés
sont en péril, c’est principalement parce qu’ils sont sensibles aux changements de la couverture de glace de l’Arctique. L’Homme est-il une fois de plus mis en cause ?Les
phoques barbus et annelés sont des animaux
massifs qui ont élu domicile dans
le cercle Arctique. Plus précisément,
les phoques barbus se divisent en deux espèces :
Erignathus barbatus barbatus, que l’on retrouve plutôt dans
l’Atlantique nord et
l’Arctique canadien, et
Erignathus barbatus nauticus, qui cohabite avec
le phoque annelé dans le
détroit de Béring. Si ces deux espèces figurent sur la liste des préoccupations mineures de l
’UICN, la
NOAA a pourtant classé quelques
sous-espèces sur la
liste des espèces en péril.Le 21 décembre 2012, le service de
pêche de la
NOAA a en effet dévoilé sa décision finale pour la liste de l
'Endangered Species Act, la loi fédérale américaine qui vise à protéger les espèces en voie de disparition. Quatre sous-espèces du p
hoque annelé et deux populations de
phoques barbus sont concernées. La
NOAA a ainsi listé comme
espèces menacées les segments de populations de phoques barbus de Béringie et d'Okhotsk et les sous-espèces de phoques annelés de l'Arctique, d'Okhotsk et de la région balte. En outre, la sous-espèce de phoques annelés Pusa hispida ladogensis est répertoriée comme espèce en voie de disparition. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les bébés phoques annelés vivent dans de petites grottes
dans le cercle Arctique. Un phoque annelé peut vivre jusqu'à 25 ans, mais le changement climatique qui modifie l'étendue de la couverture de glace menace fortement ces populations animales.Pourquoi ces phoques en particulier sont-ils menacés ? La réponse n’est malheureusement que trop évidente. La survie des
phoques annelés et
barbus dépend de la couverture de glace et de neige. Or, même d’après les modèles les plus optimistes du Giec, la
couverture de glace de l’Arctique est vouée à décliner dans un avenir proche. La NOAA clame qu’un tel déclin conduira à la disparition totale des espèces.Le climat mis en cause dans la disparition des phoquesL’habitat de ces phoques est
le cercle Arctique. Les
femelles gardent leurs petits dans des cavités de glace qui les
protègent des menaces extérieures. Ces animaux ont besoin de la glace de mer pendant de longues périodes durant la
mue. Enfin, ils vivent sur la glace de mer durant les périodes de reproduction, de mise bas et d'
allaitement.Mais la glace de mer devrait diminuer à la fois en extension géographique et en durée, ce qui est en inadéquation totale
avec le mode de vie des animaux. Les cavités ne se formeront
probablement plus, elles seront affaiblies par la formation tardive de glace à la fin de l'automne.
Et d’une manière générale, la mer de glace est en danger à cause d’événements de précipitations liquides sur la neige à la fin de l'hiver plus fréquents ou de la
dislocation précoce de la glace au printemps. Enfin, les épaisseurs de neige baissent et pourraient bien ne plus être assez profondes pour la formation des grottes.
L’inscription des
phoques annelés et barbus sur la liste des espèces menacées ne changera évidement pas les activités
humaines. Toutefois, si une agence fédérale monte un projet qui pourrait affecter ces espèces, elle doit se référer au service de pêche de la
NOAA qui s’assurera que le projet ne nuise pas aux animaux. L
’Endangered Species Act a néanmoins de sérieuses limites. La
pêche des phoques par les autochtones d'
Alaska ne sera pas réduite, car il s’agit d’une pratique qui est au cœur de la culture traditionnelle et de la nutrition chez de nombreuses communautés côtières.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Préparation d'un phoque annelé en Alaska. La pêche des phoques est traditionnelle chez beaucoup de communautés côtières du cercle Arctique.
C'est une pêche néanmoins raisonnée, il ne s'agit que de subvenir aux besoins des membres des communautés.L’économie au centre du rapport de la NOAALes scientifiques se sont basés sur les données scientifiques et les données du trafic fluvial commercial. Les membres de la
NOAA travaillent conjointement avec les populations et les
autorités locales pour déterminer s’il existe des zones critiques pour les populations.
C’est un travail difficile car il faut compiler toutes les données scientifiques et économiques. En effet, la détermination d’un habitat en danger doit prendre en compte de nombreux paramètres, en incluant l'impact économique. Le président de l
’Ecological Society of America (Esa) a formellement insisté sur le fait que les considérations économiques doivent prendre en compte l’impact sur l'emploi, éviter des charges inutiles et des coûts pour les États, les tribus et localités.
C’est beaucoup de contraintes. Si bien que la
NOAA a publié son rapport avec un an de retard ! La loi sur les
espèces en péril,
l'Endangered Species Act, permet aux espèces inscrites comme espèces menacées de recevoir une entière protection qui vise à empêcher son extinction. Blesser, tuer, piéger, ou capturer est strictement interdit. Strictement ? Pas si sûr, s’il est impossible de déroger aux coutumes locales et de modifier l'impact
économique.
Source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]