2013, l’année de l’hydrolienne[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les historiens de l’énergie retiendront vraisemblablement l’année
2013 comme point de départ de l’exploitation des courants sous-marins et des marées pour la production d’électricité, grâce à la famille des hydroliennes. C’est le sentiment affiché le 9 avril à Brest lors du deuxième congrès international sur les énergies marines.
L’exploitation des courants par les hydroliennes est désormais mature
EPSILONESQUE. Selon le
cabinet Ernst & Young, les énergies marines (hors éolien offshore) ont représenté une
epsilonesque production mondiale de 530 MW dont 517 MW par deux usines marémotrices,
la Rance en
France (240 MW) et
Sihwa en
Corée du Sud (254 MW). Le reste ? Des expérimentations de matériel a
u Canada, au Royaume Uni, en France, au Danemark, en Chine. Mais les espoirs sont immenses. Selon l’organisation
Ocean Energy Systems, le potentiel mondial est estimé à plus de 334 000 MW en 2050 soit entre 15 et 20 % de la demande mondiale d’électricité !
« Aujourd’hui, les technologies d’exploitation des vagues sont encore au stade expérimental, assure Marc Le Boulluec, en charge du dossier à l’Ifremer. En revanche, l’exploitation des courants par les hydroliennes est mature ». L’exploitation des courants marins quitte donc les laboratoires pour entrer aujourd’hui dans son histoire industrielle.
Un trio de technologies, bientôt testées au large de la Bretagne et du CotentinTrois technologies différentes d’
hydroliennes vont être testées sur
les seuls courants français de
Fromveur et de
Paimpol-Bréhat en
Bretagne et du
Raz Blanchard à
la pointe du Cotentin dans les prochains mois.
"SABELLA". Sur le
Fromveur entre
Ouessant et
Finistère,
l’hydrolienne Sabella (aussi appelé D10 en raison de son hélice de 10 mètres de diamètre) développée par une PME de
Quimper fait le pari de la robustesse. Le rotor activé à faible vitesse (10 tours/minute) entraîne une génératrice à entraînement direct, sans engrenages couplée à un convertisseur, pour livrer à terre une
électricité prête à l’emploi. Le pari est qu’une unité compacte, étanche et robuste puisse produire des années sans besoin de maintenance.
Difficile en effet d’aller réparer une turbine par 50 mètres de fond dans des courants puissants.
« Une Sabella pilote sera mise à l’eau à la fin de l’été 2013, promet Jean-François Daviau, fondateur de l’entreprise. La première ferme de cinq unités fournira 70 % des besoins de l’île d’Ouessant en 2015 avant le déploiement espéré de plus de 200 hydroliennes au-delà de 2020 ». Sabella joue la carte de l’indépendance vis-à-vis des grands
énergéticiens et cherche actuellement à boucler son tour de table.
TUYÈRES. À
Paimpol-Bréhat EDF et
Open Hydro, une start-up irlandaise récemment acquise par le constructeur naval DCNS testent une technologie différente depuis 2011. Ces hydroliennes se présentent comme des tuyères de réacteurs, le centre du rotor est vide, le générateur se trouvant dans la coque entourant les pales.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'hydrolienne du constructeur naval DCNS.
La première production industrielle est annoncée pour 2014. Une
première machine non raccordée au réseau a permis de valider les
techniques de pose et de remontée d’engins qui pèsent 700 tonnes.
PIED. Plus lointaine, l’exploitation du
Raz Blanchard dans le
Cotentin est convoitée par
GDF-Suez. C’est le
constructeur danois
Voith qui a été choisi. Cette fois-ci la turbine se
présente comme un gigantesque moteur à hélice avec un diamètre de rotor de 13 à 16 m posé sur un pieu. La technologie est plus fragile mais a un rendement plus élevé. La turbine de 1MW étant posée sur un pied à quelques mètres au-dessus du sol marin, il est plus facile de la sortir de l’eau pour maintenance.
Voith a deux pilotes en test en
Corée du Sud et en
Écosse. Là aussi, une exploitation commerciale est annoncée pour la deuxième partie de la décennie.
AILE COULISSANTE. Pour être complet, il ne faut
oublier ni
Siemens, ni
Alstom.
Siemens qui s’est porté acquéreur de l’irlandais
Marine Current Turbines (MCT) teste
SeaGen depuis trois ans en
Irlande du Nord. L’idée, cette fois, est d’installer deux rotors de 20 mètres de diamètres sur une sorte d’aile coulissant le long d’une tour cylindrique émergeant au-dessus de l’eau. Avantage de la technique : sa facilité à remonter les rotors à la surface pour les réparer. Deux premières fermes de 10 MW sont en cours de construction à
Anglesey Skerries (
Pays de Galles) et
Kyle Rhea (
Ecosse).
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]SeaGen, l'hydrolienne de Siemens.
Quant à
Alstom, il s’est rapproché du canadien
Clean Current,
fabricant d’hydroliennes pour rivières qui investit les courants marins. Le concept développé par la PME et le fabricant français est testé dans
la baie de Fundy en
Nouvelle-Ecosse.
Siemens et
Alstom lorgnent eux aussi sur les sites français.
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