Imprimée en 3D et réalisées sur-mesure, ces prothèses crâniennes possèdent une technologie très particulière qui permet à l'os de s'y agripper en repoussant.
CRÂNE. On connaissait la ville de Limoges pour sa célèbre porcelaine. Aujourd’hui, c’est sa céramique qui fait parler d’elle. En collaboration avec 3D Ceram, une entreprise dédiée à la mise en forme d’objet céramique à l’architecture complexe, le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Limoges a mis au point une prothèse crânienne qui pourrait révolutionner la vie de la centaine de patients concernés chaque année par ce type d'opérations.
Cette prothèse permet de soigner des patients ayant perdu plus de 15% de la surface du crâne.
"On peut vivre avec une partie du crâne en moins, comme on peut vivre avec certaines malformations graves du crâne, explique le Dr Joël Brie qui a développé cette prothèse. Mais en dehors du fait que c'est inesthétique, il y a des risques de santé. Ces patients sont souvent victimes des symptômes d'un grand traumatisé : maux de tête, vertiges, irritabilité, trouble de la concentration, épilepsie", poursuit le chirurgien.
Avec cette prothèse, on est passé de la préhistoire à la chirurgie réparatrice 2.0", résume-t-il.
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3D Ceram peut concevoir "une modélisation numérique en trois dimensions de la partie manquante du crâne". En 48 heures maximum l'objet est ensuite modelé au laser, avant cuisson, explique Christophe Chaput, cofondateur de 3D Ceram. "La machine crée l'objet par tranches de 25 microns, soit un quart de cheveu d'épaisseur, avec une telle précision que la découpe est pour ainsi dire sur mesure", ajoute-t-il.
Sa porosité permet à l'os qui repousse de s'agripper à la prothèse
En matière de prothèse, l'obsession des médecin est de trouver le matériau le moins inflammatoire, donc le plus biocompatible, dans lequel l'os peut pousser et se fixer durablement. Pour cela, 3D Céram a ajouté à sa prothèse des centaines de micro-trous en périphérie, formant une véritable dentelle impossible à reproduire sans cette technologie. C'est cette porosité de près de 60% qui fait la véritable valeur ajoutée de la prothèse. "L'os est capable de s'agripper dans un matériau comme la céramique et, lorsqu'il est lésé, il ne repoussera pas sur plus d'un centimètre, mais on sait aussi qu'un pont osseux d'un centimètre est suffisant pour garantir la solidité de l'implant", explique le Dr Joël Brie.
Grâce à cette porosité, au bout de six mois, l'os a recolonisé environ 25% des zones poreuses et la prothèse fait partie intégrante du patient", se félicite le Dr Brie.
Ainsi, depuis 2005, 17 patients ont été implantés pour un total de zéro infection. Le CHU de Lille ou encore celui de Toulouse se sont montrés intéressés par cette technologie. Dans ce dernier établissement, le Pr Franck Boutault, chef du service de chirurgie maxillo-faciale, estime que le matériau utilisé à Limoges a la meilleure interface avec les tissus vivants.
Ce chirurgien, qui utilise des prothèses en Peek (PolyEtherEtherKetone, polymère biocompatible) également issues de la technologie de l'impression 3D, s'interroge néanmoins sur la "solidité de la prothèse". Raison pour laquelle il souhaiterait pouvoir expérimenter la méthode et "faire une étude comparative ambitieuse".
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_________________ [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] le.cricket vous salue bien !
VIDEO : Une prothèse crânienne en céramique… de Limoges !